POST EN COURS, JE VAIS REDUIRE LE TEXTE QUAND J'AURAIS DU TEMPS
Une promenade dans le Bucarest historique, caché aux touristes par les immeubles communistes
Traduit par Elena-Mihaela Popescu
Publié dans la presse : 3 octobre 2008
Mise en ligne : mercredi 17 décembre 2008
Sur la Toile
La capitale roumaine est en train de devenir une destination particulièrement prisée pour le tourisme d’affaires. Cependant, les visites de la ville se limitent en général à quelques grands repères « classiques », tandis que les monuments du Bucarest historique, dissimulés derrière les imposantes constructions de l’époque communiste, sont cachés aux yeux du visiteur, comme de l’habitant de la ville... Une promenade à travers ce patrimoine dissimulé et trop souvent menacé.
Par Adrian Niculae
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Le monastère Radu Vodă à Bucarest
L’itinéraire des Roumains ou des étrangers en visite à Bucarest se limite, dans la plupart des cas, à quelques repères « classiques » : la colline du monastère Radu Vodă, cachée derrière un immense fronton d’immeubles de l’époque de Ceauşescu, le Musée du village, le Palais du Parlement, le Musée du paysan roumain, l’Auberge de Manuc et, éventuellement, un coup d’œil aux reliques du « Petit Paris », comme par exemple le Char à bière. Et même cet itinéraire minimal n’est suivi que par une minorité de touristes, car, comme le montrent les statistiques, Bucarest est devenu, presque exclusivement, une destination du tourisme d’affaires.
Toutefois, le Bucarest historique, avec ses monuments datant de l’époque de Michel le Brave, Radu Mihnea ou Constantin Brâncoveanu, survit encore derrière les façades ternes des immeubles avec lesquels Ceauşescu a essayé de cacher les anciens monastères aux regards des visiteurs. Certains d’entre eux ont été déplacés, d’autres ont été détruits par les bulldozers, mais, miraculeusement, quelques-uns survivent et gardent même leur aspect original. En revanche, ils ne sont pas faciles à découvrir, même pour ceux qui vivent à Bucarest. L’architecture totalitaire des années 1980 a complètement transformé la structure des rues de Bucarest, et l’horizon des rues se limite souvent à d’horribles immeubles, alors que les véritables attractions touristiques ne se révèlent pas facilement.
Le monastère Radu Vodă, un château-fort sur une colline au cœur de Bucarest
À Bucarest, il existe encore un monastère construit en 1614 sur une colline, près de la rivière Dambovita, par le prince régnant Radu Mihnea. L’ensemble architectural, assez spectaculaire, a gardé sa tour fortifiée et les traces des remparts de la cité, et, tout près, existe encore aujourd’hui le séminaire théologique. Le complexe entier, que même Ceauşescu n’a pas pu détruire, a tout de même été caché derrière un fronton continu d’immeubles, qui longe le quai du Dambovita, de la Place Unirii jusqu’au passage Mărăşeşti. Ainsi peut-on passer en voiture dans une rue principale sans se douter qu’à moins de 100 mètres survit un trésor architectural. Par rapport à d’autres monuments de la même importance, la colline sur laquelle est bâti le monastère de Radu Mihnea a sauvé, dans une certaine mesure, le site menacé par les bulldozers de Ceauşescu : autour de l’ensemble on a gardé quelques ruelles conservant l’aspect de l’époque de l’entre-deux-guerres. Malgré tout cela, les meilleures photos du monastère peuvent être faites des fenêtres des appartements qui l’entourent.
L’église du légendaire Bucur, prisonnière entre les immeubles
La légende situe la construction de la mythique église de Bucur le Berger dans les dernières années de règne de Mircea le Vieux, mais les relevés archéologiques démontrent que le site actuel a été bâti au XVIIe siècle, et refait à neuf un siècle plus tard. Quelle que soit la vérité, ce lieu de culte est l’un des monuments emblématiques de la capitale, une construction dont Nicolae Iorga pensait qu’elle indiquait l’ancien emplacement de la ville : « Si la légende situe l’ancienne ville sur la colline de Radu Vodă, nommant l’église de Bucur « le paradis des moines », comme le couvent élevé par le voïvode Alexandre Mircea et son fils Radu, cela justifie la croyance populaire, transmise de vive voix d’une génération à l’autre, qui fait du couvent le berceau de la société roumaine ». À présent, de la rue d’en face, on aperçoit à peine l’église, écrasée entre deux énormes immeubles. Mais, de la colline Radu Vodă, le touriste peut toujours admirer la simplicité rustique de la petite église, attribuée au fondateur mythique de Bucarest.
Le monastère de Michel le Brave en pérégrination
Seul le rôle que Michel le Brave a joué dans l’histoire de la Roumanie a pu sauver de la démolition ce monument grandiose situé à l’origine sur la colline Michel Voïvode : bien que l’église ait gêné ses plans architecturaux, Nicolae Ceauşescu n’a pas pu ignorer les appels des intellectuels, et l’établissement a tout simplement été déplacé sur une distance de 289 mètres ! Ce déplacement sur presque six mètres de dénivelé a miraculeusement réussi, et l’église se situe maintenant dans la rue Sapienta que l’écrivain Caragiale décrit dans Ce qu’il fait chaud !. Sur la colline, l’église a été remplacée par la Maison du peuple, et du vieux monastère fortifié de Michel le Brave ne sont restées, derrière les immeubles, que l’église et la tour du clocher.