caroslo Utilisateur
Nombre de messages : 378 Localisation : SLOVAQUIE-retour en France ! Date d'inscription : 07/04/2006
| Sujet: 5 juillet en Slovaquie fête de Cyrille et Méthode 04.07.06 20:45 | |
| Pour situer l' histoire : A la fin du VIIIe siècle, le bassin morave et la Slovaquie de l'Ouest, aux marches de l'Empire franc commencent à se développer. En 791 ou 795 les Slaves au Nord du Danube secouent le joug avare profitant de la guerre entre les Francs et les Avares ; s'ensuivent la centralisation du pouvoir et la création d'un état structuré réunissant les Slaves de cette région. Deux principautés émergent alors : celle de Moravie centrée sur la Moravie actuelle et l'Ouest extrême de la Slovaquie, gouvernée par le prince Mojmir I, dont le siège était probablement Mikulčice - et la principauté de Nitra (reste de la Slovaquie), gouvernée par le prince Pribina de Nitra et dont la capitale était Nitra. La Grande-Moravie est l'empire né de l'invasion par Mojmir I (833–846) de la principauté de Nitra. Il passe ensuite a Rastislav (846-870), Slavomir (871), Svatopluk (871-894) et Mojmir II (894-?)… Le royaume slave de La Grande-Moravie s'étendait donc sur les territoires de la Moravie et de la Slovaquie actuelles , de 833 jusqu'au début du 10ème siècle En 863 pour échapper à une politique d’expansion de Louis le Germanique, le roi Ratislav qui cherche l’ appui de Byzance et demande l’ évangélisation de son peuple dans sa langue. Ainsi menacé par l’ empire d’ occident, le roi Ratislav s’ allie avec l’ empereur byzantin, Michel III et lui demande des missionnaires sachant la langue slave : « notre pays est baptisé et nous n’ avons pas de maître pour nous prêcher, nous instruire et nous expliquer les livres saints. Nous ne comprenons ni la langue grecque ni le latin. Aussi ne comprenons nous pas le sens des livres sacrés et leur énergie. Envoyez nous des maîtres qui soient capables de nous expliquer la lettre des livres sacrés et leur esprit. Nous autres slaves nous sommes un peuple simple et nous n’ avons personne pour nous enseigner la vérité, désignez nous donc généreux monarque un homme capable de nous parler . »C’est ainsi qu’ on envoya Cyrille et Méthode.
Qui sont Cyrille et Méthode ?
La ville qui vit naître les deux frères est l'actuelle Salonique; elle constituait au IXe siècle un centre important de vie commerciale et politique dans l'Empire byzantin et jouait un rôle remarquable dans la vie intellectuelle et sociale de cette région des Balkans. Située aux confins des territoires slaves, elle avait certainement aussi un nom slave: Solun.
Méthode était l'aîné des deux frères et son nom de baptême était vraisemblablement Michel. Il naquit entre 815 et 820.
Plus jeune, Constantin, connu par la suite sous son nom religieux de Cyrille, vint au monde en 827 ou 828.
Leur père était un haut fonctionnaire de l'administration impériale. La situation de la famille dans la société ouvrait aux deux frères la possibilité d'une carrière semblable, que du reste Méthode entreprit, arrivant à la charge de préfet de l'une des provinces de la frontière, où vivaient de nombreux Slaves.
Toutefois, vers 840 déjà, il interrompit cette carrière pour se retirer dans un des monastères qui se trouvent au pied du Mont Olympe en Bithynie, connu alors sous le nom de Montagne sainte.
Son frère Cyrille fit de brillantes études à Byzance, où il reçut les ordres sacrés après avoir volontairement refusé une carrière politique prestigieuse. En raison de ses qualités exceptionnelles et de ses connaissances profanes et religieuses, il se vit confier, encore jeune, de délicates fonctions ecclésiastiques, comme celle de bibliothécaire des archives conservées auprès de la grande église Sainte-Sophie à Constantinople et, au même moment, la charge prestigieuse de secrétaire du patriarche de cette cité. Cependant il manifesta bientôt le désir de se soustraire à ces fonctions, pour se consacrer aux études et à la vie contemplative, sans chercher à satisfaire aucune ambition. C'est ainsi qu'il se réfugia secrètement dans un monastère au bord de la Mer Noire. Retrouvé au bout de six mois, il se laissa convaincre d'accepter l'enseignement des disciplines philosophiques à l'Ecole supérieure de Constantinople, méritant par l'excellence de son savoir le titre de Philosophe sous lequel il est encore connu à présent. Plus tard, il fut envoyé par l'empereur et le patriarche en mission auprès des Sarrasins.
Ayant mené cette mission à son terme, il se retira de la vie publique afin de rejoindre son frère aîné Méthode et de partager avec lui la vie monastique.
L'événement qui devait décider de toute la suite de leur vie fut cette requête adressée par le Prince Rastislav de Grande-Moravie à l'Empereur Michel III, pour obtenir l'envoi à ses peuples d'« un évêque et maître, ... qui fût en mesure de leur expliquer la vraie foi chrétienne dans leur langue »
Cyrille et Méthode acceptèrent sans hésiter et se mirent en route. Ils entreprirent parmi ces peuples de Grande Moravie la mission à laquelle ils consacrèrent, l'un et l'autre, tout le reste de leur vie, marquée par des voyages, des privations, des souffrances, une hostilité et des persécutions qui allèrent, pour Méthode, jusqu'à une cruelle captivité.
Ils apportaient les textes de la sainte Ecriture indispensables à la célébration de la sainte liturgie, préparés et traduits par eux en langue paléoslave, écrits avec un alphabet nouveau, l’ alphabet cyrillique, conçu par Constantin le Philosophe et parfaitement adapté à la phonétique de cette langue.
L'activité missionnaire des deux Frères connut un succès considérable, mais aussi les difficultés compréhensibles que la première christianisation, antérieurement accomplie par les Eglises latines limitrophes, suscitait pour les nouveaux missionnaires.
Méthode dût finir seul la mission parce que son frère cadet, gravement malade, eut à peine le temps de prononcer ses vœux religieux et de revêtir l'habit monastique, avant de mourir le 14 février 869 à Rome. L'activité apostolique de Méthode fut interrompue par suite de difficultés politico-religieuses qui aboutirent à sa captivité pendant deux ans(, on l'accusait d'avoir usurpé la juridiction épiscopale d'un autre ). Il consacra les dernières années de sa vie principalement à d'autres traductions de la sainte Ecriture, des livres liturgiques, des œuvres des Pères de l'Eglise et aussi du recueil des lois ecclésiastiques et civiles byzantines qu'on appelle le Nomocanon. Méthode mourut le 6 avril 885, au service de l'Eglise fondée dans les peuples slaves.
Par son action Méthode devint le guide et le pasteur légitime de l'Eglise qui, à cette époque, fut établie au milieu de ces nations slaves, et il est unanimement vénéré, de même que son frère Constantin.
On célèbre les deux frères en Slovaquie le 5 juillet, jour férié.
Apôtres des Slaves, les saints Cyrille et Méthode restent liés dans la mémoire de l'Eglise à la grande œuvre d'évangélisation qu'ils ont réalisée
L’ héritage des frères missionnaires :
Cyrille et Méthode trouvèrent naturel de prendre clairement position dans tous les conflits qui troublaient alors les sociétés slaves en cours d'organisation, assumant pleinement les difficultés et les problèmes inévitables pour des peuples qui défendaient leur identité face à la pression militaire et culturelle du nouvel Empire romain-germanique et qui tentaient de refuser les formes de vie qu'ils considéraient comme étrangères. C'était aussi le commencement de plus larges divergences, destinées à s'accentuer, entre la chrétienté orientale et la chrétienté occidentale, et les deux saints missionnaires s'y trouvèrent personnellement impliqués; mais ils surent maintenir toujours une orthodoxie incontestable et ils surent être attentifs à ce que les nouvelles manières de vivre, propres aux peuples qu'ils évangélisaient, demeurent cohérentes avec le dépôt de la tradition.
- une nouvelle écriture
Dans la perspective de l'évangélisation, les deux Frères se consacrèrent à la tâche difficile de traduire la sainte Ecriture, qu'ils connaissaient en grec, dans la langue de cette lignée slave qui s'était fixée aux confins de leur région et de leur ville natales. Engageant dans cette œuvre ardue et singulière leur maîtrise de la langue grecque et leur propre culture, ils se fixèrent comme objectif de comprendre et de pénétrer la langue, les usages et les traditions propres des peuples slaves, en interprétant fidèlement leurs aspirations et les valeurs humaines qu'ils possédaient et qu'ils exprimaient. Pour traduire l’ évangile dans une langue nouvelle, ils durent faire en sorte de bien connaître le monde intérieur de ceux auxquels ils avaient l'intention d'annoncer la Parole de Dieu avec des images et des concepts qui leur fussent familiers. Introduire correctement les notions de la Bible et les concepts de la théologie grecque dans un contexte très différent d'expérience historique et de pensée, cela leur parut une condition indispensable à la réussite de leur activité missionnaire. Il s'agissait d'une nouvelle méthode de catéchèse.
Antérieurement, Constantin et ses collaborateurs s'étaient appliqués à créer un alphabet nouveau, afin que les vérités à annoncer et à expliquer pussent être écrites dans la langue slave et fussent ainsi pleinement compréhensibles et assimilables par leurs destinataires.
Alphabet cyrillique
langues Slaves
- une culture slave
Les Frères de Salonique étaient les héritiers non seulement de la foi, mais aussi de la culture de la Grèce antique, continuée par Byzance. En incarnant l'Evangile dans la culture autochtone des peuples qu'ils évangélisaient, les saints Cyrille et Méthode eurent le mérite particulier de former et de développer cette même culture ou, plutôt, de nombreuses cultures. En effet, toutes les cultures des nations slaves doivent leur « origine » ou leur développement à l'œuvre des deux Frères de Salonique. Ce sont eux, de fait, qui, en créant, de manière originale et géniale, un alphabet pour la langue slave, apportèrent une contribution fondamentale à la culture et à la littérature de toutes les nations slaves. Par ailleurs, la traduction des Livres saints, réalisée par Cyrille et Méthode en collaboration avec leurs disciples, conféra une efficience et une dignité culturelle à la langue liturgique paléoslave qui devint pour de longs siècles non seulement la langue ecclésiastique, mais aussi la langue officielle et littéraire, et même la langue courante des milieux les plus cultivés dans la majeure partie des nations slaves et, en particulier, de tous les Slaves de rite oriental. Elle fut en usage aussi à l'église Sainte-Croix de Cracovie où s'étaient établis les Bénédictins slaves. C'est là que furent publiés les premiers livres liturgiques imprimés dans cette langue. Aujourd'hui encore, c'est la langue utilisée dans la liturgie byzantine des Eglises orientales slaves de rite constantinopolitain, catholiques ou orthodoxes, en Europe de l'est et du sud-est, et également en divers pays d'Europe occidentale; elle est aussi utilisée dans la liturgie romaine des catholiques de Croatie. Dans le développement historique des Slaves de rite oriental, cette langue eut un rôle semblable à celui de la langue latine en Occident.
De ces services rendus à la culture de tous les peuples et de toutes les nations slaves, il résulte que l'œuvre de l'évangélisation accomplie par les saints Cyrille et Méthode est, en un sens, constamment présente dans l'histoire et dans la vie de ces peuples et de ces nations.
-Cyrille et Méthode co-patrons de l’ Europe
L’ œuvre de Cyrille et Methode concerna à des degrés divers chacun des territoires du monde slave, se concentrant principalement sur les territoires compris dans l'Etat de la Grande-Moravie d'alors. En premier lieu, elle couvrit les régions de la métropole dont Méthode était le pasteur: la Moravie, la Slovaquie et la Pannonie, c'est-à-dire une partie de la Hongrie actuelle. L'influence plus large exercée par cette œuvre apostolique, spécialement par les missionnaires que Méthode avait préparés, atteignit les autres groupes de Slaves occidentaux, surtout ceux de Bohême. Plus tard, cette influence s'étendit aux tribus serbo-lusaciennes et aux territoires de la Pologne méridionaleChez les Slaves de la péninsule balkanique, le zèle des deux Saints porta des fruits encore plus visibles. Grâce à leur apostolat, le christianisme, implanté depuis longtemps en Croatie, y fut renforcé. La mission entreprise par Cyrille et Méthode s'affermit et se développa admirablement en Bulgarie ( cyrille et Méthode y sont fêtés le 24 mai ), essentiellement par l'œuvre des disciples expulsés de leur premier champ d'action. Dans cette région, sous l'influence de saint Clément d'Ocrida, des centres dynamiques de vie monastique furent fondés et l'usage de l'alphabet cyrillique y fut particulièrement développé. De là, cependant, le christianisme gagna d'autres territoires pour atteindre, à travers la Roumanie voisine, l'ancien Rus' de Kiev et s'étendre ensuite de Moscou vers l'Orient.
Leur œuvre constitue une contribution éminente à la formation des racines chrétiennes communes de l'EuropeCyrille et Méthode sont en ce sens comme les maillons d'une unité, ou comme un pont spirituel, entre la tradition orientale et la tradition occidentale.
La sollicitude fervente que montrèrent les deux Frères - et particulièrement Méthode, en raison de sa responsabilité épiscopale - pour garder l'unité de la foi et de l'amour entre les Eglises dont ils faisaient partie, c'est-à-dire l'Eglise de Constantinople et l'Eglise romaine d'une part, et les Eglises naissantes en terre slave d'autre part, fut et restera toujours leur grand mérite. Celui-ci apparaît encore plus grand, si l'on pense que leur mission se déroula dans les années 863 à 885, donc au cours des années critiques où se manifestèrent et commencèrent à s'approfondir le désaccord fatal et l'âpre controverse entre les Eglises d'Orient et d'Occident
Cyrille et Méthode apportèrent une contribution décisive à la construction de l'Europe, non seulement dans la communion religieuse chrétienne, mais aussi dans les domaines de son union politique et culturelle.
Considérant la vénération pleine de gratitude dont les deux Frères de Salonique (l'antique Thessalonique) sont l'objet depuis des siècles, particulièrement dans les nations slaves, et gardant en mémoire la contribution inestimable qu'ils ont apportée à l'annonce de l'Evangile dans ces peuples et, en même temps, à la cause de la réconciliation, de la convivialité amicale, du développement humain et du respect de la dignité intrinsèque de chaque nation, j'ai proclamé les saints Cyrille et Méthode co-patrons de l'Europe, par la Lettre apostolique Egregiae virtutis(1) du 31 décembre 1980 LETTRE ENCYCLIQUE SLAVORUM APOSTOLI DU SOUVERAIN PONTIFE JEAN-PAUL II
http://fr.wikipedia.org
http://benedictumxvi.va/holy_father/john_paul_ii/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_19850602_slavorum-apostoli_fr.html | |
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Elöd modérateur
Nombre de messages : 1444 Localisation : France Date d'inscription : 19/09/2005
| Sujet: Re: 5 juillet en Slovaquie fête de Cyrille et Méthode 28.10.06 6:54 | |
| - caroslo a écrit:
- Cyrille et Méthode apportèrent une contribution décisive à la construction de l'Europe
Merci, Caro, et félicitations! On connaît les noms de Cyrille et Méthode, mais leur histoire est loin d'être connue... Je ne parle qu'en mon nom, mais je t'assure que j'ai trouvé ton post très-très intéressant! Bien que pendant 8 ans à l'école et au lycée on a souvent maudit le nom de ce pauvre Cyrille! Merci encore, c'est un beau "boulot"! Elöd | |
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olahus modérateur
Nombre de messages : 2381 Localisation : Bucarest, Roumanie Date d'inscription : 21/09/2005
| Sujet: Re: 5 juillet en Slovaquie fête de Cyrille et Méthode 30.10.06 14:07 | |
| - Citation :
- Bien que pendant 8 ans à l'école et au lycée on a souvent maudit le nom de ce pauvre Cyrille!
bah, les roumains aussi detestaient l'apprentisage du Russe, et c'etait pas la faute de Cyrile . Les annes 50, c'etait l'occupation russe, l'epoque de Staline, leur langue etait la seule langue étrangére apprise ou la principale et tout ce qui etait le plus beau et le plus grand devrait etre sovietique. Il y avait meme une blague, en Roumanie: "-Quel est le plus grand elephant du monde? -L'elephant sovietique, bien sur!" bon, un peu hors-sujet, mais je ne pouvais pas m'empecher | |
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