Article paru dans Le Monde du 30/09/2005. Par Mirel Bran, correspondant à Bucarest
Plus de bakchich ni de pot-de-vin ! Dans un discours opportunément prononcé devant les fonctionnaires européens à Bucarest, le 27 septembre, le président Traian Basescu a exhorté ses compatriotes à abandonner la pratique quasiment généralisée du bakchich. "A partir de demain, refusez de payer des pots-de-vin aux fonctionnaires publics !, a-t-il lancé. Le bakchich est devenu un sport national. La mentalité du citoyen européen n'est pas d'être un partenaire des institutions corrompues de l'Etat, mais un allié de la loi, et nous devons suivre son exemple. Les services assurés par les médecins, les douaniers, les enseignants sont publics et garantis par la loi. C'est pour cette raison que je vous invite à nous solidariser contre la corruption, car c'est notre dignité nationale qui est en jeu. Le pacte contre la corruption et notre propre dignité sont les éléments déterminants de notre adhésion à l'Union européenne."
La colère présidentielle contre le bakchich a divisé la société roumaine. Selon certains analystes, le discours présidentiel a été pathétique. Selon d'autres, M. Basescu a bien fait de remuer le couteau dans la plaie qui fait le plus de mal en Roumanie, la corruption. D'après une étude réalisée pour la Banque mondiale, les Roumains ont versé des pots-de-vin d'un montant total de 360 millions d'euros, en 2004, afin de bénéficier de meilleurs soins médicaux. Plus de 50 % des personnes ayant consulté un médecin ont affirmé lui avoir glissé, "de leur propre initiative", une enveloppe dont le montant moyen va de 5 euros pour un médecin de ville à 50 euros pour un médecin exerçant à l'hôpital. Un malade sur dix a affirmé avoir été "contraint" de verser des pots-de-vin, sous peine d'être privé de traitement.
La pratique du bakchich va bien au-delà de la profession médicale et touche l'ensemble de la fonction publique en Roumanie. Le moindre papier administratif ne peut être obtenu qu'en sucrant le petit fonctionnaire. Un problème avec un examen à l'université ? Un téléphone portable offert au professeur ou quelques centaines d'euros font oublier le petit souci. M. Basescu a lancé son appel un mois avant une échéance importante. Le 25 octobre, en effet, la Commission européenne doit rendre un rapport vital pour le calendrier d'intégration de la Roumanie à l'UE. Depuis le début des négociations d'adhésion, en 2000, les rapports bruxellois ont constamment souligné le haut niveau de corruption dans ce pays.
Il faudra tout comme en Hongrie revoir les salaires des médecins. Un chirurgien roumain gagne environ 400 euros par mois (reportage sur RFI hier matin). Les médecins hongrois ne sont pas mieux lotis. La pédiatre de notre fille nous a dit que les salaires étaient restés alignés sur le même principe ceux établis sous le régime communiste (avec une petite revalorisation). A l'origine, en Hongrie du moins, c'était surtout des dons en nature, de type poulet, légumes, etc... et c'est toujours d'actualité. Il est toujours de bon ton de donner la petite enveloppe qui va bien au médecin qui a mis votre bébé au monde... Quand on pense que les médecins français se plaignent.....
Tout comme il est toujours possible en Hongrie d'acheter sa note à certains professeurs dans les écoles....