les relations entre Slovaquie et Hongrie

Ces dernières semaines, les tensions nationalistes entre la Slovaquie et la Hongrie se font toujours plus vives...

Un fil sur les relations entre ces deux pays voisins, leur histoire commune, pour essayer de comprendre...


Pour commencer : eurotopics du jour consacre son dossier à ces tensions dernières.

Plusieurs Hongrois de Slovaquie ont été victimes d'agressions racistes au cours des derniers jours. Si le gouvernement hongrois s'alarme, son homologue slovaque minimise la gravité des incidents. Les intellectuels redoutent un envenimement du conflit entre les deux pays et réclament que des efforts de compréhension soient consentis des deux côtés.

Slovaquie - Sme
Le journal publie un appel collectif en faveur de la fin des tensions entre les deux pays signé par plusieurs intellectuels slovaques, dont le sociologue Martin Butora, l'éditeur Laszlo Szigeti et Martin M. Simecka, rédacteur en chef du quotidien 'Sme'. "La violence est contagieuse et se répand comme une infection. Il faut mettre un terme à cette spirale (...) dont les politiques sont grandement responsables. Mais la tolérance à l'égard des minorités n'est pas seulement l'affaire des autorités. Jusqu'à présent, les réactions du Premier ministre et du président slovaques sont insuffisantes (...). Le nationalisme (hongrois et slovaque) a été la cause de nombreuses souffrances en 200 ans. A la fin du siècle dernier, les habitants d'Europe centrale ont fait le choix de la liberté et de la démocratie. Il serait dommage pour la Slovaquie, pour la Hongrie, pour la cohésion du groupe de Visegrad et pour la société européenne dans son ensemble que ces efforts soient ruinés aujourd'hui". (31.08.2006)


Hongrie - Nepszabadsag
Une dizaine d'intellectuels hongrois ont publié un appel commun dans lequel ils font état de leur consternation et de leur inquiétude face aux récents actes de violence nationalistes commis à l'encontre de la minorité hongroise de Slovaquie. Ils demandent aux gouvernements des deux pays de tout entreprendre pour régler ce conflit à l'amiable. Ils renvoient également aux tentatives des intellectuels slovaques de mettre un terme à ces tensions. "Nous nous sommes rendu compte que notre histoire commune était encore très présente et s'accompagnait de problèmes. Nous savons que la seule façon de régler ce conflit est de travailler ensemble avec une détermination commune, avec le soutien des populations des deux pays, qui, en majorité, réclament le règlement de ces querelles". (30.08.2006)


Autriche - Der Standard
"L'inquiétante série d'incidents qui s'est déroulée en Slovaquie, les ripostes de la Hongrie, les actes de violence répétés à l'encontre de la minorité hongroise dans la province serbe de Voïvodine et l'inimitié exacerbée entre Hongrois et Roumains en Transylvanie témoignent d'un retour des vieilles querelles et des clichés nationalistes", commente le chroniqueur d'origine hongroise Paul Lendvai. "Près de deux millions et demi de Hongrois vivent dans les pays voisins de la Hongrie que sont la Roumanie, la Slovaquie, la Serbie et l'Ukraine. La plupart d'entre eux soutiennent le discours nationaliste du leader de l'opposition et ex-Premier ministre Viktor Orban, et de son parti, le Fidesz. Ces dernières années, les politiciens modérés de la minorité hongroise expatriée ont joué un rôle majeur dans le soutien des politiques réformistes de Slovaquie et de Roumanie. Les attaques d'une populace chauvine en Slovaquie révèlent pour la première fois que, malgré l'adhésion du pays à l'Union européenne, le nationalisme peut, dans un contexte déterminé, retrouver une vigueur politique avec une rapidité insoupçonnée et créer des foyers de crise au coeur de l'Europe". (31.08.2006)


République tchèque - Lidove noviny
Le vice-Premier ministre slovaque Dusan Caplovic propose de mettre un terme aux tensions qui opposent la Hongrie et la Slovaquie en rédigeant une déclaration commune, inspirée de l'exemple de la déclaration germano-tchèque de 1997. Cette déclaration devra aborder l'ensemble des points litigieux de l'histoire, explique Dusan Caplovic dans une interview menée par Lubos Palata. "Nous devons arrêter de nous provoquer par déclarations interposées. Réunissons les chefs de gouvernement des deux pays, les chefs de Parlement, les présidents, et parlons. Ce n'est qu'à la table des négociations que nous réglerons nos problèmes". Il s'oppose à l'idée de la création d'un Etat nation pur et dur. "Ce sont des idées de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. La société slovaque est multiculturelle, pluriethnique et polyglotte. Sans ces caractéristiques, le pays ne fonctionnerait pas. Si quelque chose doit fleurir dans ce pays, c'est dans le creuset des nationalités". (31.08.2006)

Paul Lendvai a écrit:

l'inimitié exacerbée entre Hongrois et Roumains en Transylvanie témoignent d'un retour des vieilles querelles et des clichés nationalistes

J'ai lu le livre de paul Lendvai _"Les hongrois, mille ans de victoires en defaite", et j'ai beaucoup apprecie son regard sincer sur le passe de son pays.
mais cette fois, en ce que concerne son regard sur le present de la transylvanie, j'oserait dire qu'il se trompe.

Il y a quelque semaine, j'ai fait une visite en Transylvanie, dans la ville de Sighisoara ( Szegesvar en Hongrois). Jadis les allemands etaient la minorite la plus importante, maintenant j'ai plutot attendu du hongrois sur les rues. Des gens qui parlaient sans mefiance leur langue maternelle sur le banc, dans leur temps libre. Ou au lieu de travail, a cote de leur collegues roumains. Ce qui ne les empechait pas de repondre en roumains au clients.
J'ai rencontre un vieux qui m'a dit "Tesek, poftim", ce que veut dire "S'il te plais, en Hongrois et Roumain. Et ceci, sans une seule trace d'"inimitié "

Sans doute il y a des nationalistes roumains et hongrois y a parfois des tensions, inherentes dans une region multiethnique comme celle-ci.
Pourtat, par comparaison avec 1990, quand il y a eu des violences dans la ruse, les choses se portent bien.
Voir par exemple les manifs de 15 mars pour l'autonomie de la region sicule a Odorheiu Secuiesc se sont deroules en paix*, sans violences interethniques (malgre les declaration de l'extremiste Vadim Tudor qui aurait voulu organiser une contremanifestation).

Mais generalement, les choses vont bien. Les gens simples qui ne sont ni politiciens ni intellos nationalistes y savent bien vivre en paix au-dela des difference de langue, religion, etc...

Pour voir une perspective hongroise oficielle et moderée sur le sujet des hongrois de Transylvanie:
http://www.htmh.hu/en/?menuid=0404
(en Anglais)



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*De plus, le president Roumain a rendu une visite dans la region quelques jours apres, parlant avec les partisans de l'autonomie (chose inimaginable dans les annes 90) - voir ici ou mon resumé la
Un seul truc qui m'a laisse un gout amer: des policiers ont confisque un journal local pour quelques heures . Le journal, de langue hongroise, avait publie des demandes conernant l'autonomie de la region.
Le commisaire de police a declare qu'il etait "juste curieux" de voir un article.
Les journaux ont ete rendus aux kiosques le meme jour, l'apres midi.
Voir plus ici (hoingrois) et le reponse d'Olivier au dessous du mien, ici.
Loin de la censure et les repressions de Ceausescu, mais quand meme pas o.k. (d'ailleurs, il y a eu des o.n.g a protester a cette occasion)

en ce qui concerne les attaques envers les ethniques hongrois en Slovaquie, je voudrais condamner ces gestes horribles.

Avec la presence des extremistes slovaques dans le gouvernement, ca cerait assez difficile de prevenir tels incidents

HONGRIE/SLOVAQUIE :
Pas d’amélioration dans les relations... - La Hongrie a pris l’initiative de mettre en place une commission intergouvernementale hungaro-slovaque afin de mener une enquête concernant les incidents récents contre la minorité hongroise en Slovaquie. Selon la ministre hongroise des Affaires étrangères, le point de départ des problèmes actuels est qu’un parti ouvertement nationaliste et chauvin fait partie du gouvernement slovaque. La conférence épiscopale de l’église catholique hongroise a de son côté, condamné tout incident incitant la haine entre les nations. Le document signé par Péter Erdő cardinal et président de la conférence salue le communiqué des deux évèques slovaques au contenu semblable. Enfin, une manifestation a eu lieu devant l’ambassade de Slovaquie à Budapest, organisé par le parti civique de la campagne hongroise pour protester contre les incidents hungarophobes qui ont eu lieu en Slovaquie récemment.
(www.lepetitjournal.com – Radio Budapest) Lundi 4 septembre 2006

olahus a écrit:

Mais generalement, les choses vont bien. Les gens simples qui ne sont ni politiciens ni intellos nationalistes y savent bien vivre en paix au-dela des difference de langue, religion, etc...

Ca me fait penser à ... la Belgique. Où les politiciens déchirent le pays à coup de déclarations choquantes, séparatistes, alors que les gens du Nord et du Sud sont capables de s'entendre.

Le 3 septembre 2006, les ministres des affaires étrangères des deux pays - Kinga Göncz et Jan Kubis – ont été réunis lors d'un débat télévisé. Ils ont reconnu que leurs gouvernements respectifs se devaient d'atténuer les tensions, ajoutant que les deux ministères des affaires étrangères prépareraient une déclaration commune contre l'extrêmisme et le nationalisme "sur les deux rives du Danube."

Ces tensions ont même touché le Parlement européen, où des députés européens du gouvernement hongrois et de l'opposition se sont affrontés lors de la session plénière du 4 septembre 2006.


Arpad Duka-Zolyomi, député européen slovaque et membre du parti de la minorité hongroise, s'en est pris au gouvernement, déclarant : "Le premier ministre ne s'est pas démarqué des actes violents à l'encontre des représentants des minorités ethniques." Selon M. Duka-Zolyomi, les attaques ont commencé lorsque "le parti SNS extrémiste est entré dans la coalition (au pouvoir)." Les institutions européennes doivent donc se préoccuper davantage de l'actualité dans les Etats membres et prendre position au sujet de ces anomalies.

La députée européenne Monika Benova, du parti des socio-démocrates slovaques (SMER-SD), a condamné les attaques à l'encontre des citoyens issus de minorités et a présenté ses excuses. Elle a par ailleurs souligné que le gouvernement de la République slovaque "enquêtait en profondeur sur tous les incidents qui ont eu lieu en République slovaque."

EurActiv.sk



Liens


Articles de Presse


International Herald Tribune Slovakia, Hungary to discuss joint response to extremism (4 sept. 2006)

Bloomberg Slovak Attacks on Ethnic Hungarians Challenge New Government (4 sept.2006)

Budapest Sun Slovak-Hungarian tensions mounting (31 août 2006)

Le Monde L’extrême droite slovaque provoque la minorité hongroise (4 sept. 2006)

Die Welt Fremdenfeindliche Attacken in der Slowakei nehmen zu (28 août 2006)

voir http://www.euractiv.com/fr/elargissement/extremistes-slovaques-origine-tensions-hongrie/article-157480 pour atteindre les liens !

L'étudiante à l'origine de la tension slovaco-hongroise maintient sa version

L'étudiante slovaque de souche hongroise accusée par les autorités de son pays d'avoir inventé une agression xénophobe qui a déclenché de fortes tensions diplomatiques avec Budapest a formellement maintenu mercredi sa version des faits.

"Je n'ai pas menti", a assuré Hedviga Malinova, qui apparaissait pour la première fois publiquement lors d'une conférence de presse à Dunajska Streda, dans l'ouest de la Slovaquie.

Les traits tirés, souvent au bord des larmes, la jeune femme de 23 ans a assuré avoir réellement été agressée le 25 août dernier dans une rue de Nitra, dans l'ouest du pays. Selon elle, deux hommes l'ont détroussée et ont écrit sur son T-shirt "Hongrois, allez de l'autre côté du Danube" parce qu'ils l'avaient entendue parler hongrois.

Largement diffusé par la presse hongroise, son récit a entraîné une guerre diplomatique entre Bratislava et Budapest, avec des prises de position du Premier ministre hongrois Ferenc Gyurcsany et de son homologue slovaque Robert Fico, qui est au centre de l'attention européenne depuis son alliance gouvernementale avec l'extrême droite et les nationalistes.

Mardi, le ministre slovaque de l'Intérieur Robert Kalinak a affirmé que l'enquête permettait de conclure que l'étudiante avait tout inventé.

Point par point, la jeune femme a repris mercredi les preuves avancées pour mettre en doute sa sincérité. Elle est revenue sur sa première déposition en affirmant avoir été victime de pressions psychologiques lors de l'enregistrement de sa plainte.

Présent à ses côtés, son avocat, Gabor Gal, député du parti de la Coalition hongroise (SMK), a assuré que sa cliente souffrait d'un traumatisme psychique et de problèmes de mémoire.

Il a nié qu'elle ait inventé l'agression pour échapper à un examen universitaire. "Elle se préparait depuis deux mois. Elle est bonne étudiante, bénéficie d'une bourse de mérite et n'a jamais échoué", a-t-il souligné.

Mardi, le premier ministre Fico a accusée Hedviga Malinova d'avoir "sacrifié la bonne renommée de la Slovaquie juste pour sauver sa propre peau" parce qu'elle n'était "pas été capable de passer un examen".

Mercredi, le ministre slovaque de l'Intérieur a répété que l'incident était une affabulation, en regrettant que "certains l'utilisent à des fins politiques".

Des deux côtés du Danube, les Hongrois ont fait de l'incident de Nitra un emblème des tensions chauvines qui ont suivi l'arrivée au gouvernement slovaque du Parti national slovaque (SNS), une formation d'extrême droite hostile aux minorités.

Mercredi, Viktor Polgar, porte-parole du ministère hongrois des Affaires étrangères, a souligné à Budapest que les tensions ne se résumaient pas au seul incident de Nitra, en rappelant qu'il y avait eu "plusieurs manifestations anti-hongroises" ces dernières semaines en Slovaquie. Côté hongrois, dans le même temps, les ultra-nationalistes ont aussi multiplié les actions anti-slovaques.

Les tensions inter-communautaires sont inhérentes à l'histoire des deux pays: indépendante depuis 1993, la Slovaquie a été pendant des siècles rattachée au royaume de Hongrie et comprend une minorité hongroise d'environ 500.000 personnes, soit 10% de sa population.

le présent topic devait surtout concerner l' histoire commune des 2 pays...
m'enfin...( en fait j' avais rédiger quelquechose dans ce sens un soir, directement sur le forum, et au moment d' envoyer......poubelle !!!! grrrrrrr !!!!! ça m' arrive souvent en plus ! ... )

bref : juste ceci, DU 11 10 2006 slovakradio.sk

Le premier ministre hongrois Ferenc Gyurcsany a annulé sa rencontre bilatérale prévue avec son homologue slovaque, Robert Fico. Après le sommet du groupe de Visegrad - V4, au cours duquel les premiers ministres de la Slovaquie, de la Hongrie, de la République tchèque et de la Pologne se sont félicités de la période la plus fructueuse de la coopération entre ces pays, Ferenc Gyurcsany a déclaré en conférence de presse, et à la surprise générale, qu’il ne souhaitait pas s’entretenir avec son homologue slovaque. Il a expliqué sa décision par la participation des extrémistes, nationalistes et populistes dans le gouvernement Fico. Selon le premier ministre hongrois, pour que les présidents socialistes des gouvernement slovaque et hongrois puissent s’entretenir, il leur faut plus de travail et plus de temps. Pour le politologue slovaque Miroslav Kusy, c’est une démarche malheureuse de la part du premier ministre hongrois, parce que les politiciens ont l’obligation de se rencontrer, surtout quand ils ont des positions différentes


on dirait que donc, ça ne s' arrange pas vraiment...

La frontière entre la Slovaquie et la Hongrie du coté de Balassagyarmat

http://www.terkepcentrum.hu/index.asp?go=map&mid=12&tid=13657

Si on regarde le tracé de cette frontière (en orange avec un trait alterné noir) on voit que ladite frontière oscille autour d'un cours d'eau (l'Ipoly). Ce n'est ni une erreur du cartographe, ni pour préserver des intérêts slovaques du coté Hongrois de l'Ipoly et vice-versa. Non, c'est une résurgence du traité de Trianon (paraît-il, j'ai pas vérifié).

Dans ces territoires Slovaques isolés en terre Hongroise ou dans ces territoires Hongrois en terre Slovaque, il n'y a que des friches, pas un bâtiment, pas une route, seuls quelques grillages rouillés et percés de toute part nous indiquent que la frontière est là.

On verra que les relations entre les deux pays seront repassées au beau fixe le jour où ils s'échangeront ces petits bouts de territoires pour corriger cette absurdité de l'histoire.

Manu a écrit:

c'est une résurgence du traité de Trianon (paraît-il, j'ai pas vérifié).

Je crois qu'il faudrait chercher ces hostilités encore plus loin dans l'Histoire...

N'était-il pas la devise des Habsbourg, qui occupaient pendant des longs siècles ces territoires:

Diviser pour règner !???

Il n'y a pas de nouveau sous le soleil... L'histoire se répète... C'est une spirale... Et il y a encore mille autres phrases toutes prêtes pour expliquer ceci ou celà
Et on peut toujours aller plus loin, dans ce cas précis, en passant par les Tatars et les Ottomans jusqu'aux Huns et les Romains!

Mais ça passe plus au moins comme-ça pour les autres pays, comme la Pologne, le Finnland, et tant d'autres aussi !

Elöd

Punaise, j'y crois pas !

La carte dont j'ai mis le lien deux posts au dessus à propos de la frontière Hongrie/Slovaquie est caduque depuis un peu plus d'un an :

De part et d'autre de l'Ipoly, ils construisent dans les terres "étrangères" (des routes pour l'instant). En gros, les gouvernements n'ont rien dit, mais les divers "îlots" de Hongrie en Slovaquie et de Slovaquie en Hongrie ont été annexés de fait.

Pour une fois qu'une annexion est une bonne nouvelle !