musique tsigane

d'après le livre "les funambules de l'histoire" de Claire Auzias.collection La Digitale

…"Franz Liszt présente ainsi l'art musical tsigane : l'artiste bohémien est celui qui ne prend pour motif de chanson ou de danse que comme un texte de discours, comme une épitaphe de poème et qui, sur cette idée qu'il ne perd jamais tout à fait de vue, vague et divague durant une improvisation sempiternelle."
Et l'auteur de noter l'exubérance des enjolivures, l'improvisation, la "floraison tellement opulente de sons" qui réduit "la mélodie au rôle de turban conducteur", l'architecture mauresque, l'ornementation "orientale", les trois éléments : mélodie, rythme, ornementation, la multiplicité des fioritures, "des intervalles, des modulations, des dissonances qui contrarieraient effectivement notre système harmonique mais qui forment le caractère distinctif de celui des bohémiens.." et enfin "il va sans dire qu'ils n'ont aucune connaissance théorique de la musique".


Patrick Williams fait une synthèse et distingue diverses musiques tsiganes en Hongrie:("Les tsiganes de Hongrie et leurs musiques" très agréable livre-cd éd. cité de la musique.actes sud 1996)

- les "Rumungres", tsiganes les 1ers implantés en Hongrie, depuis le 15è, et ayant oublié leur langue, furent musiciens des armées. la musique de recrutement de l'armée hongroise, ou "danse des racoleurs" : les verbunkos.
- les roms vlax (ou vlach) de Hongrie, second groupe rom sont arrivés plus tardivement (après 1856) en Valachie. Ils apportent la "loki gili", le chant long. c'est un chant privé, la fraternité dans le chant.
ces chants sont plus particulièrement chantés par les Lovaras. Ils utilisent des intervalles inférieurs au demi-ton et pratiquent l'enharmonie.C'est une musique monodique.
Pour André Hajdu,grand musicologue hongrois, il s'agit indubitablement d'une musique tsigane autonome non européenne. L'accompagnement musical est emprunté à l'usage local : accordéon, guitare, cithare, cymbalon.

Les affirmations de Franz Liszt blessaient le sentiment national hongrois, car, en hongrie, depuis le 15ème siècle, les tsiganes sont synonimes de musique nationale. Ils jouent dans les armées hongroises et les fêtes populaires et seraient l'auteur de l'hymne national Hongrois, "la marche de Rakoczi". C'était un véritable affront que ne pouvaient supporter les tenants d'un véritable nationalisme.(…)


Pour plus de précisions ne pas hésiter à consulter ces deux ouvrages, véritables "mines" de savoir.

POUR LA SUITE SUR LA MUSIQUE TSIGANE DE ROUMANIE, MEME OUVRAGE, MEME AUTEUR: (extrait)

LES FUNAMBULES DE L'HISTOIRE" de Claire Auzias

(…)"La Roumanie, est, pour le domaine musical tsigane, comme pour d'autres, un bassin de culture romani (…)
En tant que bassin de culture tsigane mondiale, l'expression musicale des roms de Roumanie revêt de ce fait une grande importance dans la culture tsigane mondiale. Les roms hongrois proviennent de Roumanie, tout comme les roms russes, et une minorité de roms serbes, sans compter la 3ème vague migratoire avec son peuplement rom roumain en Occident et aux Amériques.

Deux auteurs contemporains ont étudié la musique tsigane roumaine : Bernard Leblon et Alain Antonietto.

En 1889, pour la première fois à Paris, se produit un ensemble lautari, musiciens roms roumains (du mot -laut- qui signifie luth) à l'occasion de l'exposition universelle. Cependant ils n'acquirent pas la réputation internationale des tsiganes hongrois. Les lautaris, comme tous les roms roumains, furent esclaves.

Ils s'illustrent par deux types de mélodies:
- la doina (douce et mélancolique)
- la hora.
Ces sortes de bardes interprètent des ballades épiques narrants les hauts faits populaires.
D'après Leblon, "le rythme syncopé des Roumains est très proches du aksak turc et bulgare."

Plus loin, on lit :

"C'est à l'ethnomusicologue A. Antonietto que nous devons la plus complète étude en ce domaine".
En 1839, Franz Liszt aurait rencontré en Valachie un violoniste rom adulé, Barbu Lautaru. Son taraf(petit ensemble de violon, flûte de pan, naiu et cobza)comprenait des musiciens réputés comme Anghelutza et Suceara. Il avait eu en Moldavie les grands honneurs du théâtre de Iassi.

Les musiciens roms de Roumanie appartiennent à tout le territoire moldo-valaque et, de par leur statut d'esclave des propriétés foncières, ils sont liés à l'ensemble de la population des boyards.

D'où, en Roumanie, l'inverse du processus hongrois : ce sont les chants et musiques tsiganes qui sont appropriés par la nation.
De grandes dynasties familiales de violonistes, tels les Dinicu, prennent leur essor. (Grigoras Dinicu a d'ailleurs composé la célèbre "Alouette" emblème de la virtuosité tsigane roumaine).

A Paris, dans l'entre-deux-guerre, fleurit la vague des cabarets de musique lautari. Certains musiciens étaient passés par des formations de haut niveau au conservatoires de musique de Bucarest.(…)".


Pour plus de détails et pour les autres musiques, tsigane de russie ou flamenco, ou pour tout ce qui est en rapport avec les tsiganes et leur histoire de la préhistoire à aujourd'hui, se référer à l'ouvrage de Claire Auzias. (je fais de la publicité sans contrepartie évidemment!!!!!!!)

djilia a écrit:

D'où, en Roumanie, l'inverse du processus hongrois : ce sont les chants et musiques tsiganes qui sont appropriés par la nation.

permets moi de m'en douter sur ce point la. Tout comme sur la designation des "hora" et "doina" en tant que danses ou melodies tziganes.
Plus tard, je vais vous citer des extraits qui confirment ce que je dise.

je me doutais bien que tu réagirais!!!!
quoi qu'il en soit, je n'en sais rien pour ma part, je cite ce que j'ai lu...
cet auteur est très reconnu et ses sources sont celles d'ethnomusicologues réputés. Néanmoins, je comprends que ce sujet puisse être sensible et les travaux d'historiens, travaux parfois méconnus, ne s'intègrent pas toujours dans l'histoire collective. Peut-être nous éclaireras-tu sur ce sujet

djilia a écrit:

je me doutais bien que tu réagirais!!!!
quoi qu'il en soit, je n'en sais rien pour ma part, je cite ce que j'ai lu...
cet auteur est très reconnu et ses sources sont celles d'ethnomusicologues réputés. Néanmoins, je comprends que ce sujet puisse être sensible et les travaux d'historiens, travaux parfois méconnus, ne s'intègrent pas toujours dans l'histoire collective. Peut-être nous éclaireras-tu sur ce sujet

disons que pour l'instant on est d'accord au moins sur le genie d'interpretation de la plupart des ces instrumentistes tziganes. Ils ajoutent leur passion aux pieces jouees.