En Slovaquie, cultiver un jardin est une nécessité vitale pour les familles
Plus de 800 mille familles slovaques disposent d’un jardin, soit autour de leur maison, soit dans un espace en périphérie des villes, aménagé en parcelles de jardins collectifs.
Tradition préservée sous le communisme, il perpétue l'héritage rural du pays.
J’ habite à Nitra, à 90 km à l’est de Bratislava , sur la colline verdoyante du Zobor. Un peu plus de 80 000 habitants.
Ludmilla elle, est née à Nitra, il y a 72 ans.
Elle regrette le temps où la ville ne comptait que 20 000 habitants et où tout le monde se connaissait.
Alors, tous les deux jours à peu près, elle fuit l'anonymat de la ville pour la tranquillité de son jardin potager. Les petits yeux de Ludmilla s'illuminent derrière ses immenses lunettes quand elle évoque son lopin de terre. Parce qu'« il est impossible de passer sa vie enfermée dans un bloc d'immeubles, surtout en été », elle prend le bus pour aller cultiver pommes de terre, carottes et navets quelques minutes du centre ville de Nitra.
Dans le bus, vestige des années 50, une vieille dame tient bien serré son arrosoir sous son siège. A droite du conducteur, un poster de l'équipe nationale de hockey sur glace rappelle qu'il s'agit du sport préféré des Slovaques.
Il faut considérer que pour les Slovaques la motivation de cultiver ces jardins ne répond pas à un loisir, mais à une nécessité. Pour la plupart, et très grande majorité d’entre eux il s’agit d’un apport complémentaire indispensable à l’équilibre du budget familial.
Les cultures pratiquées sont essentiellement orientées à la production de fruits et légumes pouvant le plus contribuer à un apport dans le budget de la famille.
Le bus de Ludmilla traverse la ville, assez étendue, où beaucoup de place est laissée aux espaces verts. Lentement, l'engin gravit la colline du Zobor, quartier résidentiel de Nitra qui s'achève presque sans prévenir. Il n'y a pas de transition entre la ville et la campagne.
Les premiers jardins apparaissent à peine le dernier immeuble dépassé. Les rues sont désertes. Et la route laisse place à un chemin de cailloux blancs entre les maisons qui bordent la colline.
Là, les résidents des lieux comme ceux qui comme Ludmilla ont simplement un lopin de terre ici, travaillent leur terre, taillent leurs arbres, soignent leurs vignes. C’ est superbe au printemps tous ces fruitiers, ses lilas…En ce moment, le soleil les tanne les jardiniers! Ils sont tous grillés !
Aujourd’hui, le constat qui est fait par rapport à ces jardins montre qu’ils sont vitals pour les Slovaques, pour l’autosatisfaction de leurs besoins dont, en fruits et légumes, ils contribuent pour au moins 50, 60%.
Selon les économistes, le délai nécessaire pour que la Slovaquie rejoigne le "standard" de vie moyen européen, s’étendra sur une période comprise entre 10 et 20 ans. Les mêmes spécialistes pensent qu’alors il est vraisemblable que se produira une mutation dans l’orientation du jardinage qui, d’une nécessité économique ira vers la satisfaction d’obtenir des produits biologiques ne faisant pas appel à la chimie, le plaisir de faire pousser !
La question qui peut se poser est de savoir si ces productions sont d’un prix de revient économiquement compétitif par rapport aux mêmes fruits et légumes du commerce classique. L’enquête en question ici n’apporte pas une réponse absolue et irréfutable à cette question. Cependant, l’ensemble des jardiniers interrogés considèrent qu’une famille slovaque moyenne ne pourrait sans son jardin consommer en suffisance les produits de la terre cultivés si elle devait les acheter.
Sur les 78 mille hectares de jardins exploités par les Slovaques , les statistiques disent que sont produits plus de 50% de fruits et légumes vendus en Slovaquie.
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