"Il n'est vraiment nulle part chez lui", a dit de Mozart le musicologue Alfred Einstein, frère d'Albert (E=mc2).
Nulle part ou partout?
Aucun musicien de son temps n'a tant voyagé à travers l'Europe. Aucun n'a davantage aspiré à une carrière internationale. Aucun n'a pris le départ si tôt : à moins de 6 ans, avec papa Léopold. Direction : Munich, puis Vienne, puis Paris. A l'étranger, il aura deux pays de prédilection : l'Angleterre et l'Italie. Et un de quasi-détestation : la France.
Le bambin Wolfgang Gottlieb emporte un souvenir ébloui de Londres, où il a séjourné 15 mois -plus longtemps que n'importe où ailleurs. Quelle différence entre l'ambiance familiale de Buckingham et celle de Versailles, souriante mais guindée! Et puis, en Grande Bretagne, il gagne l'amitié de Jean-Chrétien Bach, l'un des fils de Jean Sébastien. Et écrit, à Chelsea, à 8 ans, sa première symphonie.
En Italie, il découvre la voix des castrats, reçoit l'enseignement précieux du père Martini, est décoré par le Pape, crée 3 opéras à Milan. A Mantoue, il inaugure l'admirable Théâtre Scientifique-tout en bois- qui existe toujours. L'une de ses joies: un cocher conduisant à fond de train. Il adore la vitesse…
Quant à son jugement sur la France, il suffit de lire ses lettres de 1778 : "les français sont et restent de vrais ânes…"; "ce qui me donne le plus de dépit, c'est que ces niais de français croient que je n'ai encore que 7 ans, parce qu'ils m'ont vu d'abord à cet âge-là." Consolation : pour ces français, il a écrit la "Symphonie Paris" n°31…
Et à travers le Saint Empire, les Etats Allemands ou sous domination autrichienne? Salzbourg: il la fuit. Munich : il y crée "Idoménée". Mannheim : il y rencontre l'homme qui le mènera à la franc-maçonnerie. Francfort : un évènement désagréable, Léopold II ne l'a pas invité à son impérial couronnement; il s'y rend à son compte. Prague : c'est la ville, la seule, qui lui a donné totalement de l'amour.
Et Vienne? C'est là que l'homme entend se fixer. Si l'on peut dire : 11 déménagements en 9 ans! Il a la bougeotte. Reste un appartement qu'on peut visiter aujourd'hui; avec le petit salon-fort élégant, stuc et marbre rose-où il a composé "les Noces de Figaro".
Les pérégrinations de Mozart-qui l'ont aussi conduit à Bruxelles, La Haye, Dijon, Lyon ou Berlin- stimulent sa créativité et, en outre, l'amènent à produire une abondante correspondance. Il écrit. Et très bien. Son style fantasque évoque quelquefois (pour nous, français, avec le recul) Diderot, en particulier, celui de "Jacques le Fataliste" ou des lettres à Sophie Volland.
Au détour des phrases, il emprunte à toutes les langues : l'italien, le français, l'anglais…
Mozart et le volapük? Non, Mozart l'Européen.
source: M.L dans "L'Express" Spécial Mozart
je pense que Mozart se serait plu sur notre forum, vous ne pensez-pas?????