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 Széchenyi Zsigmond

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Bakonyi
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MessageSujet: Csui   Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty17.02.16 12:06

Juste une petite suite . La première page de son premier livre . Mais je vais continuer plus tard.


Csui

En français on doit prononcer ( je pense ) tchoui . C'est un mot souahéli , langue pratiquée en Afrique de l'est ( Kenya , Tanzani ) , et cela veux dire : panthère .
Ce livre est paru en 1931 , et relate un safari d'octobre 1928 à avril 1929 .

Voilà les avant-propos de Széchenyi .

Nous connaissons deux espèces de "chasseur d'Afrique" . Deux groupes sans commune mesure , parce que , un des groupe est largement majoritaires , en face d'une minorité . Les membres de cette minorité sont sans exception des hommes remarquables , des hommes formidables , qui méritent des louanges .
Ce sont ceux qui n'ont pas écrit de livres .
Jusqu'à ce jour, j'en faisais partie . Jusqu'à ce jour tout le monde m'aimait . On me montrait du doigt : Voilà un homme , qui a chassé en Afrique , et il n'a pas écrit de livre .
Et maintenant c'est fini de la célébrité . Mais à ma décharge , que ce n'est pas un livre que j'écris à présent , c'est seulement mon journal , que je rédigeais sur place , que j'offre au lecteur. Des notes de tous les jours , que je couchais sur les pages d'un cahier tous les soir , à coté du feu de camp , souvent à moitié endormi , pour ne pas mélanger mes souvenirs , pour ne pas les oublier .
Je vous prie de les lire avec l'indulgence que méritent ces pages !
A Budapest , au mois de novembre 1930.
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bor
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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty18.02.16 6:41

Alors c'est parti pour des extraits de CSUI! - merci d'avance

Avec une carte:
http://www.vadaszkonyv.com/wp-content/uploads/2012/09/szechenyi-csui-t%C3%A9rk%C3%A9p.png
vu:
http://www.vadaszkonyv.com/grof-szechenyi-zsigmond-csui-1940-masodik-kiadas/
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Bakonyi
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MessageSujet: Explication    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty18.02.16 11:35



Bor , tu as parlé d'Elefàntorszàg . Comme je l'ai dit , oui , c'était un extrait de ce livre . Il y a une explication .
Ce livre , au départ , a été écrit par Széchenyi , et édité en anglais . Mais ce livre , en anglais , était un journal comme Csui , en hongrois . Alors il l'a réécrit en hongrois . Mais en hongrois ce ne sont que des extraits du livre anglais . Parce que il dit , dans Csui il y a beaucoup de détails qu'il ne voulait pas répéter , pour pas ennuyer le lecteur . Il ne voulait pas recommencer à parler des occupations quotidiennes du soir : pansements des bobos qui ne veulent pas guérir , rafistoler les habits déchirés par les épines , ses passages à l'hôpital ( une fois une piqûre d'araignée , une autre fois des ennuies de digestion ) , parler des infirmières , des autres malades etc. . . Donc cette version hongroise est plus ramassée , condensée , il ne parle que des choses qu'il n'a pas déjà écrite dans Csui .
Ce qui fait que j'ai traduit des passages de Elefàntorszàg . Mais pas seulement . Je mettrai des extraits de Csui , de Alaszkàban vadàsztam et Hengergö homok . Il faut seulement que je trouve dans quel ordre je les placerai . Alors , à bientôt .

Cet aprèm je mettrai un peu de Csui
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Bakonyi
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MessageSujet: Nairobi   Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty18.02.16 17:24

En voilà

Le 14 janvier 1929
The New Stanley Hotel




Nairobi


Il y a des nuits où par la fenêtre ouverte de ma chambre , j'entends hurler les hyènes qui vagabondent dans les ruelles étroites parmi les ruines de cabanes abandonnées .
Entendre ces cris dans une chambre d'hôtel en pleine ville , je trouve cela inhabituel . Il paraît que l'on peut entendre souvent , si le vent vient du bon coté , les cris , les hurlements , des lions qui maraudent a Athi Plains . Je dois avouer que moi , je n'en ai pas encore entendu de ces cris , mais le journal local évoque souvent ces lions qui approchent de la ville . L'autre jour j'ai lu la nouvelle : « Another lion in town «  .
Une ville comme ça , bâtie dans la brousse , une ville développée au pas de charge , devenue une « île civilisée », jusqu'à un certain degré , reste toujours du toc , un genre de postiche .
Elle a un goût de théâtre . Elle n'a pas de traditions , elle s'est faite trop vite , elle n'est pas le produit de la terre nourricière , on l'a fait pousser de force , comme les plantes dans les serres . Une ville comme ça , reste toujours une parvenue , comme un fournisseur d'armement après une guerre . Elle montre la plus grande diversité , la plus disparates .
Le client de l'hôtel , dans sa chambre avec salle de bain , dans son lit importé de France , est réveillé par les ricanements des hyènes , et plus d'une fois , sous son oreiller recouvert de baptiste d'une blancheur de neige , il trouve un scorpion . . .
Les notables de la région se rendent visite en Rolls-Royce . Mais la carabine chargée est toujours là, à coté du chauffeur , parce qu'il n'est pas rare qu'un rhinocéros soit en travers de la route .
Des milliers d'animaux sauvages , dans une tranquillité paradisiaque , broutent de ce coté ci de la ville , comme ils font depuis des millénaires . Et de l'autre coté , il y a des matchs de polo . Et là , dans des tribunes luxueuses , des dames entourées d'odeurs de Chanel , se montrent les derniers modèles des haut-couturiers parisiens . . .
. . . Un petit camion , usé , plein de boue , arrive devant un magasin d'alimentation dans la rue principale . Il est chargé d'oeufs frais , de fruits , de légumes ; Au volant se tient une jolie , jeune dame , vêtue de pantalons et d'une chemise d'homme , la jeune épouse d'un farmer de la région . Elle saute du camion , décharge les cageots de produits, elle empoche l'argent que lui doit le commerçant , et se remet derrière le volant . Elle se repoudre , remet du rouge à lèvres , allume une cigarette , et ressort de la ville à grand fracas . . .
Des exemples semblables , je pourrais en raconter un plein livre .
Et alors la rue ! La grande rue . Là où on croise des filles nues , habillées seulement de quelques rangs de perles , mais aussi des très distinguées dames anglaises habillées à la dernière mode , des guerriers massais avec leur lance , habillés de peaux , et aussi de véritables très élégants dandys . Et bien sur , toutes les variantes entre ces extrêmes . Il y a là une femme noire , pieds nus , qui a enfilé sa robe en soie bon marché à l'envers , mais aussi la dame autochtone , avec bas en soie , souliers à talon haut , portant des mitaines en résille de coton et chapeau à voilette , et l'anneau en cuivre qui pend à travers sa narine . Il y a des dandys en souliers jaunes , sans chaussettes , et aussi , parfois sans pantalons mais avec un chapeau tout neuf de couleur vert vif , avec une cigarette allumée dans un fume cigarette en verre de toutes les couleurs qu'il tient fièrement au coin de ses lèvres . On peut voir aussi celui qui se contente d'un chapeau en paille , d'une cravate écarlate , le restant de ses habits, il les a oublié chez lui .
Mais on voit d'authentiques , de vrais , de sérieux , guerriers autochtones aussi : vakamba , vanyamwezi , kikuyu , massaï , meru , kavirondo . Des guerriers de belle stature , robustes , bien bâtis , certains sont tatoués , et qui sont peints en rouge ou de différentes couleurs , à la peau d'ébène ou cuivrée . Ils portent des lances ou des arcs , et ils ont tous des ornements : bracelets , colliers , boucles d'oreille et autres accessoires .
Cette rue principale , on dirait une revue de théâtre bariolée. Mais il y a beaucoup plus de tragédies que de comédies .
Parce que n'es-t-il pas tragique ce guerrier avec sa lance ? Ce fils dont les pères , autrefois étaient des guerriers redoutable , qui courbe l'échine , et dont le pied glisse sur l'asphalte quand il saute de coté devant une voiture qui klaxonne ? Celui qui dans sa confusion , avec humilité lève son regard vers son parent « civilisé » qui règle la circulation , qui debout sur son estrade , porte uniforme et montre de poche , et qui l'apostrophe vivement s'il ose s'arrêter sur la chaussée . Pourtant c'est le même avec qui ils se sont élevé dans la même case quelque part du coté du lac Natron . Et où , certaines nuits , en se serrant , en étant aux aguets , ils écoutaient le rugissement des lions et les cris de guerre de leurs pères pendant les combats !
Que sont-ils devenus ?
Au coin de la rue se tiennent des guerriers , à la figure sombre , s'appuyant sur leur lance , et observent silencieusement le tourbillon de la circulation . Et il me semble que sur chaque figure fatiguée , mais fière , je peux lire la même question :
« Que sommes nous devenus ? »


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bor
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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty19.02.16 0:27

D'abord un grand merci! C'est très intéressant.
D'autant qu'avec Csui, je peux consulter la version hongroise (seul texte jusqu'ici trouvé sur le web):
Code:
https://www.google.fr/search?q=Csui!...&ie=utf-8&oe=utf-8&gws_rd=cr&ei=wHa1Vq_yIIe4aqLbs9AF#q=%22Csui!...%22+Sz%C3%A9chenyi+Zsigmond
donc apprendre de toi à mieux traduire - et présentement me remettre en selle du hongrois auquel je n'ai plus touché depuis quelques mois (occupé par le dessin que j'ai essayé de reprendre après 10 ans consacrés exclusivement à la langue et culture hongroises)!

Bakonyi a écrit:
 Le 14 janvier 1929 The New Stanley Hotel Nairobi
Dans le pdf ci-dessus noté, je retrouve le texte hongrois correspondant à la page 95
sous "Jan. 24-én, Nairobi, The New Stanley Hotel"

Et voici la fin de ce "chapitre" que je viens d'esquisser:

Citation :
J'ai fait la connaissance aujourd'hui de  Jack Lucy, un célèbre chasseur professionnel. Voilà vingt ans qu'il vit ici, exerçant depuis lors le métier de "chasseur blanc". C'est pour jouer au tennis ! qu'il m'avait invité dans son domaine, lequel est pourvu d'une belle maison, d'un jardin  fleuri et ombragé, d'un court de tennis, d'une aimable épouse et d'une fille belle  - autant dire toutes les qualités d'un gentleman bien installé.
C'était ma première visite dans le «quartier résidentiel» de Nairobi. Situé à l'extérieur de la ville, à flanc de montagne, villas et jardins plus beaux les uns des autres le caractérise.  La plupart des gens vivant là ne fréquentent la ville chaude et poussiéreuse que pour leur fonction. Spendides arbres exotiques, pelouses vertes, bosquets de fleurs ornent les lieux ; tondeuses et arroseurs sont les outils des jardiniers noirs ; de magnifiques automobiles circulent sur des allées gravillonnées. On oublie vraiment là qu'on est à la chasse au lion !
  Demain matin, j'irai à la ferme de Stub, là où j'ai tiré le lion en Décembre. Qui sait, pour à nouveau réussir !
(mise à jour suite observations post suivant)

Tu peux me corriger si tu veux Very Happy

Et merci d'avance pour d'autres extraits de "Csui" sunny
Bakonyi a écrit:
dans Csui il y a beaucoup  de détails (--) des occupations quotidiennes du soir : pansements des bobos qui ne veulent pas guérir  , rafistoler les habits déchirés par les épines , ses passages à l'hôpital  ( une fois une piqûre  d'araignée , une autre fois des ennuies de digestion ) , parler des infirmières , des autres malades  etc. . .
Tu connais mon insatiable curiosité, alors tout détail m'intéresse, car ce témoignage d'époque de la part d'un Hongrois est instructif!


Dernière édition par bor le 20.02.16 3:59, édité 3 fois
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Bakonyi
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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty19.02.16 12:18

C'est tout à fait bien . Je rajouterais : court de tennis excellent . Et aussi que le quartier est à flanc de montagne .
Par contre je laisserai tomber jeune : une belle fille est suffisant .
Ah , et que les automobiles ne stationnent pas , mais circulent sur des allées gravillonnées .

Je ne vois rien d'autres . Je dois avouer que ceux sont des détails minimes , qui n'enlèvent rien de bien signifiant .

Pour un autre extrait de Csui , tu dois attendre .
Je crois que tout à l'heure ce sera un extrait de Hengergö homok . C'est très court , et n'a rien à voir avec la chasse .
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Bakonyi
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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty19.02.16 17:13

Eh non . C'est encore Elefàntorszàg . Mais pas beaucoup de chasse , de nouveau .







Foret de Kitui

Décembre 1932


Le makanga
(Docteur , médecin , faiseur de miracle , sorcier , devin )

     
                         Depuis des semaines je me fatigue en vain , j'use mes souliers , je perds ma patience , rien à faire , je ne trouve pas d'éléphant .
                          Mes guides autochtones assurent que c'est à cause de l'influence du quelque esprit malfaisant que nous avons de la  malchance :
                            «  La situation ne changera pas , tant que tu ne consulteras pas un makanga . Il n'y a que lui qui pourra chasser le mauvais esprit , il n'y a que lui qui pourra dire ce que nous devons faire « 
                              Cela fait des jours qu'ils prétendent  , qu'ils utilisent ce prétexte  .
                              Je ne suis pas superstitieux . . C'est à dire que j'aime croire que je ne le suis pas . Je le proclame à tout bout de champs . Mais cela ne fait que renforcer le sentiment , que peut-être bien je le suis quand même . Tous les chasseurs le sont . Et surtout les chasseurs africains !
                               Quand même , c'est en souriant et avec des gestes de négation que je rejette  l'idée de « consulter « le devin : je ne suis pas d'humeur à jouer la comédie , je n'ai pas besoin de charlatanerie , mais d'éléphant , je n'ai pas de temps à perdre avec des amusements , des jeux douteux , et je préfère taire le reste . Quand pendant des semaines on parcours des kilomètres à travers les buissons remplis d 'épines , sous une chaleur qui ramollit le cerveau , petit à petit on perd l'entrain , on devient malintentionné . La chaleur des tropiques influe toujours sur le caractère , Et toujours dans le mauvais sens .
                                  Mais quand mon camarade de chasse  a commencé à insister , que lui malgré
tout , lui , il va tenter , ne serai-ce que pour s'amuser , et en plus il a déjà envoyé , sans m'en parler ,chercher le makanga , j'ai été intrigué , et j'attendais la suite des événements . Tout en maugréant et en désapprouvant mon camarade . Je lui proposai que pour sa prochaine chasse en Afrique , plutôt que de s'associer avec un autre chasseur , qu'il se fasse accompagner par une tsigane
qui prédit l'avenir sur les foires .
                                  En signe de dédain , j'ai levé mon camp , ce qu'il faut prendre , compte tenu des circonstances , mot à mot . Sans attendre l'arrivée du sorcier , ostensiblement , je suis parti vers une région que nous n'avons pas encore explorée , à une petite journée de marche . En disant au revoir à mon compagnon , je l'ai prié ,  que dès que monsieur le docteur aura attaché à un arbre l'éléphant qu'il lui destinait , qu'il m'envoie un mot pour me mettre au courant .

*

                               Le lendemain soir devant ma tente se présente un envoyé . Il m'apportait une lettre m'annonçant qu'il a tiré un grand éléphant , que je revienne le plus vite possible . Il me racontera  tout ça de vive voix .
                              Je secouais la tête . C'est de la chance  qu'il faut pour ça , et non un makanga . Ce makanga avait une chance inouie pour se trouver là en même temps que l'éléphant . C'était du pur hasard .
                            Mais , j'avoue , la curiosité me taraudait .
                             Et le lendemain , tout penaud , je suis retourné dans le camp abandonné trois jours plus tôt . Juste à temps pour voir la paire de défenses d'éléphant qui arrivaient devant la tente de mon camarade . Inutile de dire que je bavais en voyant ce spectacle .
                                Mon compagnon m'a reçu en racontant le conte de fée suivant : A peine que tu m'as quitté ,le docteur-miracle est arrivé . Ses instruments  de magicien étaient portés par ses aides . Après une heure et demi de  tours de passe-passe  les uns plus compliqués que d'autres , il a commencé ses prédictions : .que demain matin , en partant à la chasse , je trouverai une squelette de girafe coté droit de mon chemin . Peu de temps après je verrai un animal noir , coté gauche . Que cet animal noir qui ne quitte pas mon chemin  , je dois le tuer . Un peu plus tard , je croiserai des traces d'éléphants , quoique les traces sont fraîches , je ne dois pas m'en occuper , que je continu vers l'est , et pour le soir tu tuera un grand éléphant .-- Voilà ce que m'a dit le docteur ,  et – que tu crois ou non  – cela c'est passé ainsi .
                                   Ecoute , tu peux raconter ça à ta be . . ( je parlais d'une personne de sa famille par alliance ) , mais pas à moi .
                                Mais en définitif , il a fallu que je le crois . Mon  partenaire mettait en jeu son honneur , sans parler d'une trentaine de témoins noirs .
                                 L'animal noir était un mamba noir , le serpent le plus dangereux d'Afrique  , que mon camarade a tué , selon l'ordre du makanga , à grands coups de bâton . En ce qui concerne le squelette de girafe , on ne peut pas dire qu'il était là par hasard , les squelettes de girafe ne trainent pas par ci par là au bord des pistes , moi même , je n'en ai pas vu un seul cette année. Et les éléphants , nous les cherchons depuis bientôt trois semaines . Et maintenant , voilà , les deux belles défenses ,  on  les amènent devant la tente .
                             Mais moi , je ne suis pas superstitieux pour un sous . Et s'il vous plaît , ne me contredites pas  . C'est risible ! Tout juste cette affaire m'intéresse, j'aimerais savoir si cette sorcellerie agirait sur moi aussi , autrement dit est ce que moi aussi j'aurais cette chance invraisemblable ?


                            Le soir , uniquement  pour éprouver et contredire  le savoir du « docteur » ,moi aussi , je me suis soumis à son « traitement » .
                            Il nous a fait aligner , moi et mes hommes , après un court moment de recueillement , il a commencé à danser autour de nous en poussant des cris mystérieux . De temps en temps il s'arrètait devant un de nous et de toutes ses forces il soufflait en pleine figure de son vis à vis ! Je ne sais pas si d'autres  restent indifférents , mais moi , j'ai horreur que l'on me souffle dans la figure . Mais je supportais quand même son souffle . Que ne ferait-on pour avoir des défenses d'éléphant , c'est tout juste si je remuais mes paupières . Après , avec une branche spécialement prévue à cet effet , il donnait des grands coups en l'air autour de nous , il chassait le diable . Il le chassait avec des cris aigus .
                             Et pour finir il a soigné mes fusils , il les a éventé avec la branche spéciale , et pour finir il a soufflé dans les canons . Il chassait les démons . Mais ce qu'il a soufflé dans les canons ,  c'est moi qui ai nettoyé avec mes instruments .
                             Et maintenant , il pouvait commencer à prédire l'avenir ; Nous nous sommes assis en rond , avec le docteur au milieu avec les deux enfants de cœur , un de chaque coté . Ils ont étendu des petites peaux d'animaux , serval , civette , écureuil , puis d'une grosse calebasse ils ont versé quelque poignées de haricots secs de différentes couleurs . Parmi les nombreux haricots rouges , jaunes , noirs il n'y avait qu'un seul haricot blanc qui brillait Pendant longtemps ils triaient , choisissaient les haricots . Sur chaque peau il y avait un tas de haricots de couleur différente . Mais le haricot blanc restait dans la main d'un des enfants de cœur .
                            Le docteur a pris son arc , et a fixé une courge entre l'arc et la corde , pour faire boite à résonance , et il a commencé à jouer sur cette «  guitare » improvisée . En même temps il a commencé marmonner , chantonner , tout bas , dans une langue qu'aucun de nous n'a comprise , sans doute il utilisait une langue réservée à son usage personnel . Il chantait devant chaque tas de haricots un petit air .
                            Quand il a terminé , ils ont pris tout les haricots , y compris le blanc , et les ont mis dans le calebasse . Il l'a bien secoué , puis il l'a passé à chacun de nous , et nous , à tour de  rôle , nous aussi nous avons secoué le calebasse : «  nous mélangions les cartes » .
                            Après le mélange , suivait encore un chant court , accompagné par la « guitare » , puis , il a pris le calebasse et a versé le contenu sur les peaux étendues par terre . L'avenir dépend du nombre et de la couleur des haricot sur chaque peau , et surtout où se trouve le haricot blanc .
                            Et le vieux sorcier a commencé tout de suite à traduire le message des haricots :
                            « Demain matin tu vas partir chasser ( ça , je le savais sans le makanga ) , le soir tu vas rentrer au camp ( je n'étais pas surpris pas cette prédiction ) . Le lendemain , ne vas pas chasser , même si on te signale des éléphants dans les environs . Le jour suivant , tu peux partir tranquille . Tu vas rencontrer un homme borgne , qui te demandera du sel . Tu lui en donne . L'après-midi tu verras des traces d'éléphants fraîches , et tu entendras leurs barrissements . Mais le grand éléphant avec des défenses énormes , tu ne le tueras que le jour après « .
                              C'est ça l'essentiel , le reste ne m'intéresse pas , même je veux bien attendre  un jour de plus , s'il faut , du moment que j'ai mon grand éléphant .
                               La cérémonie était terminée . Mais comme on ne peut prédire qu'après le couché du soleil , malheureusement , je n'ai pas pu faire de photos .



*

                             Et voilà , je dois dire la vérité, le troisième jour , j'ai tiré mon grand éléphant .
                             Il est vrai que je n'ai pas rencontré l'homme borgne , ni entendu le barrissement des éléphants . Mais enfin , même les meilleurs sorciers peuvent faire des petites  erreurs , Par contre j'ai eu mon éléphant . Et moi , c'est ça que je voulais , je ne suis pas venu en Afrique pour  rencontrer un borgne .
                            Je ne suis pas superstitieux , c'est ridicule . Mais quand même , si un jour je reviens dans les parages pour chasser l'éléphant , avant de commencer , je demanderai conseil à Monsieur le Docteur . Pour une belle paire de défenses , je suis prêt à me faire souffler dans la figure .


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bor
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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty20.02.16 4:15

Trop drôle! (comme on dit de nos jours) - merci bien
Fruit du hasard ou effet de sorcellerie ? That's the question - en prononçant mal et déformant: vaste question!
Passionnant tout cela!

Et merci également pour tes observations, prises en compte dans la mise à jour.


Alors suite au prochain épisode - choisi selon ta convenance, quand tu pourras
Szép napot
mich
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Bakonyi
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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty20.02.16 12:26

Je regrettes Bor , toujours pas de chasse .
Ce passage me tient a coeur , alors c'est ça que j'ai choisi . Et là , je me rends compte de mon manque de vocabulaire français . La traduction ne reflète qu'imparfaitement le texte hongrois .
Une explication concernant les " danseuses " . La Hongrie , privée des 2/3 de sont territoire , appauvrie , touchée par la récession de 1927 ( un peu plus tard , vers 1929-31 ) , "exportait " ce qu'elle pouvait . Grâce au colonisations , certains pays étaient moins touchés . Alors ces pauvres " danseuses " ont cherché des horizons "plus rentables " , sans changer de " métier " .
Alors , voilà , nous allons au Caire .
Ce passage vient de Hengergö homok .


Shepheards Hôtel (1 )
Le Caire Janvier 1935


Fichmarquet

Je ne dis pas , on y vend des poissons aussi . Mais on y vend surtout de la viande humaine . La meilleur marché . De la plus basse catégorie . C'est le grand marché de la prostitution . Ici , c'est le bassin collecteur des égouts de l'Orient . Ici , les maisons de tolérance ne se contentent pas de quelques rues , elles occupent tout un labyrinthe de ruelles étroites , de culs de sac , de coupes gorge, tout un quartier . Les balcons se penchent les uns vers les autres à travers les passages étroits , comme s'ils se murmuraient des secrets les uns aux autres . C'est à peine si le ciel étoilé arrive à pénétrer par le mince passage resté libre . Mais il se détourne vite , écœuré par le spectacle .
Parce que cette confusion , mais surtout cette odeur - épices orientales , café , orange , ambre , oignon , anis , sueur , parfum bon marché , poissons puants , odeur de cadavre , et tout ça mélangé -
et puis ce tintamarre , ce charivari , les tambours , les klaxons , les cris sans entrain ressemblant à des prières des vendeurs aveugles avançant en tâtonnant avec leur bâton , et à travers la foule juchés sur le dos d’ânes blancs en poussant des cris , des hommes enturbannés se fraient un passage à coups de bâton . Des femmes , enveloppées de soieries bariolées , à la peau noire , jaune , marron , qui ont décoloré leur tignasse noire en jaune d'or ,ces grosses démones borgnes montrent des dents en or en ricanant –la fumée du café , nougats , limonades rouges ou vertes , l'odeur enivrante des pipes à haschisch , des jeunes éphèbes s'offrant pour quelques sous , les ruelles étroites avec des escaliers aux marches inégales , des dédales aux pavés inégaux , où on glisse sur des peaux de banane , des crottes d’âne ou des rats crevés , traverser ce Sodome biblique – il faut avoir un bon estomac . Et malgré cela le visiteur paie : s'il vient avant dîner , son appétit est coupé , s'il vient après , même le meilleur dîner de Shepheard a tendance à remuer , à remonter . Je ne suis pas délicat , j'ai déjà vu beaucoup de saletés dans ma vie , mais autant en un seul endroit , je n'en ai vu que sur le marché aux poissons du Caire .
L'homme oriental est l'homme des outrances . Il n'y a pas plus bruyant , plus immoral que les marchés de l'Orient . Mais il n'y a pas plus calme , plus dévot , plus silencieux que les mosquées de l'Orient .
Retour à l’hôtel , Je change de vêtements , de chaussures .
C'est encore trop tôt . Même pas minuit . Je vais dans la boite de nuit , à coté , le lieu de plaisir des européens . « Perroquet » annoncent les lettres électriques de toute les couleurs , mais elles pourraient annoncer «  papagàj » ( 2 ) . Parce que à peine entré , j'entends parler en hongrois . C'est vrai , que des voix féminines . C'est les « danseuses » qui parlent en hongrois . Au Caire , entre trois entraîneuses , deux sont hongroises . Et c'est comme ça à Athènes , à Alexandrie , à Beyrouth ou à Damas .
Et dire qu'il y en qui se plaignent que la Hongrie n'exporte pas . Au Caire , les allumettes de sûreté : fabrication tchèque , les wagons neufs des trams : fabrication tchèque . Même les fez de bonne qualité que portent les fidèles aisés sont de fabrication tchèque . Les exportations hongroises sont destinées exclusivement aux boites de nuit .
J'en ai assez de tout ce bruit , mais je n'ai pas sommeil . La lune brille . Je hèle un taxi , je me fais conduire hors de la ville , tout du long de Pyramids Road dans l'odeur des fleurs d'orangers , vers le désert , à Gizeh , à un rendez-vous nocturne .
Avec le Sphinx .
Je laisse la voiture à Mena House, de là je continue à pied . Par chance , tout est silencieux , il se fait tard , les touristes ont décampé . Je sais , dans ces moments le Sphinx est soulagé . Jusqu'au matin , on le laisse tranquille .Il n'y a pas de pique-niques , il n'y a pas de criailleries tout autour . Il n'est pas obligé d'écouter mille fois par jour les explication des guides : qui l'a bâti , quand , comment , pourquoi , pour combien et en combien de temps . Il n'est pas obligé de supporter les touristes qui se promènent sur son dos , derrière ses oreilles , entre ses orteils , écouter les claquements des appareils de photo , et qui tentent de deviner : est ce un homme ou une femme , un lion ou un homme ?
A part moi il n'y a personne qui le dérange , et je suis tellement silencieux que peut-être il ne s'aperçoit même pas de ma présence .
Avec son regard omniscient , c'est avec une indifférence surhumaine ,qu'il regarde pardessus ma tête cet idole merveilleux . Il regarde plus loin que les scintillements du Caire , les lumières de Shepheards Hotel et les immondices du Fischmarquet , plus loin que les innombrables futilités, plus loin que l'immensité du désert . Sa figure au nez cassé que la nuit argentée , comme par magie , embelli , et revêt d'un sourire mystérieux , énigmatique . Cette tête de pierre rugueuse, après avoir regardé pendant des millénaires la lune , semble regarder plus loin que l'astre argenté . Plus loin que le passé et le future , jusqu'à l'éternité , et au delà .
Ce sculpteur qui , il y a cinq mille ans , a travaillé ici , devait être un homme exceptionnel . Il a compris la notion de l'infini , il a senti l'insignifiance du temps , il connaissait parfaitement sa
propre insignifiance . C'est pour cela qu'il a pu créer quelque chose d'aussi grand .

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( 1 ) Probablement l' hôtel le plus chique de l'Afrique entre 1841 et 1952 , année où il a brûlé . Sa qualité a beaucoup baissée .
( 2 ) papagàj , le nom hongrois de perroquet .

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Soyez indulgents pour les fautes ou imperfections



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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty20.02.16 21:46

Voilà une séquence intéressante et inattendue
Belle méditation finale avec le Sphinx
Finalement, on voyage!

Bakonyi a écrit:
La traduction ne reflète qu'imparfaitement le texte hongrois
Si tu le dis...
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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty20.02.16 23:21

C'est pour le Sphinx que je l'ai mis ; Mais je n'ai pas voulu sortir de son contexte . et aussi à cause de ce contraste
entre le marché aux poissons , bruit , saleté ,tumulte , immoralité , et le calme et sérénité d'une statue plusieurs fois millénaire .
Demain je suis absent , mon fils vent avec sa famille .
A plus tard .
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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty23.02.16 17:55

Avant de continuer , quelques mots sur l'organisation des chasses dans les colonies anglaises dans les années1920-1930 .
Le nombre des animaux que l'on avait le droit de tuer , pour certaines espèces , était contingenté .
Girafe , un exemplaire dans la vie ; rhinocéros , deux par an ; certaines antilopes ou gazelles 2 ou plus ; les zèbres
n'étaient pas contingentés ; buffles 15 par an ( males uniquement , tuer une femelle : amande d'environ 1000 euros ) Toutes ces autorisations étaient payantes . Pour tuer un éléphant c'était tellement cher , que Széchenyi payait un éléphant , ce n'est que s'il l'a tué qu'il payait pour un deuxième .
La chasse aux lions était libre . Il lui est arrivé d'en voir 28 dans la même journée , dans la plaine de Serengeti .
La protection de la faune est intervenue beaucoup plus tôt dans les colonies anglaises que dans les colonies françaises .
En Amérique , aux Etats Unis , c'était comme ça aussi : deux ours bruns , deux élans ( orignal) , deux mouflons blancs des Rocheuses ( espèce qui n'existe qu'en Alaska ) . Le caribou n'était pas contingenté .
Peut-être je raconterai une chasse à l'ours .
Demain je ne crois pas que je pourrai continuer . En tout cas , à bientôt pour la suite .
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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty23.02.16 23:55

Tu as raison de préciser tout cela,
car cela évitera les cris d'orfraie ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Orfraie ) des ignorances...

Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Coucou03 de tout je suis preneur!
Donc quand tu veux, ce que tu veux...
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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty28.02.16 12:47

Nous changeons de continent . Amérique du nord , Alaska : chasse à l'ours
Autorisation d'abattre deux ours , deux élans ( orignal ) , deux mouflons blancs des Rocheuses , caribous non contingenté .

L' ours

Anchorage
le 9 sept. 1935


J'ai un peu de temps , j'en profite pour parler , vous faire connaître , quelques notions , pour éviter d'éventuelles confusions . Je voudrais vous présenter quelques aspects généraux des ours qui vivent en Alaska , ne serai ce que pour éviter des confusions . Parce que les ours d'Amérique comportent de nombreuses espèces et sous-espèces, avec des noms différents suivant les régions , et les variations de couleurs dans chaque espèce , a conduit dans la tombe pas mal de zoologues sérieux . Si possible , je vais mettre au claire , le plus rapidement possible cette question : combien d'espèces d'ours habitent en Amérique du Nord .
Je pourrais donner plusieurs réponses . Si je voulais vous épater , je dirais quatre vingt deux . Parce que , que vous le croyez ou pas , il existe des « savants » , qui reconnaissent ce nombre de sous-espèces , et ceci en s'appuyant sur des travaux scientifiques . Je les plains , ils ne vivront pas longtemps , ou finiront leur vie dans un asile . W.H. Wright, dans son livre The Grizzly Bear , travail reconnu comme sérieux , se contente de dix espèces en Amérique du Nord . Il est prudent , il ne veux pas jouer avec sa vie .
Les derniers travaux , écrits par des gens sérieux , ne veulent rien risquer , et se contentent de quatre espèces d'ours .


Ours blanc ( Thalarctos Maritimus )
Ours noir ( Ursus Americanus )
Ours grizzly ( Ursus Horribilis )
Ours brun géant ou ours kodiak (Ursus Middendorfi )


Moi-même je me range dans cette catégorie , quoique je me rangerais volontiers parmi ceux qui se contentent de trois , en estimant que l'ours kodiak n'est qu'une sous-espèce de grizzly . Ceux-là pensent : l'ours blanc , est blanc , donc c'est une espèce . L'ours noir est noir , donc c'est une autre espèce . Par contre le grizzly et le kodiak ont des couleurs qui va de brun foncé au jaune paille . Il y a des grizzlys brun foncé , et des kodiak jaunes , et inversement . Alors , pourquoi ne pas les mettre dans la même catégorie . Les deux races , par endroit , probablement se croisent .
Après ces explication , je crois que le lecteur est assez derouté par les ours de l'Amerique de Nord . Pour terminer encore une chose , que l'ours grizzly est présent à peu près partout dans le nord-ouest de l'Amerique , pas seulement en Alaska . Par contre l'ours kodiak n'est présent que sur les bords , pré du rivage , et sur les iles d'Alaska . . Et comme la science – seulement il y a trente ans –ne l'a reconnu pour la première fois officiellement , sur l'ile de Kodiak , elle l'a baptisé kodiak , pourtant la patrie de cet ours n'est pas seulement cette ile , comme je l'au déjà dit .
L'ours géant est le plus grand carnassier terrestre . La longueur de la peau d'un mâle adulte est entre 270 ett 320 centimètres . Son poids entre 700 et 900 kilos Il y a deux ans a été tué le plus grand kodiak , sur l'ile Kodiak , sa longueur était de 345 centimètres .
L'ours géant vit presque exclusivement de poissons . Et comme la migration des saumons de différentes variétés dure depuis le début de l'été jusqu'à tard dans l'automne , tous les kodiaks s'engraissent avec du saumon . Je viens de lire que l'on peut estimer la consommation journalière d'un ours à environ 30 kilos de poissons .
Mais je ne veux pas ennuyer plus longtemps le lecteur avec ces explications . Seulement je souhaitais , plus ou moins , présenter , familiariser, avec le plus grand carnassier , il est le roi incontesté de ce pays sauvage , qui est trois fois plus grand que le lion, mais tellement modeste , qu'il passe toute sa vie , paisiblement , à exercer le métier de pêcheur .
Mais j'avoue, pour le moment , moi-même , je ne le connais que par oui-dire . Toutefois , j'espère que bientôt je pourrai le saluer face à face .


__________________________________


Nous embarquons sur un bateau minable , dont seul le nom est flambant : La reine des tulipes ! Ce bateau va nous déposer dans un coin sauvage , à une centaines de kilomètres de tout endroit habité . Et nous nous donnons rendez-vous dans 15 jours , nous ne pouvons pas le garder pendant tout ce temps . D'ici-là , nous serons coupés du reste du monde . Nous débarquons , avec tout notre bardas , que nous chargeons dans une barque trainée depuis Anchorage derrière « La Reine » . Avec cette barque , en halant , nous remontons une rivière qu'Andy ( ancien trappeur converti dans l'organisation d'expéditions de chasse , et accompagnateur de l'auteur ) connais . Il a campé avec un collègue il y a cinq ans , pour une chasse à l'ours . Selon lui , depuis ce temps plus personne n'a chassé dans ce coin , et avant , encore moins . Il a rapidement trouver l'emplacement de son ancien campement , et nous montre , à Hjalmar ( un autre accompagnateur ) et moi , le crane de l'ours qu'il a tué à ce moment , accrochée par un fil de fer sur un peuplier . C'était au printemps , au moment où la fourrure est la plus belle . On nous a donné 100 dollars , à mon ami et moi .
Il pense que c'est dans ces parages que un trappeur passait les hivers à piéger . Mais on ne l'a pas vu depuis des années . Les trappeurs , en général vivent au milieu de la forêt , loin de tout endroit habité , dans une cabane qu'ils ont construit eux même . Leur temps de travail est l'hiver . Fin mai , quand les peaux ne valent plus rien , le trappeur arrête de travailler . Et il va dans la ville la plus proche , vendre ses peaux . Et avec ça , il se repose , mais surtout il fait la fête . Le bon trappeur boit tout ce qu'il a gagné l'hiver . Avec le peu qui lui reste , il achète de quoi vivre en hiver , et quelques pièges neufs , puis en octobre retourne pour les huit mois d'hiver , seul , dans sa cabane . Il continue cette vie dure tant et si bien , qu'il arrive un printemps où l'aubergiste attend en vain le client du mois de mai qui paie bien .
Parce que il n'y a personne pour aider le trappeur qui tombe malade , ou qui se casse une jambe pendant une tournée pour relever les prises de ses pièges . Old Jack hasn't come in this sring – c'est tout . Tout le monde sait ce que cela veut dire ici en Alaska .
Moi , j'espère que « La reine des Tulipes » reviendra nous chercher dans deux semaines . Parce que la forêt et les environs ont beau êtres de toute beauté , je n'aimerais pas passer l'hiver ici .
Donc , Andy ayant trouvé l'emplacement de son ancien camp, nous déchargeons la barque . Andy appelle cette rivière Muddy River . C'est inimaginable les affaires qui sont nécessaires pour 15 jours . Pourtant nous ne sommes que trois . Deux tentes , deux poêles , fusils , munitions , et bien sur , la nourriture avec la batterie de cuisine . Nous travaillons en bras de chemises , les manches retroussées , et nous transpirons . Le soleil chauffe , comme chez nous . C'est vraiment incroyable ces changements de températures .
Il est possible que demain nous ayons une tempête de neige – dit Andy en guise d'encouragement – nous pouvons nous attendre à l'arrivée de l'hiver . Ce temps n'est qu'un hasard : temps chaud et ensoleillé inhabituel .
Pendant que mes deux accompagnateurs s'occupent d'installer notre campement , je vais faire un tour aux alentours . Sans fusil , juste avec un baton . Je longe la rivière , et pas loin , à portée de la voix , je trouve des traces d'ours . Des traces fraiche , pas plus d'un jour , parce que les contours sont nets , précis . Je suis les traces pendant un moment . Elles mènent au bord de la mer . Là , l'ours s'est couché , probablement pour prendre un bain de soleil . Pour son retour , à une centaine de mètres il a traversé le ruisseau , pour aller vers le Muddy river , qu'il a remonté , pour regagner la forêt .
Dans cette rivière il y a peu de saumon . Apparemment la remontée des poissons tire à sa fin . Le gros des troupes sont plus haut , dans les rivières plus petites , vers la montagne . C'est là que nous devrons aller pour trouver les ours .
Cette fois-ci je suis plus à l'aise , seul dans ma tente , contrairement au camp pour la chasse aux mouflons blancs . Dans l'autre tente sont installés Andy et Hjalmar . J'ai même un petit , tout petit , poêle dans la tente . Pour le moment il n'a pas d'utilité .



Le 11 septembre
Camp Muddy River

Ce poêle est un véritable trésor . L'air est devenu tellement froid , que déjà hier soir , je l'ai allumé . Et notre eau que nous avons mis dans un seau , dehors , était gelée . Mais de nouveau , le soleil brille et c'est avec beaucoup bonne volonté réchauffe l'air , c'est une belle journée d'été qui se prépare .
Notre intention est d'aller faire un tour , mais l'après-midi seulement . Nous nous somme rendu compte , que nos tentes sont juste à la limite de l'eau au moment de la marée . Alors ce matin nous déménageons un peu plus haut , pour nous mettre à l'abri de la mer .
Cest en rangeant nos affaires , que nous nous apercevons que mon appareil de photo avec téléobjectif est resté sur le bateau . C'est incroyable que trois hommes étaient incapables de voir qu'il manque un objet de cette taille . Pourtant , c'est plus d'une fois que nous avons vérifié nos affaires , que nous sommes descendu dans le cagibi du bateau , en vain . Je n'ai que mon kodak , mais avec ce petit appareil , je ne pourrai pas faire des photos d'animaux acceptables .
L'après-midi , dès que la marée s'est retirée , nous partons au bord de la mer . Nous traversons beaucoup de petits ruisseaux , quelque fois assez profonds , et l'eau passe pardessus les bottes . Mais ce n'est pas seulement ça qui nous retarde . Cette promenade au bord de la mer , ce 'ratissage » est tellement intéressant , que nous nous arrêtons très souvent . Beaucoup de déchets sur le sable , toute une collections d'objets insolites . D'énormes troncs d'arbres , devenus tout blanc à force de voyager , Dieu sait où ils on poussé , d'où la mer les a amené ici . Des planches , des poutres , témoins muets de naufrages inconnus .
Nous trouvons même un vieux canot à moteur , à moitié enfoncé dans le sable . Nous le dégageons , le moteur est toujours là . Quelle devait être son histoire ? Où sont passé ses occupants ? D'où venaient-ils , là , ou même les oiseaux sont si rares ? Où dans un rayon de cent kilomètres il n'y a âme qui vive . Combien de secrets , quels tragédies , ces objets gardent pour jamais ? Combien de romans pourrait inventer une imagination fertile ?
Nous avançons doucement , en regardant à gauche , à droite , en examinant les traces . Apparemment les ours viennent souvent « ratisser » le bord de la mer , eux aussi . Nous déduisons cela des nombreuses traces laissées dans le sable.
Nous marchons tout doucement , et examinant les traces . La forêt de sapins arrive jusqu'à la limite du sable . Elle est très épaisse . Nous tentons de penetrer à plusieurs reprises , mais le sous-bois est tellement serré , plein de ronces , mais nous y renonçons . De toutes façons nous n'y voyons aucun intérêt , aujourd'hui notre but est de découvrir le rivage . Nous pouvons nous promener jusqu'à la nuit , au bord de l'eau nous ne pouvons pas nous perdre . En plus , cette nuit sera claire , avec une claire de lune , pour nous éclairer .
Devant nous , au bord des sapin , nous apercevons quelque chose de marron .
Non , non ! Tranquilisez vous , ce n'est pas un ours , il n'en est pas question . Mais qu'est ce ? De loin , on dirait un bateau à moitié effondré .
Ce n'est que quand nous nous approchons , que nous découvrons que c'est habitation . Une cabane cachée sous les sapins .
By God –dit Andy – must be poor old Jack il devait habiter ici le pauvre vieux Jack le trappeur celui dont j'ai parlé l'autre jour . Celui de qui nous n'avons pas entendu parler depuis des années . Quand , il y cinq ans nous campions dans les parages , nous ne venions jamais au bord de la mer . C'était au printemps , c'est en haut dans la montagne qu'il fallait chercher les ours . Je n'avais pas la moindre idée qu'il vivait ici .
C'est avec une certaine appréhension que je m'approchais de la cabane . Je n'avais pas envie de contempler les restes de plusieurs années , du pauvre Jack . Parce que sans doute que c'est dans cette cabane qu'il a rendu l'ame
J'ai été soulagé quand j'ai vu la porte clouée de l'extérieur , donc son occupant ne devait pas être dedans , qu'il a quitté la cabane . Il y a même une pancarte qui pend sur un clou , des mots à peine lisibles , lavés par les intempéries . Nous déchiffrons avec difficulté : Cette maison avec tout ce qu'elle contient est la propriété de Jack Muller. Quiconque touche quoi que ce soit , répondra devant la loi pour vol .
Oct. 1930 .
La cabane est en assez bon état . Il n'y a que le toit qui commence àse dégrader.
Nous jetons un coup d'oeuil à travers la minuscule fenêtre aux carreaux cassés : dans la pénombre un lit en planches , avec quelques vieux chiffons . eparpillés sur le plancher des pièges rouillés, des boites de conserves ,
une paire de bottes déchirées , des raquettes cassées , une casserole sur un poile en fer . Et ce qui est le plus saisissant , dans une boite de conserve , une bougie éteinte : la flamme de la vie du vieux Jack .
Où partait il . Pourquoi il a si consciencieusement cloué sa porte ?
Les environs de la cabane est plein de traces d'ours . Ils faisaient le tour de la cabane , ils voulaient entrer , chaparder . Mais la fenêtre est trop étroite , et la porte est solidement clouée . C'était un homme consciencieux , le vieux Jack . En quittant sa maison , il ne l'a pas laissée ouverte à tous les vents .
Nous obéissons aux injonctions clouées sur la porte : nous netouchons à rien . Nous ne voulons pas affronter la justice . Nous allons plus loin , continuer notre promenade de reconnaissance .
Brusquement la forêt prend fin . Plus exactement elle s'éloigne de la mer . Elle laisse la place à un grand champs , un peu marécageux , qui fait une tache vert clair , contraste le vert sombre de la forêt . Il y a quelques petites groupes de sapins dans le champs . L'endroit est calme , convient très bien aux bêtes sauvages
Nous décidons de ne pas aller plus loin . Nous nous asseyons au bord de la forêt , peut-être verrons nous quelque chose ?
Pendant une demi heure nous nous reposons , enfumant nos pipes , et en parlant de la vie d'ermite des trappeurs . Andy faisait ce metier pendant plusieurs années . Il passait les hiver seul , en piégeant . C'est volontiers que je l'écouterai , si seulement il consentait à parler un peu plus . Je dois arracher chaque mot .
Finalement , cela me fatigue , et pour pour finir , je prend encore une fois mes jumelles . Minutieusement je regarde tout les coins du champs , mais rien , même pas un oiseau . On n'entend qu'un seul bruit : le bruit monotone des vagues de la mer qui arrivent sur le rivage .
Un peu plus loin , deux sapins couchés l'un sur l'autre , abattus par le vent . J'y vais , je grimpe dessus , de là je verrai plus loin .
Pendant un instant , je crois vraiment que c'est mon imagination qui joue un tour . Je ne veux pas croire mes yeux . Je regarde encore une fois , je ne veux pas que l'on se moque de moi .
Pourtant c'est ça . Pour de vraie .
Un ours gigantesque , la-bas au bord de la forêt .
Je quitte mon observatoire ,je ne le vois plus , une touffe de sapins me le cache . Mais je ne crains pas qu'il me découvre , le vent souffle dans la bonne direction .
Andy est déjà là . En voyant mes gesticulations désordonnées , il est tout de suite à coté de moi.
Nous montons tous les deux sur le sapin couché .
Il est la-bas . Mais il n'est plus en bordure de la forêt . Il avance vers le milieu du champs . Il s'approche de nous . Il est énorme . Comme un buffle ! Quand il est de profil , On voit la grande bosse au garrot
Mais Andy n'est pas enthousiasmé :
Ce n'est pas un grand ours , murmure derrière mon dos , son opinion de connaisseur .
Quoi -- je réponds , peut-être il ne vaut pas le coup de fusil ? J'en ai jamais vu d'aussi grand , même pas dans un zoo !
He it no very big . Still , we cant afford to leave him - dit Andy -- , mightneversee another . Let' go .
Et nous nous empressons pour l'approcher . En faisant attention de se cacher derrière des bosquets de sapins . Mais nous faisons trop de bruits dans l'eau qui est à fleur des herbes . Je grimpe sur un arbre : l'ours va directement vers la mer . Probablement il va faire "l'inventaire" du bord ; Tant mieux .
Il est encore à quatre cents pas environ . Nous pensons qu'il vaut mieux de suivre le bord de la forêt , nous avancerons avec mois de bruit , et beaucoup plus vite qu'à travers le champ avec ses innombrables petit ruisseaux
Pendant ce temps- là , nous ne voyons pas l'ours . il nous faut dix minutes pour arriver vers le bord de la mer , là où la forêt s'arrète . Nous nous trouvons sur une petite monticule ,d'où nous voyons tout le champ , mais l'ours -- disparu .
Incompréhensible . Il n'a pas pu nous voir , ni sentir notre présence . Et si il a décidé de retourner dans la forêt , en si peu de temps il n'aurai pas pu y arriver .
Pas de colline , pas de bosquet , rien où il aurai pu se cacher . Où peut-il bien être ? A moins que . . . dans ce petit ravin qui travers le champ , avec un ruisseau au fond .
De là où nous sommes , on voit le ruisseau , qui tourne à gauche à droite , qui serpente , coule , au fond d'un ravin plus ou moins profond . Peur-être nous aussi , nous devrions nous cacher dans le ravin . et approcher vers le milieu du champ , à l'abri du regard .
Andy est déjà en bas , je suis en train de descendre . Et juste à ce moment , j'aperçois l'ours .
Effectivement , il était dans le ruisseau , c'est de là qu'il remonte sur la haute berge , à peine à deux cents pas de là .
Inutile de dire que nous sommes déjà couchés dans l'herbe , il n'y a que le bout de notre nez qui dépasse . Et l'ours , comme s'il n'attendait que ça , avance tout doucement au bord , directement vers nous . II avance doucement . Il s"arrête de temps en temps , il cherche des odeurs , parfois redescend dans le ruisseau , il cherche des saumons . Mais apparemment il n'en trouve pas , et il continu à venir vers nous , comme si nous l'avions appelé .
Il est à peine à cent pas , je pourrais tirer facilement , mais pourquoi,me presser ? Puisqu'il vient , bientot nous pourrons lui lancer des pierres .
Images inoubliables ! Quelle occasion pour faire des photos magnifiques ! Et mon gros appareil est resté sur "La reine Tulipe" , et dans notre précipitation , nous avons oublié l'autre appareil dans le sac à dos laissé en arrière .
L'ours s'arrête . Avec la tête levée , il sent , cherche des odeurs, mais pas vers nous . Il cherche l'odeur des poissons . Un animal magnifique marron sombre , sur le dos la couleur devient plus clair , tirant sur le jaune . Le vent , de temps en temps , soulève les poils de son manteau de fourrure . La croix de ma lunette viseur danse sur son épaule ,je ne peux pas le manquer Mais j'attends encore un peu . Qu'il arrive un peu plus pré .
Il doit être à vingt pas . Tranquillement je vise sa grosse tête , et -- juste au moment où je
tire , il met une patte au fond , dans le ruisseau -- et ma balle passe au dessus de l'animal . . .
Avec un grognement sonore il saute sur le coté , et s'enfuit rapidement . Je me mets debout , moi aussi , et en visant bien devant , et je tire . Il fait trois ou quatre culbutes , en passant sur la tête ,
en poussant des cris de colère,une grosse boule de poils sombres . Mon tire était un peu court , je l'ai touché trop en arrière . . Il s'assoie , fait claquer ses mâchoires , en colère . .. . Je le tire à la tête . Il s'étend . C'est fini .
C'est un male dans la force de l'age . Il me semble énorme bien qu'il ne fait pas partie des vrais géants . Andy pense que sa peau ne doit pas faire plus de deux mètres cinqantes . Par contre sa fourrure est magnifique , une fourrure d'hiver . Nous ne nous attendions pas à cela au mois de septembre . C'est une fourrure que l'on trouve au printemps . Sa couleur est foncée , café noir , avec la haut de la tête et le dos plutot crème foncée .
Andy dit que c'est un grizzly , alors que dans ces parages , c'est les kodiak qui sont en grande majorité . C'est dommage qu'il n'y est pas quelques spécialistes , maintenant ils pourraient se disputer sur l(origine de l'ours : est ce un grizzly ou un kodiak ? De toutes façons , cela m'est égal . Je ne vois qu'une chose , c'est un bel et grand ours .
Le premier ours de ma vie !
Comme je l'ai manqué avec ma première balle ; poutant j'étais si sur Il ne faut pas laisser approcher un gibier dangereux aussi pré , on n'a pas le temps de recharger le fusil s'il attaque .
Il fait trop sombre , on ne peut pas photographier . Nous ne le dépouillons pas , , nous reviendrons demain . Moi , c'est à contre coeur que je le laisse . Mais Andy me rassure , ici il n'y a rien qui pourrait l'endomager . C'est vrai , ici il n'y a ni vautours , ni hyènes . Mais les autres ours ne pourraient pas faire des dégats ?
Nous le vidons . Nous le couvrons avec des branches de sapin . Nous le laissons sur place .
Nous repartons le long du bord de la mer , éclairé par la pleine lune , accompagnés par le bruits des vagues contre le sable , nous sommes de bonne humeur .
C'est vers dix heures que nous arrivons au camp . Hialmar nous attend avec une surprise : avec ma petite carabine , il a tiré un canard sauvage . Nous dinons d'un canard roti . Jamais j'en ai mangé d'aussi bon . Hialmar , très adroit , a fabriqué une table et trois sièges , avec des bouts de planche et des bouts de bois
qu'il a ramassé sur le bord de la mer , apportés on ne sait d'où . La lune brille , le froid est vif . Mais nous n'allumons pas de feu . Nous ne tenons pas à signaler notre présence à tous les ours de la région .
Pendant que nous mangeons , il n'est question que de mon ours . Que c'était tellement facile de l'avoir , dès le premier jour . Et si c'est aussi facile , qu'allons nous faire pendant les quinze jours en attendant le retour de notre bateau . Parce que quand nous aurons tué le deuxième ours , la chasse est finie . Et Anchorage
est trop loin pour appeler la Reine tulipe en criant , ou en envoyant des signes de la main . Est ce qu'il n'aurai pas été plus sage de laisser cet ours ? En quinze jours , nous pouvions trouver des plus grands , il y a tellement de traces d'ours , sûrement nous pouvions voir des plus grands . Et patati et patata .
Andy secoue la tête :
C'eut été dommage de laisser partir ce bel ours -- always make sure of your first one -- il faut toujours assurer le premier . Comme ça en automne la chasse à l'ours , c'est toujours une loterie . Je ne serais pas étonné , si à part celui-là , on n'en verrait pas d'autres . Au printemps , la situation est toute différente . A ce moment à longueur de journées ils sont allongés sur la neige , à découvert , prenant des bains de soleil , affaiblis par leur long sommeil d'hiver . A ce moment , c'est facile de chercher les grands . La forêt d'aulnes sans feuilles est "transparent" , on peut voir la tache noire de chaque ours . Mais en ce moment , surtout avec le claire de lune , ils ne se montrent que la nuit , il ne pêchent que tard , quand il fait sombre . Ne regrettons pas de l'avoir tué . Ce n'est pas facile en ce moment .






Le 12 septembre
Camp " Muddy River"

Après la gelée blanche , la journée s'annonce de nouveau bien ensoleillée .
Nous allons tout doucement jusqu'à l'ours.
Il n'a subit aucun dégat . Pourtant j'avais grande peur qu'il soit entamé par une bête .
Pendant que nous le dépouillons , une grande bande de grues arrive le long du rivage . Elles volent bas , et même se posent à environ deux cents pas de nous . Je veux tirer , mais le temps d'aller chercher mon fusil , elle s'envolent. Elles prennent vite de la hauteur , et prenne la formation habituelle en forme de V. Au dessus de nous , elles prennent la direction du nord . Je tire deux fois , peut-être l'une ou l'autre sera assez folle , et se mettra en travers d'une balla . . Mais elle ne font pas attention , mes balles ne dérangent même pas leur formation .
Nous nous occupons de la peau . Il y a beaucoup de graisse dessus , c'est ça que nous nous efforçons d'enlever . Tout d'un coup , nous avons une visite : une vielle mouette gris foncé , à la figure chagrine . Elle se pose à peine à une longueur de jet de pierre , elle se récroqueville , frileuse , et observe notre travail . Puis , comme si nous n'étions pas là , elle avance vers les vicères de l'ours , et commence à y piocher . Une mouette !Une mouette charognarde , "une mouette-vautour".
Malheureusement je n'ai que mon petit appareil . J'espère réussir quand même , parce que notre visiteuse se laisse photographier à cinq mètres . Après s'être salie avec cette nourriture sale , elle va se baigner dans la mer , à quelques mètres de là . Elle se lave consciencieusement , s'ébouriffe dans l'eau , , s'immerge , se secoue . Une fois bien propre , elle revient piocher dans les intestins de l'ours .
Arrivent d'autres convives , non invités : trois pies se posent sur un sapin proche . L'instant d'après elles sont par terre , et en jacassant sans vergogne , arrivent en sautillant jusqu'au déjeuner appétissant . La mouette ne les regarde même pas , elle continue à manger . Elle sait que de toute façon , ce grand tas de nourriture dépasse sa capacité "d'absorbtion" . Mais les pies ne mangent pas là . Elles arrachent un morceau de victuaille , et s'envolent sur le sapin , et c'est là qu'elles mangent . Dommage que je n'ai plus de pellicule , et que je ne peux pas rapporter des images des pies d'Alaska .
J'ai toujours entendu que toutes les pies n'avaient pas la queue bicolore . Mais là , j'ai pu me rendre compte que la queue des pies d'Alaska est bicolore . Autrement dit , elles sont absolument identiques aux notres . Il n'y a que leur jacasseries qui me sembles légèrement différentes . Elle ne jacassent pas en hongrois .
Nous suivons l'exemple des oiseaux , et nous aussi , nous mangeons un morceau .
Puis nous partons vers la forêt . Nous laissons la peau sur place , nous avons encore trois heures avant qu'il commence à faire sombre . Le grand champs où nous avons aperçu l'ours la veille , est traversé par trois ruisseaux . Nous choisissons le plus prometteur , et nous le suivons , aussi loin que le temps nous le permet . Nous trouvons énormément de traces d'ours , mais , c'est dommages , parce que toutes les traces sont anciennes . Nous trouvons beaucoup de saumons crevés , qui puent . Apparement cela doit faire quinze jours que le gros de la troupe est passé . Et les traces smeblent nous donner raison . Nous tentons de progresser en remontant le ruisseau , mais nous devons utiliser la hache pour progresser , tellement les rives sont envahies par la broussaille .
Bientot nous abandonnons notre progression . Avec le bruit que nous faisons , il serait etonnant qu'un ours nous attende .
Après notre "promenade" sans succés , nous prenons la peau de l'ours , et nous prenons le chemin du camp . Nous suivons le chemin que nous connaissons , le long de la mer . Une belle soirée silencieuse . Nous aussi , nous restons silencieux . Nous sommes accompagnés par le murmure de la mer d'un coté , et par le silence sérieux de l'immense forêt de l'autre .
Au-dessus de la forêt , du haut de sa solitude majestueuse , nous regarde "le volcan glacé" , la tête enneigée de l'Iliamna . Il fume tranquillement sa pipe d'après souper . A le voir comme ça , tu ne croirais pas qu'il peut se mettre en colère . Pourtant , j'ai entendu , qu'il y a trois ans il jetait loin dans la mer le contenu de son estomac dérangé .







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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty28.02.16 17:19

Super, passionnant avec ses descriptions et ses traits d'humour
- merci bien pour cet extrait de Alaszkában vadásztam dont je trouve le pdf (2e site, là):
Code:
https://www.google.fr/search?q=lhuillier21&biw=1280&bih=699&source=lnms&sa=X&ved=0ahUKEwjO75jTyprLAhWBoRoKHf0FDz4Q_AUIBSgA&dpr=1#q=Sz%C3%A9chenyi+Zsigmond+medve+Alaszk%C3%A1ban+vad%C3%A1sztam
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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty29.02.16 16:56

Un extrait de Csui



Le 2 janvier 1929
Camp Logitua Pays massai


Le lion à la crinière noire.


De nouveau c'est un lion qui a dérangé notre tranquillité de la nuit . C'est Ndolo qui m'a secoué , qui m'a réveillé en disant : viens vite parce que simba ( le lion ) va entrer dans ta tente ! Et deux secondes plus tard , un rugissement à faire dresser les cheveux sur la tête . D'après les traces relevées le matin , au lever du jour , il était à peine à quarante pas de la tente .
Je jette la robe de chambre sur les épaules , j'enfile mes pantoufles , Ndolo me met dans la main le fusil chargé et je sors dans le noir . La lune qui joue à cache-cache avec les nuages éclaire à peine , mais s'il était prês , on pourrait voir le lion . Mais rien à faire on ne le voit pas . Nous faisons le tour du camp en nous éclairant avec des lampes électriques et des torches , nous regardons à gauche à droite , tout autour , mais rien , nous ne voyons rien .
Ce lion se moque de nous . Voilà que c'est la deuxième fois qu'il s'approche de ma tente , il pousse un rugissement , il me fait sauter du lit , il me fait peur , et quand je suis prêt à lui répondre , il disparaît . Il est temps que ce soit moi qui le surprenne .



Dès le lever du jour , je quitte le camp . Je prends la direction du sud , d'où le faible vent du matin apporte encore quelques voix des lions . D'après le bruit , je pense qu'ils doivent êtres à une bonne heure de marche . Mais à peine que le soleil est-il levé , que comme d'habitude , ils se taisent . Malgré cela , je continu d'avancer dans cette direction , jusqu'à ce que j'arrive à un ravin , au fond duquel , dans le sable , je trouve des traces de lions fraîches . Ce ravin , ou plus exactement le lit d'une rivière desséchée , est très tortueux , tourne dans tous les sens . Au sommet de chaque bord il y a des broussailles , des arbres , dont les branches descendent jusqu'au fond , comme des rideaux .
Nous suivons le ravin tortueux . Les nombreuses trace montrent que vraisemblablement , les lions que nous cherchons ont leur campement ici . D'ailleurs , il n'y a qu'ici qu'ils peuvent se cacher , excepté les broussailles qui bordent les deux cotés du ravin , il n'y a pas d'endroit où ils peuvent se dissimuler .
Le petit ravin fait un tournant brusque . Je cherches des traces et je reste quelques pas en arrière de Ndolo , qui pousse un cri étouffé : simba , et se jette à plat ventre . . .
D'un bond je rejoins Ndolo , mais je n'aperçois les lions qu'une seconde , et déjà ils sont derrière les broussailles ! Devant la femelle , derrière le mâle , énorme , avec sa crinière foncée , presque noire . Aussi vite que je peux , je cours le long du ravin , en espérant les apercevoir de nouveau . . . Mais non . On dirait qu'ils ont disparu , que la terre les a avalés .
Cette scène s'est passée d'une façon tellement inattendue , tellement rapide :
« Simba!-- La-bas ! -- Femelle ! – Mâle ! -- Tirer ! « – Mais avant que je mette le doigt sur la gâchette , le rideau de broussaille s'était fermé derrière les fuyards .
Le souffle coupé , nous nous concertons sur l'action à entreprendre . Nous devons nous presser , ils ne doivent pas êtres bien loin , nous ne devons pas renoncer de les retrouver . Dans la grande précipitation tout mon savoir linguistique pour communiquer avec mes hommes s'envole !
Bégaiement , bafouillage , gesticulations , nous ne nous comprenons pas .
Mais finalement nous arrivons à faire un plan . Moi , en m'éloignant du ravin , en courant autant que je peux , je me poste à cinq , six cents mètres lus loin , au bord du ravin . Ainsi , j'espère que je couperai leur route . Et mes accompagnateurs , en criant et en lançant des pierres , pousseront les lions vers moi .
Le programme se déroule comme prévu , sauf la fin . Pas de lions . Comme avalés par la terre , disparus .
Mais nous n'abandonnons pas l'espoir . Nous essayons , avec la même tactique , une traque beaucoup plus longue , sur cinq ou six kilomètres . Toujours pas de lions . Maintenant je ne doute plus . Ils ont été avalés par la terre .
Si cette fois ci ils ont sauvé leur peau , je regarde avec confiance les jours suivants . Il est évident que les lions campent dans ce ravin . Le sable du fond de la rivière desséchée est plein de leurs traces . Je n'ai pas tiré un seul coup de fusil dans les environs , donc il est peu probable qu'ils abandonnent rapidement leur coin habituel . Alors maintenant la question est , comment mettre la main sur eux . Tout le long du chemin pour rentrer dans notre camp , c'est la seule question qui nous préoccupe . Nous soupesons différentes solutions . De toutes façons , je ne suis pas capable de penser à autre chose . Il n'y a qu'une chose qui est importante . Le grand lion mâle .
Je vois sa grande taille sans arrêt devant mes yeux , et mon imagination ne cesse de le grandir . Sans cesse je revois son grand collier foncé qui flotte , bien que je ne l'aie vu qu'un instant , je ne pourrai jamais l'oublier . Dans mes rêves inconscients je vais jusqu'à penser au mur de ma maison . . . Est ce qu'il est assez haut pour pouvoir suspendre la peau de ce lion ? Je vends la peau de l'ours – je veux dire du lion – avant de l'avoir .


Nous avons décidé que demain nous allons déménager . Nous allons installer notre campement plus pré de l'endroit où j'ai vu les lions . Cet après-midi je ne vais pas dans cette direction , je veux les laisser tranquilles . Qu'ils restent en paix pendant un ou deux jours . A partir de notre futur campement , je vais mener une « offensive » en règle .



Le 3 janvier 1929
Camp Longitua, pays massai

Pendant la nuit nous n'avons pas entendu un seul lion . Aucun bruit , aucun cri ne venait du coté du ravin , là où était le grand lion avec la belle crinière . J'espère qu'il n'a pas été dérangé par mon incursion sur son domaine . Il n'est pas parti chercher un endroit plus tranquille ?
Nous faisons nos bagages , nous partons vers notre nouveau campement . Après un parcours plein de cahots , nous déchargeons et installons le camp . Les massais appellent cet endroit Talek . Le repaire du grand lion , s'il est encore là , est à une demi heure de marche d'ici .
Une fois le camion déchargé , nous désignons l'emplacement des tentes , de la cuisine et le magasin à « trophées » , puis , je pars vers le « donga » ( le ravin laissé par la rivière sèche à cette époque de l'année ) . En faisant doucement , avec beaucoup de précautions , j'inspecte les environs . Il me semble que les lions sont encore là . Je n'en ai pas vu , mais il me semble que les traces sont fraîches , quoiqu' il soit difficile de différencier les traces fraîches des traces anciennes dans le sable sec du ravin .
J'ai décidé que j'allais mettre un zèbre- appas au même endroit que celui où je les ai vus hier . S'ils en mangent , ou s'ils le traînent pour le mettre à l'abri , je recommence le lendemain . En les nourrissant régulièrement , peut-être j'arriverai à les avoir par la ruse .
Vers midi , en retournant au camp , Ndolo , qui marche devant moi , pousse un cri strident , et fait un grand bond sur le coté – inconsciemment , je fais de même – les hommes se mettent à courir , moi aussi .
Tout cela c'est passé à la vitesse de l'éclair , que je n'ai rien compris . De quoi s'agit-il ? Les deux hommes qui m'accompagnaient tremblent de peur et d'excitation , ils bredouillent , moi aussi j'ai peur --- mais j'aimerai savoir pourquoi , et de quoi !
En faisant le saut , je n'ai vu que devant Ndolo , il y eu comme un éclair noir sorti de terre , je n'ai pas eu le temps de voir la chose de plus prés . Une fois le calme revenu , il est devenu clair , que c'était un mamba noir – la terreur de tous les chasseurs noirs et blanc -- gros comme un bras , qui s'est levé jusqu'à la hauteur d'un homme devant Ndolo . Ce serpent rare mais le plus dangereux d'Afrique que l'on rencontre très rarement . Stub ( chasseur et guide européen , organisateur de safaris professionnels ) dit que dans les dix dernières années il n'en a rencontré que deux . C'était terrifiant comme il a jailli dans les herbes , comme une fusée .
Les homes se sont armés de gros bâtons , moi , je tenais la carabine prête à tirer et nous sommes revenu chasser le serpent . Entre temps , il a disparu . Il a du trouver un trou , et il s'est caché .
Ces jours- ci je rencontre souvent des serpents . A tel point , qu'automatiquement j'évite les touffes d'herbes et les buissons .
Stub , en a assez des mouches , moustiques et autres bestioles , malgré sa peau tannée depuis des années , et il s'est souvenu que nous avions une « chambre » en moustiquaire , qui doit faire deux mètres sur deux ,et deux mètres de haut , nous protège des insectes . Ce filet est dressé sur quatre piquets , ce qui fait un cube deux mètres de coté une fois installé . Ah , si j'avais su que nous avions cette « chambre » , il y a longtemps que je l'aurai fait installer . Quelle tranquillité ! Le soir , pour tenter de se mettre à l'abri des insectes , nous installions la lampe sur un arbre à huit dix mètres de notre table . Ce qui fait que nous ne pouvions voir ce que nous mangions , potages et ragoûts étaient quand même mélangés avec des moustiques , papillons , mouches etc. . .
Istvàn et moi , nous en avons assez de tuer des zèbres tous les jours , pour servir d'appât aux lions . Aussi nous avons envoyé Ndolo et deux hommes avec le camion , qu'ils tuent deux zèbres , un pour chacun . En leur enjoignant d'aller assez loin pour ne pas déranger les lions des environs . Nous voulons éviter tout bruit inutile dans les environs . Les lions savent ce que c'est un homme blanc , et connaissent le bruit des détonations . Quelques coups de fusil irréfléchis , et nous pouvons courir derrière les fauves .
Ils sont revenus en fin d'après-midi , avec les deux zèbres . Il prétendent avoir vu une panthère se promener juste à coté du camion . Ah ! Quand un de nous n'est pas là , on peut être sur qu'ils rencontrent des animaux extraordinaires : rhinocéros , buffles , panthère et lion , et Dieu sait quoi encore . Le mieux est de ne pas croire ces nouvelles , pour ne pas se mettre en colère .
Avant la tombée de la nuit , nous avons juste le temps de mettre un des deux zèbres du coté de la tanière du grand lion , l'autre étant placé à un endroit choisi par Istvàn .
J'écris à la lueur de la lampe , protégé par la moustiquaire , très appréciée , installée aujourd'hui . L'armée de moustiques bourdonne dehors . Que m'importe ,puisque je suis dedans . C'est agréable d'écouter ici , de quelle façon ils assiègent en colère , mais impuissants , la moustiquaire . Vous n'avez qu'à vous manger entre vous , aujourd'hui je ne servirai pas de nourriture .
Notre dîner n'est pas encore servi , que les lions commencent à se faire entendre .
Après quelques grognements préliminaires , ils se lancent dans des rugissements tonitruants . Ils ont trouvé le zèbre . C'est de là-bas , à un millier de pas à vol d'oiseau , qu'arrive leur concert impérial . Ils doivent être trois . Un qui rugit à pleine gorge , les deux autres ne font entendre , pour le moment , qu'un accompagnement de grognements .
Ah ! C'est merveilleux de les entendre . Inégalable , incomparable , vraiment des sons uniques . Chaque fois que je l'entend , autant de fois je suis saisi . Tellement incroyablement hautain , méprisant , n'admettant pas la moindre contradiction , c'est une voix de la force de la nature . Il me semble voir comment se terrent les autres animaux --- comme nous , surpris par un coup de tonnerre , involontairement , nous enfonçons notre cou dans le col du manteau .
Peut-être pourrai-je les surprendre au lever du jour .Je n'ai peur que d'une chose : s'ils commencent si tôt , ils vont mettre le zèbre en miettes , je ne trouverai même pas un os .
Je n'arrête pas de louer notre moustiquaire . Nous pouvons dîner en toute tranquillité . Nous pouvons mettre la lampe sur la table , et nous voyons ce que nous mangeons . Jusqu'à présent , la lampe était accrochée sur une branche à cinq six mètres , pour attirer les insectes . Mais bien entendu , nous ne pouvions voir ce qu'il y avait dans les assiettes , aussi , c'est au hasard que nous cherchions les morceaux de viande ou de légumes . Maintenant il n'y a pas un « doudou » ( insecte ) . Maintenant c'est dehors qu'ils se battent , avec un tel bruit ,qu' on dirait une ruche qui a été dérangée .
Mzouli sana ! Hapana doudou ! --- Très beau , il n'y a pas d'insectes --- ne cessent de répéter les noirs .
Les lions continuent de rugir . J'attends beaucoup pour demain matin .




Le 4 janvier1929
Camp Talek pays massai


J'ai mis beaucoup d'espoirs pour ce matin . Hélas , en vain .
Au levé du jour , il n'y avait pas de lion sur le zèbre , mais cette fois-ci , le zèbre n'était pas là , non plus . Dans l'herbe , grâce à la rosée ,nous avons vite trouvé la trace . Les lions l'ont traîné , on voit clairement la trace . Le sabot du zèbre a laissé une trace dans l'herbe , et on peut voir des taches de sang aussi , là où les lions l'ont amené . Nous suivons les traces avec beaucoup de précautions . Ces traces nous mènent vers le « donga » , et là , caché dans la broussaille , nous retrouvons le zèbre , enfin , ce qu'il en reste . La plus grande partie a été mangée par les fauves .
Sur les conseils de Ndolo , nous nous retirons , et nous nous cachons derrière des touffes d'arbustes , nous nous mettons à l'affût . Ndolo espère que les lions vont revenir pour fini leur repas .
Seulement , comme d'habitude , ils ne viennent pas . Je reste accroupi presque jusqu'à midi derrière le buisson . Mais je ne regrette pas , j'ai pu observer deux splendides servals . Ce petit félin de la grandeur d'un lynx est un animal très joli , gracieux . Son manteau est jaune avec des taches noires . Quelque fois on trouve un serval à la fourrure noire comme le charbon .
Grande est ma joie , en affût derrière le buisson , quand apparaît un serval , noir comme de la suie . Malheureusement je ne peut pas tirer , puisque j'attends « quelqu'un d' autre ». De toute façon , après avoir fait un tour , il retourne dans le donga .
Peu de temps après , il en apparaît un autre , celui -ci est un serval avec des taches noires sur fond jaune . Par chance , il n'est pas pressé comme son copain noir . Il m'amuse pendant un bon moment . Je peux l'observer , m'amuser à étudier ses mouvements , son comportement . Il y a une petite armée d'oiseaux minuscules qui se nourrissent par terre , sur de branches basses et sur des hautes herbes . C'est parmi eux que le serval voudrait prélever son casse-croûte . Seulement ce n'est pas aussi facile qu'il l'espérait . En rampant , comme un serpent , il s'approche , puis d'un bond rapide comme l'éclair, il saute – en vain . Les minuscules oiseaux sont toujours plus rapides que lui . On dirait que les oiseaux ne cherchent qu'à le ridiculiser , se moquent de lui .
Le serval doit penser la même chose , il en a assez de se faire ridiculiser , de sauter en vain , et il s'en va .
Moi aussi , j'en ai assez d'attendre les lions , et je me mets à discuter avec les hommes . Que faire ? Ces conciliabules sont toujours une épreuve , longue et compliquée , puisque cela se passe par signes , mes connaissance en souaheli sont trop faibles . Finalement nous décidons :
Nous récupérons les restes du zèbre dans la broussaille , et les traînons à un endroit à découvert , où jusqu'à ce soir nous laissons une garde , pour le protéger des vautours . Ndolo prépare un « boma ( un semblant d'abri fait de grosses branchages ) ; là , déjà dans l'après-midi je prendrai place , et je resterai à l'affût jusqu'à demain matin , s'il le faut . Que les lions vont revenir , sur les restes du zèbre , je n'en doute pas . Maintenant , la question est , est ce qu'ils vont revenir avant la tombée de la nuit ? Et s'ils ne viennent que la nuit , est ce que je pourrai tirer à la faible lueur de la lune ?
Le lion doit avoir une force terrible . Il a amené le zèbre qui pèse dans les 300 kilos sur une distance de 400 pas vers le donga , comme un pointer porte un lapin .
Je rentre au camp , je prends le camion et je m'en vais bien loin pour tuer un autre zèbre . A trois heures je suis de retour et je le transporte tout de suite , devant le boma , qui a été terminé entre temps . Je relève les hommes qui gardaient les restes du zèbre de la veille . Il n'est pas conseillé de laisser plus de deux trois heures les « gardes » , parce qu'immanquablement ils s'endorment , et les vautours dévorent la viande .
Il s'est mis à pleuvoir . Je suis assis à l'entrée de ma tente . J'attends que le temps passe . Avant cinq heures , ce n'est pas la peine de déménager dans le boma . De toutes façon , pour aujourd'hui la chasse semble sans espoir . A moins qu'ils ne viennent avant le coucher du soleil , je ne pourrai pas « parler » avec les lions . Le ciel est tout gris , la nuit sera noire , je ne verrai même pas le bout de mon fusil .
Quand vers cinq heures , en me promenant , je vais vers le boma , il bruine encore . Des nuages bleu-lilas ce poussent les uns les autres . Quand je m'approche , je vois que les hommes sont excités et me font des grand signes de loin .
Que se passe-t-il ?
Ils m'accueillent en disant qu'il y a un quart d'heure , un très grand lion mâle est sorti du donga , s'est assis , et regardait le zèbre pendant un bon moment , puis , sans aucune raison , il est retourné dans le ravin .
Je m'injurie , pourquoi ne suis-je pas venu plus tôt . Les hommes ont eu peur sans doute , ils ont fait du bruit , ils ont fait partir le fauve . . Maintenant , en tout cas il attendra la nuit , avant de recommencer à attraper son repas . D'après les explications des hommes , je ne doute pas qu'il s'agissait du grand mâle à la crinière sombre Et moi , pendant ce temps , je faisais le fainéant au camp , à peine à une demi heure de marche .
J'ai tout de suite renvoyé les gardes au camp , puis avec Ndolo nous nous mettons dans le boma, et nous attendons la bonne chance . La pluie s'est arrêtée , les nuages commencent à se disperser , peut-être que la nuit ne sera pas trop noire .
D'ici à peu près 150 mètres se situe la ravin où j'ai aperçu les lion et où ils ont amené le restant du zèbre& la nuit passée . Cela fait une heure que nous sommes là , couchés , immobiles , sans observer quoi que ce soit . Le soleil termine son voyage , il rentre chez lui , la moitié est déjà dans son lit de couleur pourpre . Les arbres brillent des gouttes de pluie sur les feuilles , l'air sent la terre mouillée .
Mais qu'était ce ?
Nous écoutons avec une attention tendue .
Nous entendons , venant du fond du ravin des sons indéfinissables , étranges .
Ils sembleraient aux bruits que font les grands crapauds , ou une sorte de hibou .
En murmurant , nous nous demandons avec Ndolo, est ce un crapaud ou un hibou quand le bruit se transforme en un doux ronronnement , faible gémissement .
Maintenant nous sommes fixés , nous n'entendons ni crapaud , ni oiseau . Dans la broussaille du donga , c' est le réveil des lions . Après leur repos de la journée , ils s'interpellent pour se préparer à partir pour leur chasse nocturne .
Le cœur serré , nous observons la lumière qui baisse trop vite , nous regardons , impuissants , le soleil couchant , qui implacablement retire le dernier rayon oublié dans le ciel .
Si seulement ils venaient , avant que la nuit ne baisse son rideau sur la scène .
En vain nous tentons de retarder le soleil , en vain nous tentons de presser les lions . De minute en minute il fait plus sombre, mais les lions ne bougent pas . Au contraire . Nous ne les entendons plus . Peut-être n'est ce qu'en rêvant qu'ils ont poussé quelques soupirs . . Ils ont le temps . Ils ne sont pas pressés , ils ont toute la nuit devant eux .
Mais maintenant ils recommencent : bruit de crapaud , voix de hibou , quelques soupirs --- puis , inattendu , ils poussent des rugissements , comme un roulement de tonnerre à faire bouger la terre . Surpris , nous avons la respiration coupée .. . .
---Angalia Bwana ! – kvenda ! – me souffle Ndolo –Attention Monsieur – ils viennent .
Je regarde de toutes mes forces , mais je ne vois rien . Je tente de viser . Il est encore possible de tirer .S'ils venaient maintenant , je pourrais encore en finir avec eux . . . Mais ils ne viennent pas . . Après avoir rugi leur poème , ils se taisent .
Encore quelques fois ils répètent cette épreuve pour les nerfs. Mais c'est toujours du fond du ravin que viennent les rugissements . . Ils ont du bien manger la nuit passée , C'est pour ça qu'ils doivent tarder à se lever .
A présent il fait sombre .
C'est à peine si je vois encore le zèbre qui est placé à cinq-six mètres devant moi . Ce n'est qu'une masse noire. Les rayures noires et blanches , je ne les vois plus , il fait trop sombre . Les lions , têtus , se taisent . Cela fait bien un quart d'heure qu'ils n'ont rien dit .
A l'ouest , le ciel est encore légèrement plus clair . Comme si au loin il y avait le reflet des lumières d'une ville lointaine . Les étoiles commencent à ouvrir les yeux , les unes après les autres . Des zèbres hennissent , par-ci par-là un chacal aboie .
Avec beaucoup de précautions , je prends les biscottes que j'avais amenées avec moi . Je commence à mordre . Seulement dans le grand silence cela fait un bruit , on dirait un roulement de tambour. Je n'ose plus mâcher , j'écrase la biscotte avec la langue contre le palais .
Ndolo , qui est couché à côté de moi , fait entendre un psst à peine audible .
Je sais ce que cela veut dire . Je sais qu'il voit quelque chose . Et ce qu'il voit , je n'ai pas besoin d'explication pour savoir ce que c'est . J'essaie de toutes les forces de mes yeux de voir , de percer la nuit , en vain . Il n'y a rien à faire , je ne peux pas me mesurer aux noirs . Ils voient au milieu de la nuit , comme un hibou . Les yeux des hommes blancs ne sont que des vulgaires tocs à coté des yeux des noirs qui sont des véritables bijoux .
Il n'est pas possible de parler , pas possible de murmurer . Mais la position couchée de mon accompagnateur , et sa tête devenue comme une statue , me montrent que celui que nous attendons – s'approche .
Maintenant , moi aussi , je le vois . Grande ombre noire , il tourne autour du zèbre , sans aucun bruit . J'ai la bouche pleine de biscotte , mais je n'ose pas avaler , j'ai peur que le « grand seigneur «  l'entende .
Un faible bruit , il a mordu dans le zèbre , il veut le traîner .
Par centimètres , je lève mon fusil vers l'épaule.
Un geste maladroit , le fusil touche les jumelles accrochées à mon coup avec un petit bruit . Un cri étouffé et d'un bond le lion disparaît dans la nuit .
Il nous a découvert . Tout est fini ! Manquer une occasion comme ça . . .
Mais la grande ombre noire est de nouveau à côté du zèbre .
Il n'y a pas de mal . C'est seulement le bruit inconnu qui l'a surpris .
Il secoue le zèbre . Il mord dedans , les os du zèbre craquent sous ses dents .
Mon fusil est prêt à tirer . Mais maintenant le lion est en face de moi . Dans cette position , c'est risqué de tirer . Je dois attendre qu'il montre son flanc .
Maintenant il tourne . . . En visant dans la grande ombre , je tire sur la gâchette .
Un rugissement à secouer le cerveau .
Je sens que ma balle est allée au bon endroit .
Le lion bondit dans le noir . Disparu . Il crie sans arrêt , de douleur et de colère . Des rugissements terribles . Je ne le vois pas , mais j'entends , il tourne sur place .
Puis , de nouveau , il s'éloigne en se traînant , en gémissant ,. selon mon appréciation il doit être à environ quatre-vingts pas . De là-bas on entend ses râles , de plus en plus espacés , de plus en plus faibles . . .
Le silence s'appesantit sur nous de nouveau .
Koufa-- déclare Ndolo -- il est mort .
Selon tous les indices c'est le cas , je n'ose pas être sûr . Et si c'était vrai , est ce que c'est vraiment le mâle , ou bien c'est seulement mon imagination qui a vu la crinière autour du cou ?
Et si c'est vraiment un mâle , est ce que c'est lui le grand « au cheveux noirs » ?
Mille suppositions tournent dans ma tête
Et maintenant , quoi faire ?
Aller le voir , nous n'osons pas . Peut-être vit-il encore, et dans le noir , il nous saute dessus , à moins que ce ne soit sa compagne ?
Nous envoyons des signaux de sifflet vers le camp . Trois coups de sifflet—nous utilisons des douilles vides pour cella – selon nos conventions veux dire « auto ». Mais ils ne répondent pas . Il est évident qu'ils ne les ont pas entendus .
Je ne supporte pas cette attente insupportable . Avec le fusil prêt à tirer , nous sortons de notre abri précaire , avec précaution . En silence et rapidement nous nous retirons vers le camp , où nous arrivons sans encombre. .
Tout le monde est en effervescence . Istvàn et Stub en tête de plusieurs hommes viennent vers nous avec des lampes . Ils nous disent qu'ils ont entendu le coup de fusil , et aussi le rugissement du lion blessé , mais pas les coups de sifflet .
Nous nous empressons de monter dans le camion , et nous partons sur le lieu des événements . Seulement dans l'empressement , nous nous trompons de direction , nous n'arrivons pas à retrouver l'endroit . Il n'y a pas de chemin , pas de traces qui pourraient nous guider . La lumière des phares transforme le paysage , nous n'arrivons à rien . Nous tournons en rond , nous nous sommes perdus . . .
Il faut retourner au camp , d'où nous pourrons repartir dans la bonne direction . Seulement , nous ne le trouvons pas . Nous avons tellement tourné en rond , nous avons laissé tellement de traces , que nous mettons une demi heure pour retrouver le camp . De là , nous repartons , cette fois ci dans la bonne direction.
Maintenant c'est bon , nous retrouvons le boma et devant notre abri , le zèbre . Nous partons dans la direction d'où j'ai entendu les râles ultimes du lion ..
Stub et moi , sommes assis sur les pare-chocs , avec les fusils prêts à tirer . A l'intérieur du camion , les noirs , accroupis , serrent leur lance. Le cœur serré, je fais tourner la lampe mobile du camion , à gauche , à droite , je cherche . Le rayon de la lampe va de point à point , de buisson à buisson . .
Il est là-bas ! Je l'ai !
C'est à peine si j'ose en croire mes yeux . Il est couché , dans le rayon argenté de la lampe  : le grand lion à la crinière noire !
Nous sautons du camion .
Il est sur le coté , le roi des animaux , allongé. Sa parure royale , la crinière drue , noire , couvre , emmêlée , le cou , les épaules , sa poitrine . Dans la lumière de la lampe , ses yeux grands ouverts , mais éteints , s'allument comme deux émeraudes de la grosseur d'une noix . Sa gueule , à moitié ouverte , babines retroussées , laisse voir ses canines de la grosseur d'un doigt .
C'est une très grosse bête . A six nous avons bien du mal à la hisser sur le camion . . Un fois allongé sur le plancher , il occupe toute la place . Il remplit le camion .
Pendant le chargement Stub veille avec le fusil prêt à tirer , pour prévenir une attaque éventuelle de la lionne . Probablement observe-elle , de derrière un buisson le transport de son compagnon .
En cahotant vers le camp , quelques zèbres et gazelles entrent dans les rayons des phares . On pourrait croire à des animaux en argent , leurs yeux qui brillent , comme des gros insectes vert et rouges .
Dès qu'apparaissent les feux du camp , éclatent les cris d'allégresse . La fête est incontournable et interminable! Les hommes serrés dans le camion , avec des cris acharnés , farouches , commence le chant nommé « kabouki », chant de victoire , de guerre et de joie . Aussitôt que ceux restés au camp l'entendent , ils deviennent comme fous .
Mouangui , le chauffeur , actionne sans arrêt l'avertisseur , tout en criant kabouki de toutes ses forces . Ceux du camp , avec des torches et des branches de « victoire » courent vers nous . A leur tête , Ali mon « valet de chambre », fait de grands gestes , avec dans chaque main une branche grande comme un arbre , en hurlant kabouki , il conduit la troupe en faisant des sauts de bique grotesques . Istvàn , la pipe à la bouche , en pyjama bleu-ciel , rit en se tenant le ventre , au milieu du tumulte .
Le camion s'arrête . Ils me tirent du siège, me posent sur leurs épaules – la frénésie arrive à son comble . Avec des cris aigus ils me portent tout autour du camp. Tout en trébuchant dans le noir , ils manquent de laisser tomber , ils me tapotent le dos , serrent mes mains --- et kabouki , kabouki , kabouki ! ! !
Ils me font chevaucher autour du feu de camp aussi . Leur corps noir brillant prend une teinte cuivrée avec la lumière des feux . Leurs yeux brillent sauvagement , un grand sourire coupe leur figure en deux , montrant leurs dents blanches .
C'est en vain que je tente de les calmer . Pour le moment ils n'écoutent rien : kabouki ! ! !
Que peuvent bien penser les pauvres antilopes ou gazelles , qui jusqu'à présent broutaient tranquillement prés du camp ? Que toutes se sont enfuies , je n'en doute pas . Et je pense qu'elles garderont longtemps le souvenir des cette nuit de « terreur » !
. . Enfin , ils se sont fatigués , ils me posent devant ma tente . La danse est terminée .
Ce n'est que maintenant que je peux admirer à ma guise mon « butin » gigantesque .
Je fait allumer deux bûchers devant ma tente , et je fais allonger le lion entre les deux . Je sors mon fauteuil, et c'est assis que je regarde le corps à la lueur des flammes . Son regard est calme à présent . Ses babines se sont baissées cachant ses dents , l'expression sauvage disparue de sa figure . Il est couché sue le ventre . C'est entre ses deux pattes de devant que repose sa tête lourde à la crinière embroussaillée . Une vraie dépouille royale . Sur la tête et les joues , la crinière est jaune ; elle devient noire sur la nuque . C'est sur la poitrine que la crinière est la plus fournie , on dirait une cuirasse . Quand il était debout , la crinière devait toucher terre .
Après la tumulte de tout à l'heure , le silence enveloppe le camp . Après la danse triomphale obligatoire , les hommes se sont retirés , ils sont couchés . Il n'y a que le mpichi ( cuisinier ) qui laisse entendre un faible fredonnement , tout en préparant mon souper accroupi à coté des braises .
Le feu des bûchers faibli , le lion devient de moins en moins visible . Mais je reste assis encore longtemps . J'attends que les feux s'éteignent . J'attends que le cuisinier m'appelle depuis la tente , pour venir manger .
Après , c'est le moment d'écrire mon journal , comme d'habitude . C'est à la lumière de la lampe tempête que je trace ses lignes . On entend des cris de lions . Est ce qu'ils appellent leur seigneur ? Regrettent-t-ils son absence pour le repas de la nuit ?
Avant de me coucher , je sors pour le recouvrir d'une toile de tente , pour éviter que la rosée ne mouille sa peau . Elle peut causer des dégâts . Et je place un garde pour éviter qu'une hyène en maraude ne fasse des dégâts dans sa peau .
Tout le monde se repose . Je suis le seul à rester réveillé .
Le « seigneur » se repose aussi , là , dehors .
Seule la tranquillité du silence remplit tout , et les yeux de millions d'étoiles le veillent .

. . . le prochain lion ne rugit plus que dans mon rêve . . .




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bor
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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty01.03.16 21:21

On entre dans le vif du sujet! C'est haletant! Et passionnant! De belles images et un bel humour parfois aussi.
Merci beaucoup Very Happy

J'aime bien l'expression:
"Les yeux des hommes blancs ne sont que des vulgaires tocs à coté des yeux des noirs qui sont des véritables bijoux . "

Et aussi le final:
"Le prochain lion ne rugit plus que dans mon rêve"

Mais si je puis me permettre: où est-ce écrit en hongrois ?
Car dans le pdf, ça ne l'est pas - à la fin de cette journée du moins!
Dans l'édition dont tu disposes, y aurait-il eu des mises à jour, des compléments ?

J'aime bien pour la lecture, quand je dispose du texte hongrois, mettre face à face l'original et ta traduction, non pas que je lise couramment le hongrois sans dictionnaire à l'appui, mais je sais repérer ce qui correspond et ce que tu as sauté - avec l'idée un jour peut-être de reprendre tout cela pour affiner... quoique j'aime bien aussi le ton pris, les raccourcis du traducteur!

Tout cela est vraiment très intéressant.
J'espère que tu as encore des textes dans ta gibecière Wink
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Bakonyi
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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty03.03.16 16:52

Alors cette phrase elle existe ou n'existe pas .
Il y a 75 ans j'ai lu la première édition . Malheureusement , ma mémoire est défaillante à ce sujet . C'est peut-être l'âge .
Chez moi , j'ai les éditions 8 et 9 . Pour les traductions , j'ai utilisé la 8° . J'ai vérifié : la phrase y est .
J'ai cherché le même passage dans la 9° édition : eh bien , elle n'y est pas ! Pourquoi ? Mystère . Il faudrait savoir quelle est l'édition sur pdf .
Comme l'auteur parle assez souvent de ses nuits , c'est une phrase qui correspond à son style , à ses idées .

Je regrettes , je regrettes beaucoup , mais mon sac est vide . Je n'ai pas d'autres traductions . J'hésite à reprendre ce travail , parce que pour faire quelque chose de " potable " , c'est du travail et beaucoup de temps . Ces traductions je les ai faites il y a deux ans , c'était un dérivatif après la perte de ma femme .
Hier soir je pensais , quoi faire ? Le résultat est que j'ai passé la nuit avec ma femme ( en rêve , bien sûr ) .
Pourtant la tentation est forte de remettre ça .

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bor
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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty04.03.16 0:04

Bon ok, alors vu ce que tu as dit là https://centraleasteurope.1fr1.net/t2408p15-szechenyi-zsigmond#15807
Citation :
dans Csui il y a beaucoup de détails (--) , occupations quotidiennes du soir : pansements des bobos qui ne veulent pas guérir , rafistoler les habits déchirés par les épines , ses passages à l'hôpital ( une fois une piqûre d'araignée , une autre fois des ennuies de digestion ) , parler des infirmières , des autres malades etc. . .
je propose que nous étudions Csui depuis le début

La 1ère page (avant-propos) étant faite: https://centraleasteurope.1fr1.net/t2408p15-szechenyi-zsigmond#15804
voyons les journées successivement
Y en a qui ont des textes courts, d'autres des textes longs
- ça mettra donc le temps qu'il faut, on ne fait pas la compétition

Je fais la 1ère journée: 1928. okt. 21-én, Génua, Miramare-szálló
====> tu fais la suivante: Okt. 22-én Génua
Je fais la 3ème: Nov. 8-án
====> Tu fais la 4ème: Nov. 14-én
et ainsi de suite

Comme tu as le livre, je n'ai pas besoin de te mettre le texte hongrois ici
et tu sauras aussi me dire là où j'aurai fauté

On publie au fur et à mesure des journées traduites
Je fais la 1ère
Ensuite je prépare la 3ème que je ne publierai que lorsque toi, tu auras mis la 2ème

Rendben ? Tout ça te convient-il ?

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bor
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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty04.03.16 6:27

Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Coucou03 Bien sûr si quelqu'un voulait s'associer à nous, il serait le bienvenu!

Et s'il y en a plusieurs, pas de problème, nous sommes ouverts à toutes les bonnes volontés
Plus on est fou, plus on rit - et surtout plus vite on avance!

Pour ceux qui n'ont pas le livre, "Csui!..." en pdf dans cette page:
https://www.google.fr/search?q=Csui!...&ie=utf-8&oe=utf-8&gws_rd=cr&ei=wHa1Vq_yIIe4aqLbs9AF#q=%22Csui!...%22+Sz%C3%A9chenyi+Zsigmond

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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty04.03.16 6:35

Alors, c'est parti!

Széchenyi Zsigmond introduit son texte par un extrait de la strophe 7 du poème SZIBINYÁNI JANK (1855) de Arany János http://mek.oszk.hu/00500/00597/html/vs185303.htm#30

(j'ai aussi trouvé cette page http://epa.oszk.hu/00300/00384/00025/15.html qui semble vouloir nous éclairer sur le poème
fichier "Látó a Romániai Írók Szövetsége és a Maros Megyei Tanács szépirodalmi folyóirata")

... le a völgynek, fel a hegyre
Vadcsapáson, vízomláson
Veri, vágja, űzi egyre ..."

Sans rien connaître de ce poème de Arany J., j'esquisse quelque chose qui soit poétique:

…sans cesse il coupe, cingle, traque
En vallée, en montagne
À travers pistes et cascades…

Hôtel Miramare, Gênes, 21 octobre 1928

Je me réveille au bruit d'un ouragan et d'une pluie torrentielle. Ma fenêtre donne sur une mer gris sale, crêpée de blanc, mais nullement agitée à présent. C'est vraiment déplaisant pour qui part naviguer trois semaines.

La matinée passe en courses, dans les rues sombres et boueuses: achat des provisions et des bricoles oubliées,  allées et venues d'un bureau à l'autre pour valider les passeports et les autorisations (d'exportation*).
* kiviteli engedélyek - je ne sais pas trop ce que c'est ici

L'après-midi, notre bateau entre au port: vu de la fenêtre de la chambre d'hôtel, c'est une bien piètre et petite structure! Seuls les navires d'une grandeur limitée peuvent fréquenter le canal de Suez, par lequel nous passerons: c'est la voie des petits tonnages comparée aux autres paquebots.

La pluie s'étant calmée à la tombée de la nuit,  je vais me promener au port pour voir de plus près l'endroit de mon séjour les trois prochaines semaines.

Pour sûr, c'est un petit bateau plutôt défraîchi, vu de près! Les cabines sont étroites, le restaurant encore plus étroit: à peine peut-on jouer des coudes les uns derrière les autres pour passer entre les tables bondées de clients. Sur le pont trainaillent quelques passagers apparemment inintéressants. Ils pestent contre le temps, se plaignant d'en être obséder depuis trois jours. Le temps a dépeint sur eux!

Usambara est le nom du bateau, propriété d'une société allemande. Il vient de Hambourg et se dirige vers Le Cap. Peut-être embarquera-t-il tout de même demain.



Voilà! à toi pour Okt. 22-én Génua = Gênes 22 octobre
pendant ce temps, je prépare Nov. 8-án

Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Coucou03 et bien sûr, ton avis sur mon esquisse, legyen szives (stp)
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Bakonyi
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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty04.03.16 12:35

Excuses moi Bor , mais là , je ne te suis plus . Peut-être je traduirai quelques passages , mais entreprendre le livre , je ne m'en sens pas le courage . En plus , comme je suis devenu bien lent , j'ai 6 messages qui attendent une réponse . Des anciennes et anciens du collège .
Alors , pardonnes moi , mais je ne peux pas .
Mais à bientôt quand même .
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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty14.03.16 18:05

Je commence par le plus facile : "kiviteli engedélyek . C'est bien : autorisations d'exportation .
Széchenyi amenait ses armes : 3-4 carabines de calibres différents , et deux fusils de chasse , tout ça avec des munitions . Donc , il lui fallait une autorisation , chaque fois qu'il traversait une frontière . Suivant la frontière , c'était très facile ou durait un temps infini . Parfois on mettait un tampon sur la caisse sans déballer , d'autrefois ils comptaient chaque balle , chaque cartouche .

Alors Arany , c'est autre choses . Je te soumet ma version . Les mots ne changent pas beaucoup . Disons que je les ai adaptés au vocabulaire de chasse de l'époque , et je pense un peu aux idées d'Arany . J'ai lu le poème , ce n'est pas facile , un langage inhabituel . J'ai eu du mal à suivre .
Donc :

>Vers la vallée , vers la montagne
Sur les pistes , à travers cascades
Il frappe , coupe , traque sans cesse .

Comme tu vois , j'ai remit les ligne dans le même ordre qu'Arany .

A toi de choisir , ou remodifier .

Ah , j'allais oublier , en hongrois on dit ( et je crois que c'est très vieux , peut-être du 17° siecle )
üsd verd nem apàd
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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty15.03.16 14:54

oh! je suis passé cette nuit, et n'ai rien vu! j'étais abruti!
donc merci bien pour ces précisions!

Bakonyi a écrit:
en hongrois on dit ( et je crois que c'est très vieux , peut-être du 17° siecle )
üsd verd nem apàd

suite à quoi (des fils plus haut) tu me parles de "üsd verd nem apàd" ?
car üsd verd nem apàd = ne frappe pas ton père! (ou veille à ne pas frapper ton père) - me semble-t-il
Elöre is köszönöm
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Bakonyi
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MessageSujet: Re: Széchenyi Zsigmond    Széchenyi Zsigmond  - Page 2 Empty15.03.16 17:11

Oh ! B. . azard , j'ai tout effacé . Donc , je recommence .
Si j'ai eu du mal à lire ce poème , c'est que je pense qu'Arany employait des expressions , des tournures de phrase et peut-être des mots , du début du 15° siècle , puisque l'action se passe à cette époque . Un peu comme la version originale de Rabelais .

Üsd verd nem apàd : c'était le cri de guerre quand on se battait contre les turcs ou les Autrichiens .
Donc le sens est : tapes , cognes CE N'EST PAS ton père ( donc , vas y de bon coeur ) . Ce qui est le sens du poème , puisque le jeune Hunyadi poursuit un loup .
AH ! Que tout cela est compliqué . Mais je pense que tu t'y retrouveras .
Je reconnais qu'il y a des expressions , tournures de phrase , des phrases parfois sans verbe , qui peuvent dérouter . Mais je pense que de tels difficultés existent dans chaque langue .
A ta disposition pour d'autres explications .
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