Vendredi 30 avril réponse à nos questions : dernier jour pour les pays de la vieille Europe de rendre leur verdict quant à la question de l' ouverture ou non de leur marché du travail aux travailleurs de l'est.Le "Vieille Europe" entrouve sa porte aux travailleurs de l'Est
1er mai 2004 : entrée des pays de l'Est dans l'UE.
Seuls trois pays --le Royaume-Uni, la Suède et l'Irlande-- ouvrent immédiatement et sans restrictions les portes de leur marché du travail aux polonais, tchèques, slovaques, hongrois, slovènes, lituaniens, estoniens et lettons.
Les autres pays de l’ ouest de l’ UE avaient donc jusqu’ à dimanche 30 avril 2006 pour répondre à une injonction de la Commission européenne, leur demandant de notifier s’ ils maintenaient ou non les restrictions. ( restrictions- car craintes d’ afflux d’ immigrés- sous forme de permis de travail obligatoire, quotas )
Réponse :
-à compter du 1er mai 2006, Espagne, Portugal, Grèce et Finlande, rejoignant la Grande-Bretagne, l'Irlande et la Suède, et lèvent totalement leurs restrictions sur l'emploi des travailleurs venus de l'Est.
-quatre maintiennent toutes leurs restrictions (Allemagne, Autriche, Danemark, Italie et Pays-Bas)
-trois autres (France, Belgique et Luxembourg) les assouplissent.
Un effort salué par Bruxelles. Le commissaire européen à l'Emploi, Vladimir Spidla, ( un tchèque), avait plaidé en février pour une ouverture maximale :
- Il citait les 3 pays qui ne pratiquaient pas de restrictions, en montrant que leur chômage ne c’était pas aggravé.
-Il expliquait que les pays de "l’ ancien bloc" avaient des niveaux de vie relativement élevés, qu’ il était donc inutile de craindre une ruée folle des gens de ces pays là vers les pays de l ‘ ouest
-Il avait aussi rappelé que la libre circulation des personnes faisait partie des principes de base inscrits dans les traités européens, que tous doivent mettre en oeuvre.
La Confédération européenne des syndicats et les eurodéputés avaient également appelé à laisser les travailleurs de l'Est venir librement travailler à l'Ouest, soulignant que les restrictions ne faisaient qu'encourager le travail clandestin.
Il semblerait que l'Allemagne et l'Autriche, soient confrontés à un réel afflux de ressortissants de l'Est, d’ où leur décision.
La France, le Luxembourg et la Belgique ont décidé d’assouplir les secteurs où les besoins de main d'oeuvre sont forts.
La France donne ainsi accès à 61 métiers couvrant sept secteurs économiques qui connaissent des difficultés de recrutement.
Le ministère délégué à l'Emploi a publié vendredi la liste de ces métiers, répartis dans sept secteurs: bâtiment et travaux publics, hôtellerie- restauration-alimentation, agriculture, mécanique-travail des métaux et industries diverses, industries de process, commerce-vente et propreté.
Le ministère délégué à l'Emploi précise vendredi que les 61 métiers ouverts "représentaient près de 700.000 offres d'emploi en 2005 dont un tiers en moyenne ne pouvaient être pourvues faute de demande".
Selon une enquête de l'Unedic, l'hôtellerie-restauration souhaite embaucher quelque 100.000 personnes en 2006 et 72.600 agents d'entretien sont recherchés dans le secteur propreté. Quelque 75% des entreprises du BTP connaissent en outre des difficultés pour recruter.
Selon le ministère, "cette ouverture maîtrisée" du marché du travail "devrait contribuer à réduire le travail dissimulé dans ces métiers qui reste une pratique fréquente liée précisément pour partie à ces difficultés de recrutement".
Le ministère ajoute que "les flux d’entrée sur les métiers autorisés feront l’objet d’un suivi attentif".
Après 2 ans, les syndicats Français en espéraient plus. Ils indiquent que ces restrictions, cette « immigration choisie » en fait, favorise une Europe à deux vitesses : l’ ouest profite du marché à l’est mais refuse les travailleurs de l’est .
"On ouvre dans des secteurs où les rémunérations sont suffisamment faibles pour que les gens ne souhaitent pas y travailler. Le gouvernement tente d'utiliser l'immigration de l'Est pour favoriser le dumping social", Yves Veyrier (FO).
L'Italie a augmenté à 170.000 les quotas réservés aux travailleurs des nouveaux pays membres.
Les Pays-Bas,après avoir dans un premier temps indiqué que les restrictions allaient être levées, ont fait marche arrière. Ils ont finalement décidé de les maintenir au moins jusqu'à la fin 2006, date à laquelle le Parlement devrait réexaminer la question.
La position du Danemark restait encore à préciser. Selon la Commission, il aurait décidé de maintenir les barrières, même si le Parlement a adopté début avril un compromis supprimant les quotas et prévoyant une plus grande ouverture du marché du travail.
Nouvelle date butoir : 2009. Les pays qui voudraient maintenir des restrictions après cette date et jusqu'en 2011 --date à laquelle toutes les restrictions devront avoir disparu-- devront se justifier devant Bruxelles, ce qu'ils n'avaient pas à faire cette année.
Et le fameux....fameux.... plombier polonais biensûr !!!?.
C’est vrai que la Pologne, géante des nouveaux Etats membres avec ses 38 millions d'âmes, est le pays qui envoie le plus de travailleurs hors de ses frontières.
Son taux de chômage est aussi le plus élevé des 25.
Plus de 200.000 Polonais se sont inscrits pour travailler en Grande-Bretagne depuis 2004, 100.000 en Irlande, 8.000 en Suède...
Mais en fait, un nombre encore bien plus élevé, estimé à près d'un million, travaillerait illégalement dans des pays qui n’ avaient pas encore officiellement ouvert leur marché (mouvements migratoires, Centre de relations internationales à Varsovie.)
En fait, ce sont aussi les pays de départ qui doivent se méfier désormais semble t’ il de cette nouvelle vague de migration, car se sont les meilleurs éléments de la société qui partent se vendre ailleurs.
L'Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont déjà perdu des dizaines de milliers d'habitants, sur une maigre population totale de 7,2 millions de personnes.
La Pologne constate déjà une pénurie dangereuse d'anesthésistes. La ville de Wroclaw s'inquiète tellement de perdre tous ses travailleurs qualifiés, alors qu'elle vit un vrai boom des investissements, qu'elle envisage de lancer en septembre une campagne d'information en Grande-Bretagne. Histoire de dire aux Polonais de là-bas que des emplois attractifs les attendent au pays...
Chez les Baltes, les entreprises de construction sont particulièrement touchées et se sont mises à aller embaucher du côté de la Russie et du Bélarus.
Dans bon nombre d’ entreprises, il semble que l’on ne peut plus se permettre de licencier même les paresseux !! parce qu’ il n’ y a plus personne pour les remplacer.
source : AFP 1er mai 2006