bor Utilisateur
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| Sujet: Péter Hajnóczy 07.10.16 16:51 | |
| Péter Hajnóczy 1942, Budapest – 1981 https://hu.wikipedia.org/wiki/Hajn%C3%B3czy_P%C3%A9ter - Citation :
- Péter Hajnóczy fait partie de ces écrivains qui sont eux-mêmes « personnages ». Garçon de bain, dynamiteur, vendeur d’images pieuses, il aura fait tous les métiers imaginables avant de s’imposer en Hongrie comme l’un des écrivains phares de sa génération. Précurseur par certains aspects des nouveaux prosateurs des années 1980, Péter Hajnóczy a recours à certaines techniques cinématographiques dans la construction de ses récits, dans lesquels il insère images, visions ou fragments de textes étrangers. Leur fil conducteur est souvent, comme dans A halál kilovagolt Perzsiából, le monologue du narrateur-écrivain, observant de l’extérieur avec une objectivité crue et une précision inquiète les effets sur lui des différentes phases de différentes passions, comme de sa dépendance à l’alcool.
Source: http://litteraturehongroise.fr/auteurs-hongrois/hajnoczy-peter A halál kilovagolt Perzsiából = La mort a chevauché hors de Perse
roman traduit par Charlotte Karady
Éditions Vagabonde 144 pages - 13 × 20,5 cm ISBN 978-2-919067-19-0 - octobre 2016 En librairie le 18 octobre 2016 - Citation :
- Intuitivement, l’homme savait que la ville inconnue avait été habitée autrefois par des Perses et qu’elle avait été détruite par une guerre cent trente ans auparavant. Étincelantes sous le soleil, les ruines des maisons jaune moutarde revêtaient toute sorte de formes géométriques. Tantôt l’homme trébuchait dans la poussière jaune au milieu des pierres jaunes, tandis qu’il essayait de traverser la ville pour rejoindre sa femme, tantôt il dominait à nouveau la ville, et se voyait en train de trébucher dans le labyrinthe des ruines. [...] Mais quelque chose lui disait qu’il ne pourrait jamais traverser la ville morte. Il trébucherait au milieu des murs jaunes jusqu’à ce qu’il s’écroule et qu’il meure.
Une existence brève : 1942-1981, mais l’admiration de toute une génération. Refusant tout compromis vis-à-vis des classes dirigeantes, Péter Hajnóczy brossa un tableau sans concession des mentalités et des réalités sociales de la Hongrie de son époque. Dans ce roman traduit par Charlotte Karady, mêlant de manière indissociable l’autobiographie et la fiction, et qui fut salué comme l’une des œuvres les plus marquantes de cette période, l’auteur décrit sa dépendance à l’alcool et sa difficulté à trouver une place dans la société. Deux fils de narration s’y entremêlent, interrompus par des éléments « étrangers » (visions, citations, etc.) ouvrant le texte à de multiples interprétations.
« Péter Hajnóczy a été une légende de son vivant et encore plus après sa mort. Il a parlé d’un monde au bord du chaos, de l’anarchie, un monde que la bureaucratie dirigeait, mais ne maîtrisait pas. Il a ancré une nouvelle technique de récit et créé un monde littéraire cohérent. » Péter Esterházy
Son titre énigmatique vient de l’œuvre du poète et écrivain iranien Sadegh Hedayat, La Chouette aveugle (José Corti); sa structure circulaire, comme pour mieux marquer le cycle de la vie et de la mort, des grandes œuvres classiques… Chargé d’innovations stylistiques et structurelles offrant une multitude de variations portant sur l’écriture, la perte d’identité, l’alcool, l’intégrité morale, les liens entre le présent et l’Histoire, ce roman non-linéaire où l’intertextualité joue un rôle prépondérant mêle le destin de trois personnages faisant face au ridicule des choses et des situations vécues dans un univers aux lois impénétrables, absurdes et cruelles.
Une existence brève : 1942-1981, mais l’admiration de toute une génération. Refusant tout compromis vis-à-vis des classes dirigeantes, Péter Hajnóczy brossa un tableau sans concession des mentalités et des réalités sociales de la Hongrie de son époque. Source: - Code:
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http://mardishongrois.blogspot.fr/2016/10/litterature-peter-hajnoczy-la-mort.html Article de Claire Devarrieux le 7 mai 1998 dans Libération - Code:
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http://next.liberation.fr/livres/1998/05/07/transports-velleitaires-des-nouvelles-decalees-et-imbibees-de-peter-hajnoczy-mort-en-1981-a-39-ans-e_237566 - Citation :
- Transports velléitaires. Des nouvelles décalées et imbibées de Péter Hajnoczy, mort en 1981 à 39 ans,
et un roman autour d'une femme multiple de son ami Péter Esterhazy. Péter Hajnóczy. Dialogues de ventriloque. Traduit du hongrois par Cécile Mennecier. Préface de Péter Esterházy. Le Passeur/Cecofop (20, rue du Calvaire, 44 000 Nantes. Diff.: Les Belles Lettres), 160 pp., 79 F. Péter Esterházy. Une femme. Traduit du hongrois par Agnès Járfás. Gallimard, 196 pp., 155 F.
Maintenant que nous la connaissons, il est évident que la voix de Péter Hajnóczy nous manquait, parmi celles, anciennes et contemporaines, venues de Hongrie depuis une douzaine d'années. Une voix de ventriloque, comme l'indique le titre du recueil de nouvelles où circule Márai, un double de l'auteur. Une voix décalée, placée en retrait des événements qu'elle commente, sans être à même de les infléchir. «Il faudrait vivre autrement», se dit Márai quand il a mal aux dents.
D'une fille aperçue dans la foule, il fait tout un remords. Il s'est retourné, elle avait disparu. Il aurait dû l'aborder, il y a pensé. Il va chez un ami. Et s'il fondait une communauté? On achèterait une maison, du terrain, on se mettrait à plusieurs. L'hiver, on prendrait la jeep, et puis on aurait une camionnette. «Naturellement, il faudra quelqu'un qui s'y connaisse en mécanique, ajouta Márai. Ces vieilles bagnoles, ça tombe toujours en panne.» Parler, c'est comme boire: l'idée et sa réalisation ne relèvent plus d'univers distincts. La femme de l'ami débarque. Pour finir, Márai le velléitaire a un sursaut. Il vole un livre de Chandler dans la bibliothèque. On ne peut pas toujours agir au conditionnel.
Péter Hajnóczy buvait, c'était une manière de voir autrement la vie. Il en est mort, à 39 ans, en 1981. Péter Esterházy, dans la préface qu'il lui consacre, parce qu'ils étaient amis, cite une interview de «P.H.»: «Dans mon alcoolisme, on trouve le mélange d'une vision du monde, d'une conviction politique et religieuse, assaisonné d'une certaine dose d'autodérision. Je ne connais qu'une seule souffrance vécue sincèrement, l'ivresse que j'ai offerte à Jésus avec une imploration désespérée.» Márai est désespéré, mais il ne semble implorer rien ni personne. Il ne dialogue qu'avec lui-même, trop attaché à surveiller ses gestes. Il n'allume jamais sa cigarette au bon moment.
A l'hôpital psychiatrique où il entre, volontairement, pour une cure de désintoxication, il porte un regard lucide, politique, sur l'environnement misérable imposé aux malades mentaux et aux alcooliques. Pourquoi accepter d'être rasé au savon ordinaire, par un infirmier qui fait ça illégalement, incapable, en plus, de raser comme il faut? Pour être accepté, justement.
Trois nouvelles se passent là, à l'hôpital, déchirantes à force d'associer la révolte à la passivité. Lorsque, dans un mouvement inverse, Hajnóczy abandonne Márai pour examiner l'indignation d'un ouvrier, rien ne s'arrange. Dans «Le chauffeur», l'ouvrier passe à l'action. A la suite d'une visite de contrôle, le demi-litre de lait quotidien distribué gratuitement a été supprimé. Soit la «boisson protectrice» était allouée indûment depuis sept ans que l'ouvrier travaille dans des conditions déplorables, soit c'est la décision qui a été prise par erreur. Il se bat. On se bat en vain, chez Hajnóczy, et c'est triste, oui, mais pas sinistre. L'ouvrier marche dans le froid. Il se dit: «Je réchauffe l'air avec mon corps; les hirondelles, les buissons, les arbres ressentent cette chaleur, et le printemps arrivera plus tôt chez nous.» S'amorce ici un autre registre de l'auteur, plus surréaliste. Le recueil en offre quelques échantillons.
Péter Esterházy décrit très bien comment «P. H» et ses personnages cherchent à se joindre au monde. Peut-être l'explique-t-il d'autant mieux que lui-même fait exactement le contraire. Il soustrait ses romans à la réalité. Seule la réalité du texte en soi semble l'occuper. Une femme (titre obligé, sans doute, mais Gallimard a déjà publié un livre d'Annie d'Ernaux qui s'appelle Une femme), Une femme, donc, est constitué de quatre-vingt-dix-sept chapitres qui s'appellent tous «Une femme» et commencent par: «Il existe une femme. Elle me hait.» Ou: «Il existe une femme. Elle m'aime», avec des variations qui assurent la progression du livre.
L'effet est d'abord hypnotique. Il est manifeste qu'il ne s'agit pas de quatre-vingt-dix-sept histoires d'amour et de haine entre des corps tour à tour gros, maigres, beaux, moches, mais d'une seule et même idylle conflictuelle avec la littérature. Chute d'une phrase de quatre pages: «(") contre tout, contre mes mots, mes espaces, je la plaque contre mon silence, elle pousse de menus gémissements, ses lèvres s'ouvrent, elle salive, le baiser prolongé métamorphose nos corps, les accents se déplacent, nos accent changent.» Bien sûr, une traduction, fût-elle irréprochable, ne peut rendre compte des accents de la langue hongroise. Mais voilà que la réalité reprend ses droits. L'exercice avant-gardiste de Péter Esterházy est investi peu à peu de l'humanité qu'on ne pensait pas y trouver. Une femme devient alors une brillante analyse du lien amoureux. | |
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