Peste porcine en Roumanie

Peste porcine : la Roumanie critique l'attitude d'un groupe américain

Mircea Cotosman a des manières de cow-boy. Il dirige la filiale roumaine de la compagnie américaine d'élevage de porcs Smithfield, installée à Timisoara. Premier producteur de viande de porc dans le monde, Smithfield s'est implantée en Roumanie, en 2004, achetant, pour 200 millions de dollars (147 millions d'euros), trente-trois exploitations datant de l'époque communiste. Le géant du porc avait l'intention d'investir un milliard de dollars (737 millions d'euros) dans ses fermes, qui lui rapportent déjà des bénéfices alléchants. La Chrysler C300 dernier cri que Mircea Cotosman s'est offerte en témoigne.
Mais le rêve américain a pris un sérieux coup à Timisoara depuis que la peste porcine fait des ravages dans les fermes de Smithfield. "Nous n'avons rien à déclarer à la presse, la peste porcine est sous contrôle, les journalistes n'ont qu'à publier nos communiqués", a fait savoir Mircea Cotosman, qui refuse tout contact avec les journalistes après avoir reçu les consignes du siège de la compagnie, situé à Smithfield, en Virginie.
Quant à obtenir l'accès aux fermes de la compagnie, il n'en est pas question. Des vigiles accompagnés de bouledogues ôtent toute envie d'insister. "Tout le monde dégage, tranche un d'entre eux, devant une des fermes, dans le village de Cenei, à l'ouest de la Roumanie. C'est une propriété privée, ici !"
"Nos médecins n'ont pas eu accès aux fermes américaines pour effectuer les contrôles de routine, regrette Csaba Daroczi, directeur adjoint de l'Autorité sanitaire et vétérinaire de Timisoara. Chaque fois qu'ils ont essayé, ils ont été repoussés par les vigiles. Smithfield nous a proposé de signer une convention qui obligeait notre institution à l'avertir trois jours avant chaque contrôle. Ces gens n'ont jamais su communiquer avec les autorités publiques."
L'épidémie de peste porcine, découverte le 3 août, a révélé un état des lieux embarrassant pour la société américaine. Sur ses 33 fermes, 11 n'avaient pas d'autorisation des autorités sanitaires et vétérinaires et devront fermer leurs portes. Par ailleurs, Smithfield manque de main-d'oeuvre à cause de sa politique de bas salaires. Quatre des neufs employés roumains de la ferme de Cenei sont partis, leur salaire de 500 lei (160 euros) ne suffisant pas à assurer leur vie qutodienne.

"CELLULE DE CRISE"

Les habitants de Cenei sont choqués par les méthodes de la société américaine. A la mi-juillet, des centaines de cadavres de porcs, tués par la canicule, ont été abandonnés dans la nature pendant une dizaine de jours. "On ne pouvait plus respirer, raconte Gheorghe Olarov, conseiller à la mairie de Cenei. J'habite à un kilomètre de la ferme, et la nuit, je devais fermer les fenêtres pour dormir. Les Américains ont fait de notre village un foyer d'infection."
Le scandale a poussé Smithfield à détruire les cadavres de porcs en putréfaction. Ce n'était qu'un préambule à l'apparition du virus dans la ferme de Cenei, dont les 20 000 porcs devraient être abattus. Le 7 août, un deuxième foyer a été découvert dans celle d'Igris, située à proximité de la frontière roumano-hongroise. Environ 16 000 porcs vont y subir le même sort qu'à Cenei.
Les paysans de Cenei, qui comptent sur l'élevage de porcs pour arrondir leurs fins de mois, sont touchés par cette crise. "Personne ne veut plus de nos porcs, s'insurge Lina Stoisin. Nous travaillons du matin au soir pour les élever, et nous ne savons plus quoi en faire. Je croyais que les Américains étaient très avancés et leurs technologies sans faille, mais ils n'ont pas été capables d'éviter la peste porcine."
"Nous avons mis en place une cellule de crise pour faire face au problème, a déclaré le sous-préfet de Timisoara, Zoltan Marrosy. Les fermes de Smithfield sont en quarantaine. La police et la gendarmerie assurent la sécurité de cette zone, afin d'empêcher le transport des bêtes et de stopper la transmission du virus. Smithfield a eu un comportement agressif : nous leur avons demandé d'arrêter la reproduction des porcs et les transferts d'une ferme à l'autre, mais ils n'ont pas tenu compte de nos consignes." L'amende de 130 000 euros à laquelle a été condamnée la société américaine n'y a rien fait.
La guerre entre les autorités locales et la compagnie américaine risque de coûter cher à la Roumanie. Devenu membre de l'Union européenne (UE) le 1er janvier, le pays s'était engagé à respecter les normes sanitaires et vétérinaires européennes. Fin 2006, Bucarest avait entrepris une campagne de vaccination contre la peste porcine, pour un coût de 45 millions d'euros, qui devait concerner quatre millions de porcs.
Les 716 foyers de cette maladie, recensés en 2006, avaient été neutralisés, fin juin, et les autorités roumaines espéraient que les exportations de viande de porc sur les marchés de l'UE pourraient reprendre. Un espoir que les dérapages de la compagnie Smithfield renvoient aux calendes grecques.

Mirel Bran
Article paru dans l'édition Le Monde du 16.08.07.

Alalalalexandra a écrit:

Les habitants de Cenei sont choqués par les méthodes de la société américaine. A la mi-juillet, des centaines de cadavres de porcs, tués par la canicule, ont été abandonnés dans la nature pendant une dizaine de jours.

bonjour, la qualité


je regrette, pourtant, qu'on met l'accent autant sur l'origine de l'entreprise: y en a des francaises, des italiennes etc qui ne sont pas meilleures (je ne parle pas forcement de l'industrie alimentaire)

Je comprends, bien sur, qu'il y a une çertaine "sympathie" envers l'Amerique, en France, mais...

olahus a écrit:

je regrette, pourtant, qu'on met l'accent autant sur l'origine de l'entreprise: y en a des francaises, des italiennes etc qui ne sont pas meilleures (je ne parle pas forcement de l'industrie alimentaire)

il doit être possible d'envoyer ta juste réflexion par mél au journaliste. Tu as des noms à nous citer ?

Alalalalexandra a écrit:

olahus a écrit:

je regrette, pourtant, qu'on met l'accent autant sur l'origine de l'entreprise: y en a des francaises, des italiennes etc qui ne sont pas meilleures (je ne parle pas forcement de l'industrie alimentaire)

il doit être possible d'envoyer ta juste réflexion par mél au journaliste. Tu as des noms à nous citer ?

Je connais cet article sur un documentaire appelé "Eden" qui parle des femmes qui travaillent pour les investisseurs italiens dans le meme région que la ferme porcine.
http://ladyfest-ro.pimienta.org/weblog/?p=90
Y a pas de noms mais des histoires racontées sous l'anonimat, par crainte des represailles de la part des patrons actules ou des futurs patrons. J'en peux donner des détails, si tu le désires.

Pour les entreprises françaises, je connais le cas d'Agrifrance, accusé d'avoir détruit un compléxe monachal paléochretien, du IVeme siécle, le plus vieux de Roumanie. (source)

ceci étant dit, je ne soutiens pas que toutes les entreprises italiennes ou françaises font des conneries. J'ai apporté ces exemples pour démontrer ce que j'ai dit si-dessus

Citation :

y en a des francaises, des italiennes etc qui ne sont pas meilleures

An Alré a écrit:

Non Olahus, je crois que tu te trompes de mot, "sympathie", c'est quand on aime. L'article du "Monde" ne prend pas la défense des américains, au contraire, il est accusateur envers eux, dans ce cas on dit "antipatie".

Le guillemets montrent que j'utilise ironiquement le mot "sympathie"- donc avec le sens de "antipatie".

An Alré a écrit:

Il est aussi vrai que, déjà, sous l'ère Ceaucescu, les américains avaient déjà laissés une note "salée" aux roumains... L'histoire se répète, profiter et ensuite abandonner

Pourais tu detailler cette histoire? Personellement, je ne sais pas de quelle note "salée" tu parles...

Ceci étant dit, je dois souligner ma position: je ne suis pas un fan des americains, en general. Certains d'entre eux ont fait des conneriers aux monde entier, y compris en Roumanie, au niveau des entreprises ou de l'armée americaine. Pourtant, je suis derangé par un certaint anti-américanisme éxacerbé parmi les européens (notamment ceux de l'oues) que je deteste, surtout parce qu'il me rapelle les clichés de l'extreme gauche.