Les Monténégrins ont voté pour l'indépendance selon une première estimation
Source : Yahoo actualités
PODGORICA (AFP) - Les Monténégrins ont voté dimanche, lors d'un référendum historique, pour l'indépendance vis-à-vis de la Serbie, selon une première estimation, un choix qui, s'il est confirmé officiellement, scellera le démembrement définitif de la Yougoslavie.
Selon Zlapko Vujovic de l'organisation non gouvernementale serbe Centre pour des élections libres et la démocratie (CESID), donnant une première estimation, "les Monténégrins ont voté pour l'indépendance à 56,3 %".
Les bureaux de vote ont fermé à 21H00 (19H00 GMT) et selon le CESID, la participation était, une demi-heure avant, de 86,6 %, très largement au-dessus de la barre des 50%, fixée par l'Union européenne (UE).
"C'est un record", a dit à l'AFP, le responsable du CESID, Marko Blagojevic.
Quelque 485.000 électeurs étaient appelés à voter et aucun incident majeur n'a été enregistré alors que les autorités avaient craint d'éventuelles querelles entre les partisans de l'indépendance et ceux de l'union avec la Serbie.
Quelque 3.000 observateurs étrangers et locaux ont été mobilisés pour surveiller le vote.
Si les premières estimations sont confirmées, les indépendantistes, conduits par les dirigeants monténégrins, franchiraient, avec plus de 56% des voix, le seuil de validité de 55%, sans précédent en Europe, décidé par l'UE.
A Vienne, un diplomate proche de la présidence autrichienne de l'Union européenne (UE) a jugé "très positif" le fort taux de participation.
La présence policière était renforcée dans les rues de la capitale en prévision d'éventuelles célébrations.
La présidence de l'UE ainsi que la Commission européenne ont indiqué qu'elles ne prendraient pas officiellement position avant la proclamation des résultats et un rapport que doit présenter lundi vers 11H00 GMT l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) sur la conduite du scrutin.
Le Premier ministre indépendantiste du Monténégro, Milo Djukanovic, cravate bleu ciel, costume gris à fines rayures, a voté en milieu de journée dans une école du centre de Podgorica.
"C'est un grand jour pour le Monténégro", a-t-il dit. "En réglant le dilemme du référendum, le Monténégro ouvrira une perspective pour son intégration dynamique à l'Europe".
Certains électeurs n'ont pas hésité à révéler leur choix. "Le Monténégro mérite d'être indépendant", déclarait fièrement Mihajlo Bulatovic, 81 ans, vêtu du costume traditionnel des paysans monténégrins.
"Nous ne pouvons pas vivre sans la Serbie", disait à l'inverse Slobodan Dedic, un étudiant de 26 ans après avoir déposé le bulletin rose dans l'urne bleue, scellée à la cire.
L'indépendance, si elle est confirmée par les résultats officiels, signifiera la fin de la Yougoslavie dont les autres républiques - Slovénie, Croatie, Bosnie, Macédoine - se sont séparées lors des guerres des années 90 dans les Balkans.
Le Monténégro (650.000 habitants) et la Serbie, près de 15 fois plus peuplée, ont formé en 2003, sur les ruines de la Yougoslavie, une union aux liens souples, donnant à Podgorica une autonomie totale avec un gouvernement, un parlement, une monnaie (l'euro) et un système douanier qui lui sont propres.
Petit pays aux paysages montagneux impressionnants donnant sur l'Adriatique, le Monténégro mise essentiellement, s'il parvient à l'indépendance, sur son attrait touristique.
Belgrade a toutefois insisté pour que les deux pays restent ensemble et a pris parti pour les unionistes, considérant les aspirations indépendantistes de son petit voisin comme une trahison.
Le Monténégro et la Serbie ont la même langue (le serbe) et les mêmes références, historiques, culturelles ou religieuses.
A Belgrade le référendum monténégrin ne suscitait qu'un intérêt limité et les habitants de la capitale serbe attendaient, dubitatifs, le résultat final.
Dans un marché du centre, un vendeur encourageait les clients à acheter son jambon monténégrin en plaisantant. "Dieu sait si j'en aurai encore si le Monténégro devient indépendant", disait-il.
Au Monténégro, le débat sur l'indépendance, qui dure depuis plusieurs années, a toutefois divisé le pays en deux blocs antagonistes, dont la réconciliation, pourrait être difficile.