AFPLe Prix Nobel de littérature 2009 a été décerné à Herta Müller, couronnant l'oeuvre en langue allemande d'une fille de déportée, née en Roumanie.
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C'est en
Roumanie qu'est née Herta Müller en 1953, au
Banat, dans un village isolé appartenant à la
minorité germanophone du pays. Fille d'une déportée, elle a grandi dans la peur et le désarroi avant de suivre des études littéraires à l'université de
Timisoara, où elle ne tarda pas à rejoindre les mouvements clandestins qui luttaient contre Ceausescu. Traductrice dans une usine de machines industrielles à la fin des années 1970, elle sera congédiée pour avoir refusé de collaborer avec la Securitate et, en 1982, son premier recueil de nouvelles sera censuré avant qu'elle ne quitte sa terre natale – en 1986 – pour se réfugier à Berlin, où elle vit aujourd'hui.
Ce déracinement est l'une de ses hantises, en tant que romancière, de même que la question de la langue, qui s'est posée à elle dès l'enfance. « La langue de l'écriture, le
haut-allemand, explique-t-elle, coexistait avec le dialecte, le
souabe du Banat, et avec la langue véhiculaire, le
roumain. A cela s'ajoutait
la langue de bois du régime qui avait détourné le langage à son profit. D'où notre vigilance pour éviter les mots ou les concepts violés par la politique, car ils renvoyaient à une réalité qui n'était pas la nôtre. »
(de L'Express)
Mais qui est donc Herta Müller?(...)
Elle ressemble un peu à Juliette Gréco, un peu à Barbara. Herta Müller est une de ces femmes en noir que le XXème siècle savait si bien produire. On connaît peu son œuvre, mais on la pressent. On croit savoir de quoi son traumatisme est fait. On se trompe forcément : l'histoire du prix Nobel 2009 ne se livre pas d'un bloc. Elle apparaît faite de souffrances avouables, cette mère qui a passé cinq ans dans les camps de travail communistes, et de douleurs honteuses, ce père qui a servi dans la Waffen SS. Herta Müller a le regard farouche de ceux qui vous rappellent que la vie n'a rien de simple.
L'exil est une chose étrange. Herta Müller s'est réfugiée en RFA en 1987, grâce à l'aide de l'Union des Ecrivains et du Pen Club [=> L'étrange parcours de Herta Müller]. La Souabe de Roumanie, qui a l'allemand pour langue maternelle, aurait pu y mettre fin au périple incessant qui agite l'esprit des déplacés longtemps après les guerres. Elle était revenue chez elle : ses livres se sont empressés de faire le trajet inverse.
(de Le Nouvel Observateur)
Et, parmie un tas de commentaire justes, voila une connerie (et dans Le Monde !!):
"
Si elle n'a jamais vraiment parlé roumain, c'est pourtant sa vie en Roumanie sous la dictature de Ceausescu, véritable école de la peur, qui nourrit toute son oeuvre - esthétique de la résistance, littérature contre l'oubli."
C'est faux, elle a appris des bases de roumain dans son ecole, et, pour parler, a Timisoara. Elle parle roumain meme de nos jour et a ecrit un livre directement en roumain "Este sau nu este Ion" (C'est ou ce n'est pas Jean).