Royaume-Uni - The Times
Le quotidien juge que les pays d'Europe de l'Est "ont perdu une partie de l'élan que leur avait donné l'adhésion à l'UE. Depuis lors, des politiciens à la marge ont empoisonné le débat public. Le mois dernier, une campagne de haine gratuite orchestrée par l'ex-Premier ministre slovaque Vladimir Meciar a interpellé la communauté internationale quant au traitement accordé à la minorité hongroise de Slovaquie. A Varsovie, les partenaires de coalition des frères Kaczynski ont tiré profit d'un pur chauvinisme. (...) Dans toute la région, les appels pour la défense des intérêts des 'vrais' Polonais, Slovaques ou Hongrois ajoutent à l'anxiété grandissante de ceux qui ne sont pas assez 'vrais'. (...) Le consensus autour de l'idée que l'Europe centrale souffre d'une 'fatigue de la réforme', même si cette thèse est quelque peu simpliste, aide à comprendre à la fois les difficultés que connaît actuellement M. Gyurcsany [Premier ministre hongrois] et le marasme économique de la région. (...) Il y a des raisons de s'inquiéter mais pas de désespérer. Il s'agit de sociétés encore fragiles psychologiquement, étouffées par le communisme, et leur rémission va être longue et pénible". (29.09.2006)
France - Les Echos
"Les Quatre de Visegrad [Hongrie, Pologne, Slovaquie et République tchèque] sont des partenaires européens plus accommodants que leurs partis politiques pourraient le laisser penser", remarque Stéphane Dupont, journaliste du quotidien économique. "Pendant que la classe dirigeante s'écharpe, les affaires continuent. Et prospèrent. La plupart des nouveaux gouvernements d'Europe centrale ont été élus sur la promesse de réduire la fracture sociale, de revenir sur les politiques libérales menées ces dernières années. Mais il y a loin du discours aux actes. (...) Loin de fuir le maelström politique, les grands groupes internationaux continuent d'affluer en Europe centrale. (...) Crise politique ou pas, les nouveaux venus continuent de rattraper à grandes enjambées les anciens dans l'UE. (...) Ces errements politiques doivent être pris pour ce qu'ils sont : les symptômes aigus d'une crise de croissance accélérée, le contrecoup d'une émancipation soudaine." (29.09.2006)
Pologne - Przekroj
Dans un entretien avec Wawrzyniec Smoczynski, le politologue bulgare Ivan Krastev, directeur du 'Centre for Liberal Strategies' de Sofia, explique que les partis populistes d'Europe de l'Est s'appuient avant tout sur la culture. "Un des problèmes des populistes est qu'ils réclament plus de justice sociale dans leurs campagnes électorales, mais qu'ils ne savent plus quoi faire dès qu'il s'agit de gouverner. En matière de politique économique, ils deviennent donc libéraux, et compensent ce libéralisme en présentant toutes les difficultés économiques comme des problèmes d'ordre moral (...). Incapables d'améliorer la situation économique de leurs électeurs et de changer le système, ils se concentrent sur d'autres sphères. D'où une politique du symbole : la lustration, l'histoire, la lutte contre la corruption, la morale. Un des traits marquants du populisme en Europe de l'Est est le visage non pas politique, mais culturel, de ces partis. Ils recourent à une rhétorique des valeurs au lieu de représenter les intérêts du pays, et tentent ainsi de transposer les angoisses sociales et économiques de la population sur un plan culturel". (28.09.2006)
Hongrie - Magyar Hirlap
Une crise politique et un scandale de corruption pour le gouvernement populiste en Pologne, des mensonges et des émeutes en Hongrie, un gouvernement xénophobe et populiste en Slovaquie, une situation bloquée en République tchèque - le journal dresse un bilan négatif de la situation politique en Europe de l'Est. "Deux ans et demi après l'élargissement, les nouveaux Etats-membres d'Europe de l'Est sont marqués par les manifestations, l'instabilité politique, le nationalisme et la xénophobie (...). Les citoyens des anciens Etats membres cultivent un scepticisme de longue date à l'égard de l'élargissement. La situation actuelle de l'Europe de l'Est les conforte dans l'idée que la Roumanie et la Bulgarie ne sont pas encore mûres pour une adhésion à l'Union européenne. Quant aux investisseurs d'Europe occidentale, ils redoutent que les nouveaux pays membres n'aient pas la force d'entreprendre de nouvelles réformes". (29.09.2006)
Slovaquie - Sme
Dans une interview conduite par Miroslav Kern, Jacques Rupnik, directeur de la Fondation des sciences politiques de Paris, déplore la montée du nationalisme en Europe de l'Est. "Certains groupes politiques tentent de faire du nationalisme un élément mobilisateur. Il est intéressant de voir que la question hongroise est arrivée au premier plan juste après la prise de fonction du nouveau gouvernement slovaque. En Pologne, la rhétorique nationaliste se retrouve dans les actions quotidiennes du gouvernement et prend pour cibles l'Allemagne, la Russie et l'Union européenne. Les historiens se demandent actuellement qui, de l'Allemagne ou de la Russie, représente le plus grand danger (...). Nous verrons quelle attitude choisira le nouveau gouvernement tchèque. Toutefois, le cheval de bataille du Parti démocratique civique au pouvoir a toujours été la protection de la souveraineté nationale et des intérêts nationaux. Les dangers du nationalisme ont toujours été présents en République tchèque, même sous une forme édulcorée". (29.09.2006)
Suisse - L'Hebdo
"Jusqu'où ira cette mauvaise fièvre qui s'empare de l'Europe de l'Est ?", s'interroge Jacques Pilet dans sa chronique hebdomadaire. "Gare aux clichés ! Les analystes la voyaient ultralibérale : c'était simpliste. Alors ne la peignons pas trop tôt en brun. Les partis ouvertement d'extrême droite y sont puissants mais ne sont pas près de conquérir le pouvoir. (...) Le danger est plus subtil. L'idéologie du chauvinisme xénophobe gagne de grands partis réputés raisonnables. Ceux-ci pratiquent le double langage. Quand leurs chefs vont à Bruxelles, ils jurent de leur attachement à la démocratie et à la bonne entente européenne. De retour chez eux, ils ne craignent pas de mettre de l'huile sur le feu des passions. On n'est pas au bord de l'incendie généralisé. (...) Et puis il faut bien dire que, bien au-delà de l'Europe de l'Est, l'esprit du temps est celui du retour aux 'vieilles valeurs'. Pas toutes mauvaises, mais souvent illusoires et parfois vénéneuses." (29.09.2006)
EUROTOPICS du 29 09 06