Nombre de messages : 1565 Date d'inscription : 20/09/2005
Sujet: «Amour», portrait de femmes 22.12.16 15:11
Je ne sais pas si nous aurons la chance de le voir programmé en région , mais le Grand prix du jury à Cannes en 1971, «Amour» du Hongrois Károly Makk ressort à Paris en copie restaurée.
La mère et sa bru, dans «Amour» de Károly Makk. Pierre Zucca
"C’est un bijou, une pépite à (re)voir sur les écrans parisiens à partir du 21 décembre. Amour, du réalisateur hongrois Károly Makk, avait reçu le grand prix du jury à Cannes en 1971. La copie enfin restaurée permet de découvrir cette œuvre rare, en noir et blanc. Grave et néanmoins plein d’humour, le film se déroule dans une Hongrie stalinienne (1953) où se multiplient les arrestations arbitraires...... la suite sur la page de Libération
"Karoly Makk fait partie de ces cinéastes hongrois, tels Miklos Jancso, Marta Mészaros ou Istvan Szabo, qui ont apporté un nouveau souffle au cinéma magyar à partir des années 1960. Ses démêlés avec la censure gouvernementale l’ont forcé à attendre six ans avant d’obtenir, en 1970, l’autorisation de tourner Amour, qui ressort en salles ce 21 décembre en version restaurée 4K. Présenté au Festival de Cannes en 1971, le film est récompensé par le Prix du Jury, ex-aequo avec Joe Hill de Bo Widerberg. À cette occasion, les deux comédiennes principales, Lili Darvas et Mari Töröcsik, avaient obtenu une Mention spéciale. Comme beaucoup de cinématographies d’Europe de l’Est à cette époque, le cinéma hongrois est lié au contexte social et politique. La Hongrie, faisant alors partie du bloc de l’Est contrôlé par l’URSS, on imagine aisément les réticences des censeurs, d’autant plus que le réalisateur adapte deux nouvelles autobiographiques de l’écrivain Tibor Déry, qui fut proche du parti communiste avant d’en être exclu. La situation politique est évoquée, la Hongrie des années 1950 subit la répression du régime communiste de Mátyás Rákosi, mais elle est à peine abordée frontalement. Janos (Iván Darvas) est arrêté et jeté en prison, mais on ne sait rien des raisons ni de son activité de dissident présumé. À son travail, Luca (Mari Töröcsik), son épouse est surveillée par sa hiérarchie et elle reçoit un jour la visite de policiers en civil. Si l’oppression du régime totalitaire est présente et pesante, Karoly Makk s’intéresse d’abord aux fragments d’humanité qui substituent en ces temps obscurs et se focalise essentiellement sur les sentiments d’amour et de fidélité." synopsis
Budapest, 1953. Une vieille femme dans sa chambre encombrée de meubles désuets. Elle ne se lève plus que rarement. Mais elle veut vivre. Les visites de Luca, sa belle-fille, sont les grands événements de sa vie. Elle vient chaque jour. La vieille femme croit que son fils Janos est en Amérique où il travaille sur un film. Il ne faut pas qu’elle apprenne que son fils est en prison, condamné suite à des accusations dénuées de fondement dans un des procès de l’époque du culte de la personnalité. Il faudra beaucoup d’années encore avant qu’il ne soit libéré. Même si elle vivait jusqu’à l’âge de cent ans, ce ne sera pas suffisant… Et Luca joue la comédie, jour après jour, pour maintenir sa belle-mère en vie.
"Luca ne sait pas si son mari est mort ou vivant. Les autorités lui mentent. Elle subit des brimades. Alors, malgré les difficultés quotidiennes, elle aussi se réfugie dans le mensonge. Pour protéger sa belle-mère (Lili Darvas), elle lui affirme que tout va bien et lui remet régulièrement de fausses lettres de son fils qu’elle a écrites. La vieille dame semble croire à cette version. Rassurée de voir son fils faire carrière en Amérique, elle se fait une raison de devoir encore attendre son retour. Apaisée, elle plonge à l’occasion dans ses souvenirs, ceux du passé ou d’une jeunesse fantasmée. Drame intimiste, Amour est à la fois un beau portrait sur la vieillesse, mais aussi celui de deux femmes de générations différentes, interprétées par deux grandes comédiennes, Mari Töröcsik, sensible et délicate, et Lili Darvas, bouleversante et dont ce sera le dernier film à 68 ans. Bien qu’il n’intervienne que dans la dernière partie du film, Iván Darvas (Janos) tire également son épingle du jeu. Au soin apporté à l’image, avec un magnifique noir et blanc du chef opérateur János Toth, il convient d’associer la qualité du montage. Si Karoly Makk s’inspire des textes de Tibor Déry, il a enrichi le scénario de « petites histoires » (selon son expression) qui prennent la forme de flashbacks constitués de plans furtifs sur des objets de la chambre de la vieille dame ou de cartes postales anciennes, qui s’intègrent sans nuire à la narration et au rythme du film. La ressortie d’Amour, présenté en mai dernier à Cannes Classics, est ainsi l’occasion de découvrir sur grand écran un film oublié et un cinéaste méconnu. Critique de "Ciné Chronicle"
et tout à fait étonnament , si vous désirez voir ce film en VO, il est disponible dans son intégralité sur Youtube