Cette Pologne qui m'inquiètePar Karol ModzelewskiSortie du communismeOn assiste en Pologne à un phénomène de profond désarroi popoulaire face aux transformation du régime après l'effondrement du communisme. Il faut savoir que, s'il y a en Pologne une tradition d'insurrection nationale, elle n'apparteunu qu'à la petite noblesse
* qui luttait contre la Russie, la Prusse ou l'Autriche, mais jamais au peuple ni aux masses paysannes.
Solidarnosc, en un sens, a été un miracle politique, car le mouvement a été l'incarnation du rêve d'union entre le peuple et les élites. J'y ai participé intensément. Des millions de Polonais se sont sentis pour la première fois acteurs de leur histoire. Cette mobilisation de masse sans précédent a été brisée par la loi martiale, et n'est jamais réapparue. Au moment de l'effondrement du communisme, il y a eu une négociation entre l'élite de Solidarnosc et celle du régime militaire. Le Parti communiste, lui, avait exlosé. Il y eut donc entente au sommet pour ouvrir en Pologne, un chemin vers une démocratie libérale. Mais personne ne s'attendait à ce que le mouvement füt si rapide.
Très vite, ouvriers et paysans découvrirent que cette "victoire" était en train de devenir leur défaite personnelle. Le communisme a sombré d'un coup.
Le président polonais Lech Kaczynski (à gauche) et son jumeau, Jaroslaw, Premier ministreL'économie fonctionnait auparavant selon les règles de la dictature militaire. Il n'y aut aucune transformation programmée par étapes. (*1)
On passa sans transition d'une société bloquée à un modèle ultra-libéral, favorisé par le monde occidental qui préconisait une thérapie de choc de sortie du communisme.
Ce fut une expérience brutale et socialement très couteuse. Rapidement, un fossé s'est creusé et agrandi entre ceux qui parvenaient à s'adapter et les exclus du mouvement.
Une partie importante du pays s'est sentie abandonnée. Plus tard, par deux fois une majorité des Polonais accorda ses suffrages aux postcommunistes, dont elle se détourna ensuit en raison des ravages de la corruption.
La peste populisteAujourd'hui, nous assistons à l'inquiétante révolte populiste incarnée par la politique des jumeaux Kaczynski et de leur pari
Droit et Justice qui s'est allié pour gouverner à deux petites organisations d'extrème droite, ultracatholique, hypernationaliste et xénophobes, la Ligue des Familles Polonaises et Autodéfense. Le seul mot d'ordre qui les unit est "sus aux élites", toutes les élites, qu'elle soient politiques, financières ou intellectuelles"
(Ce slogan me rappelle dangereusement aux slogans de Hitler... NDP)
Leur Radio-Marya ne cesse à longeur de journée de fustiger les
"voleurs", et de propager un discours de haine antisémite, europhobe, integriste catholique et de dévlopper un théorie d'un complot intérieur et extérieure contre la Pologne éternelle.
Tout dela est répugnant.La Pologne s'est coupée en deux. D'un coté, une Pologne européenne et civilisée et, de l'autre, une Pologne archaïque et revancharde.
Le plus douloureux pour moi est que les hérauts de ce populisme nausébond sont souvent des anciens amis avec qui j'ai créé Solidarnosc.
La Pologne éclairée et la Pologne populiste ne communiquent plus entre elles. Mon désarroi, comme pour beaucoup de Polonais, est immense.
Pourquoi et comment en quinze ans a-t-on pu en arriver là?
Personne n'a encore la réponse? Mais pour l'heure les principe même de la démocratie sont menacés. Je suis très inquiète. J'ai quitté la vie politique il y a plus de dix ans pour me consacrer à mes travaux de médiéviste, spécialiste du monde barbare, mais la crise actuelle ne cesse de m'obséder.
Nouvel Obs de cette semaine* C'était presque pareil en Hongrie... A part de l'insurrection paysanne de Dozsa György, en 1514, toutes les autres "révolutions" étaient la révolte de la noblesse ou la bourgeoisie hongroise, comme la révolution de liberté de II Ràkoczy Ferenc en 1703(07)-1711, ou de Kossuth Lajos (avec Petöfi, entre autre) en 1848-49.*1
Exactement le même cas en Hongrie, et, je suppose, dans les autres pays de l'Est, où la "LIBERTE" est arrivée sans aucune organisation ni préparation ou programmation, hélas! Elöd