Puisque l’article dont je vous ai donné la source
ici n’est plus disponible, je le vous recopie le texte qui est paru dans le TéléObs de cette semaine, concernant le reportage qui sera diffusé sur France 2 ce soir.
Il est long mais je me sacrifie pour vous, quel amour ! Boire ou tuerAprès de nombreux reportages sur les combattants tchétchènes, Manon Loizeau s’est intéressée, cette fois, à leurs bourreaux, les soldats russes. Saisissant.De retour de Tchétchénie, le soldat
Anatoly a, comme beaucoup de ses copains, sombré dans la drogue. Il a fait la prison pour braquage, à la fin de sa détention, ses jambes sont restées paralysées sans raison apparente et cela dure depuis trois ans. Il dit : «
Quand tu reviens de la guerre, tu ne sais plus où est le bien et où est le mal. Alors, quand tu sors de taule… Aujourd’hui, je n’attends qu’une seule chose : la mort, quoi d’autre ? »
Il fallait qu’elle le fasse, un jour : passer de l’autre coté et écouter les bourreaux ce la Tchétchénie. Voilà bientôt douze ans que l’excellente journaliste
Manon Loizeau sillonne la petite république du Caucase afin d’alerter l’opinion publique mondiale sur les horreurs d’une guerre, qui a déjà tué là-bas , 150 000 civils et qui, contrairement à ce qu’affirme le
Kremlin, n’en finit pas. Au cours de sa trentaine reportages, toujours clandestins, dans les ruines de Groznyï et dans les maquis, Manon, qui a reçu le prix
Albert Londres cette année, a toujours défendu la cause tchétchène. Pendant toutes ces années, pas question donc pour elle de discuter avec des soldats russes, ou le moins possibles : à ses yeux, ces hommes étaient les ennemis, des tortionnaires qui mutilaient les enfants, violaient les femmes et décapitaient les hommes
Pourtant, à certains regards perdus entrevus à des check-points, à certains visages défaits ,Manon a pressenti que ces jeunes militaires venus du fin fond de la Russie souffrent eux aussi de cette guerre, à leur façon ; que, comme tous les soldats envoyés en Afghanistan, au Vietnam ou en Algérie défendre un empire injuste avec de sales méthodes, ces hommes à peine sortis de l’adolescence reviendraient chez eux meurtris à jamais.
Alors, un jour, la jeune femme a décidé de passer outre son dégoût et d’écouter des vétérans de la Tchétchénie raconter leur version de l’histoire et, surtout, leur retour si difficile dans leur foyer. Pour ce faire, elle est allée dans l’Oural, où 20 00 d’entre eux tentent de survivre. Le terrible reportage, qu’elle rapporte dit l’immense détresse morale, psychologique et souvent physique de ces anciens de Thétchénie – infinie misère de la Roussie profonde aussi.
»Chez eux, je n’ai décelé aucun remords » dit Manon Loizeau dans son commentaire, comme si elle espérait un repentir, une demande de pardon. Elle n’a trouvé aucun regret, mais bien, comme elle s’y attendait,
»une grande souffrance « . Elle appelle cette douleur
»le syndrome de la Tchétchénie », comme on a parlé du syndrome du Vietnam ou de l’Afghanistan. De quoi s’agit-il ? «
Une violence latente qui peut exploser à tout moment, et une impossibilité à s’adapter à la vie civile ». Une violence dangereuse pour la société.
Ces hommes, ajoute-t-elle,
ont appris à tuer, à torturer, et ils sont désormais livrés à eux même. » Ce sont des bombes à retardement qui peuvent
»exploser n’importe quand. »Sergueï avait 18 ans en 1990, lors de la deuxième campagne en Tchétchénie. Démobilisé, il a passé quatre ans en prison pour vol à main armée. Il explique :
»Je l’ai faite comme il faut, la guerre. Alors, pour nous, c’est facile de tuer. Quand on a vu des têtes coupées, des cadavres, on peut planter un couteau dans le cœur de quelqu’un n’importe quand. »La plupart de ces hommes ne parviennent pas à s’insérer dans une société elle-même en décrépitude. Ils ont autant plus de mal que l’Etat russe, qui les a envoyés se faire tuer (selon Manon Loizeau, 20 000 soldat russes seraient morts en Thétchénie depuis 1994, soit plus qu’en Afghanistan), Ne s’occupe pas d’eux, à leur retour, ou si peu.
Alors, abandonnés, désœuvrés, certains de ces Rambos rêvent de retourner là-bas, en Thétchénie. Pour »
faire de nouveau quelque chose, au lieu de boire » (C’est la Tchétchénie ou la vodka] » dit-il un d’entre eux). Et pour gagner 1000 euros par mois, au lieu des 15 versés par Moscou aux vétérans. Un conflit sans fin ? Un officier d’élite avoue :
»Aujourd’hui, officiellement, on dit qu’il n’y a plus de guerre en Tchétchénie, que les gens travaillent normalement, labourent leur champ… Mais c’est faux. Des civils continuent de mourir, des soldats aussi. "Ne ratez pas ce reportage.
Vincent JauvertJe ne raterai personnellement pas, c’est sûr… Mais cet article a, au moins pour moi, une certaine sensation de « déjà vu »...
C’était, en gros, exactement le même argumenten Allemagne qui a expliqué la deuxième guerre mondiale… Vous rappelez-vous ces jeunes soldats démobilisés et non insérés dans la vie civile après la Grande Guerre ???
Un petit arrière goût de Hitler, non ??
Elöd