Forum sur l'amitié entre les peuples d'Europe Centrale et d'Europe Orientale
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 sur la frontière ukraino-slovaque...aux portes du rêve...

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caroslo
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MessageSujet: sur la frontière ukraino-slovaque...aux portes du rêve...   sur la frontière ukraino-slovaque...aux portes du rêve... Empty02.10.06 16:50

L'UE parque ses refoulés en Ukraine


Les clandestins arrêtés à la frontière s'entassent par dizaines dans un camp inadapté.
Par Alexandra BILLETTE Libération.fr
Vendredi 29 septembre 2006 -


Zigzaguant entre les champs en friche dans une petite Jeep de fabrication soviétique, des militaires ukrainiens effectuent leur ronde quotidienne en frôlant les barbelés de l'ancienne frontière de l'URSS. Les clôtures rouillées et les systèmes d'alarme inopérants témoignent des moyens vétustes de l'armée. De l'autre côté, des fonds de l'Union européenne ont permis au voisin hongrois de se doter du plus récent matériel de surveillance du territoire : jumelles infrarouges, patrouilles aériennes...

Lovée entre Slovaquie, Hongrie et Roumanie, la Transcarpatie, pointe occidentale de l'Ukraine, est devenue un carrefour attractif pour nombre de clandestins en route vers l'«eldorado» européen.

Située à quelques kilomètres de la frontière slovaque, la vallée de Perechin est un point de passage prisé. Dans cette région agricole oubliée, les petits villages endormis succèdent aux kolkhozes abandonnés.
Au café de Doubrinitchi, quelques jeunes assurent faire passer des étrangers par les chemins forestiers qu'ils connaissent. «Il n'y a rien ici, pas de boulot. Je peux travailler aux champs pour 5 dollars par jour ou faire passer un Pakistanais en Slovaquie pour 400 dollars», calcule Sacha. Dans le petit bar de Vichne Nemetske, le premier bourg slovaque de l'autre côté des montagnes, les clients confirment que les clandestins sont récupérés à la sortie de la forêt et transférés vers Bratislava «pour une centaine de dollars».

Une moitié d'entre eux seulement parviendraient à franchir la frontière. Les autres sont interceptés par les gardes-frontière ukrainiens, slovaques ou hongrois. Dans l'ancienne caserne militaire de Pavchino, côté ukrainien, plus de 350 clandestins interpellés attendent ainsi que l'on veuille bien statuer sur leur sort.
On croule sous le nombre et des tentes ont été installées pour héberger les derniers arrivants. Dans les bâtiments en dur, ils sont entassés par dizaines dans les dortoirs.
Les sanitaires sont à l'abandon, l'eau insuffisante, la nourriture douteuse. «La situation est délicate, reconnaît le lieutenant-colonel Eduard Steblyuk, l'un des responsables militaires. Nos hommes jouent un rôle de gardien de prison qui n'est pas le leur et les moyens financiers manquent.» Seule une ONG locale est occasionnellement présente, distribuant des conserves et donnant quelques conseils juridiques.

Dehors, un petit groupe tue le temps. Originaires du Pendjab, en Inde, ces hommes voulaient trouver du travail en Europe. Désemparés dans ce pays dont ils ne connaissent pas la langue, ils ne comprennent pas pourquoi cette détention dure si longtemps. Certains sont au camp depuis plus de quatre mois. Alléchés par l'offre d'un réseau mafieux implanté au Pendjab, Prabhat et ses compagnons d'infortune ont versé plusieurs milliers de dollars contre la promesse d'un voyage facile jusqu'en Italie. Une fois libérés, ils envisagent de rebrousser chemin, avec l'aide de la famille, en Inde, qui enverra la somme nécessaire au billet d'avion.
A l'écart, Ahmed écoute la conversation d'une oreille. Il est hors de question, pour ce Palestinien de Ramallah, de revenir au pays. «Nous avons déjà fait le chemin, nous étions déjà arrivés en Europe. Pourquoi nous ont-ils ramenés ici ?» Ahmed n'est pas un cas isolé dans le camp.

Arrêtés par les gardes-frontière slovaques, les clandestins ont été interrogés durant quelques heures, puis remis aux officiels ukrainiens. En vertu des «accords de réadmission» signés entre l'Ukraine et ses voisins occidentaux en 1993, un clandestin intercepté à la frontière peut être renvoyé. Une pratique utilisée par les Etats membres de l'UE, parfois au mépris du droit d'asile : «J'ai dit, en anglais, asylum, asylum aux policiers slovaques», explique Ahmed. L'organisation américaine des droits de l'homme Human Rights Watch a recensé de nombreux cas similaires dans son rapport publié l'an dernier et a demandé à l'UE de surseoir à cette pratique. Au moins tant que l'Ukraine ne peut pas gérer convenablement ces demandeurs d'asile.

L'Ukraine n'a jamais été une terre d'immigration, la corruption y est endémique, la législation sur le droit d'asile est floue et les moyens financiers sont dérisoires. Un centre d'accueil pour demandeurs d'asile existe bel et bien à Odessa, mais c'est le seul établissement de ce type et il peut héberger 200 personnes, pour 2000 demandeurs à l'heure actuelle. «Le gouvernement ukrainien n'apporte aucune aide, explique Natalia Prokopchuk, du bureau du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés à Kiev. Comment voulez-vous que l'installation des demandeurs d'asile se passe bien dans un pays où vous n'avez pas de toit et dont vous ne connaissez ni la langue ni la culture bureaucratique, si l'Etat ne vous aide pas ?»

Les plus débrouillards rêvent de continuer leur route. Comme cet Irakien, aujourd'hui russophone et plutôt bien intégré, qui obtiendra la citoyenneté ukrainienne dans quelques mois. Un cas rare. Que fera-t-il de son nouveau passeport ? «Je demande un visa Schengen et je rejoins mon frère en Allemagne. C'est beaucoup plus simple avec un passeport ukrainien !»
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caroslo
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MessageSujet: Re: sur la frontière ukraino-slovaque...aux portes du rêve...   sur la frontière ukraino-slovaque...aux portes du rêve... Empty02.10.06 16:53

et en 2003 déjà on trouvait l' article suivant dans l'express :

L'Ukraine à la charnière de l'Europe

http://www.lexpress.fr/Express/Info/Europe/Dossier/ukraine/dossier.asp?ida=374117

L'Express du 06/02/2003


La dernière frontière
par Gilbert Charles

Extraits

Ils sont afghans, chinois, somaliens, nigérians, irakiens, sri lankais... Tous, ils ont fui la misère ou un pays en guerre. On leur a dit que, pour entrer en Europe, la frontière de l'ancienne république soviétique était une passoire. Alors, ils viennent en masse, se font refouler par les pays riverains. Et restent détenus aux portes du rêve

C'est un nouveau Sangatte aux portes de l'Union européenne. Une sorte de goulag pour immigrés clandestins qui ferait passer le centre français, récemment fermé, pour un hôtel cinq étoiles. Dans l'ouest de l'Ukraine, près de la ville de Mukachevo, des centaines de sans-papiers, arrêtés à la frontière alors qu'ils tentaient de passer en Europe, moisissent dans une ancienne caserne soviétique isolée au milieu de la forêt. Certains sont enfermés ici depuis plus de six mois, sous la surveillance de militaires et de chiens policiers, en attendant d'être expulsés. Mais ils ne veulent pas renoncer à leur rêve, tout près, si loin. “Ils nous traitent comme des animaux. C'est un enfer, ici”, soupire un Africain en montrant la pièce minuscule et sans chauffage où s'entassent neuf détenus emmitouflés dans leurs couvertures. Dehors, le thermomètre affiche -10 °C et les fenêtres aux carreaux cassés sont calfeutrées avec des bouts de carton. Les toilettes se trouvent à l'extérieur, dans un cabanon puant.

Le principal point d'entrée en Europe Il n'y a pas de douche ici, ni d'eau chaude. Certains ne se sont pas lavés depuis plus d'un mois et montrent, indignés, leurs vêtements crasseux et leur peau irritée par les puces et la vermine. Ils supplient qu'on leur donne une cigarette, un stylo “pour écrire au HCR” - le Haut-Commissariat pour les réfugiés - ou des nouvelles de leur femme et de leurs enfants, incarcérés à part dans un autre camp, à quelques kilomètres... Deux fois par jour, on leur sert une infecte soupe de patates et un morceau de pain rassis en guise de repas, qu'ils mangent avec des cuillères découpées dans des bouteilles en plastique. “C'est la deuxième fois que je me retrouve ici, explique Abdul, un Bangladais qui essaie depuis deux ans de gagner l'Europe. La première fois, ils m'ont gardé six mois, avant de me libérer en me renvoyant par le train à Kiev, la capitale. Arrivé là-bas, je suis reparti vers la frontière, mais, sur la route, je me suis encore fait arrêter par la police.”

“Cela a pris des proportions alarmantes avec l'élargissement”

Ils sont afghans, sri lankais, chinois, somaliens, nigérians, irakiens, iraniens... Partis de chez eux pour échapper à la misère ou à la guerre, ils rêvent tous d'atteindre l'Occident prospère. En avion, en train, en voiture ou même par bateau, via la mer Noire, ils débarquent de plus en plus nombreux en Ukraine, dont les frontières sont réputées pour leur porosité, afin de gagner l'ouest du continent. L'ancienne république soviétique, indépendante depuis 1991, est devenue le principal point d'entrée en Europe des immigrés de toute l'Asie et d'Afrique. 30 000 d'entre eux ont été arrêtés l'an dernier dans cette région de Transcarpatie, dans l'ouest du pays, qui a la particularité de côtoyer les limites de trois Etats en passe de rejoindre l'Union européenne le 1er janvier 2004 - Pologne, Slovaquie et Hongrie - soudain devenus très attirants pour les émigrés.
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