AUTOMOBILE. PSA inaugure jeudi sa nouvelle usine en Slovaquie. En 2008, le pays deviendra le premier producteur mondial.
Maurin Picard, Vienne
Mercredi 18 octobre 2006
Il n'existe nulle part ailleurs au monde une telle concentration d'industries automobiles. C'est en Slovaquie, au cœur du continent européen, aux confins de l'Autriche et de la Hongrie, que les plus grandes marques mondiales de voitures et leurs sous-traitants ont choisi de s'implanter depuis quelques années. La présence de Volkswagen (VOW.XE), PSA, Toyota, Audi, Suzuki, Kia Hyundai, et leurs vastes ambitions, dans un triangle Vienne-Prague-Budapest a valu à cette partie de «Mitteleuropa» d'être rebaptisée «la nouvelle Detroit», une allusion au berceau de l'automobile en Amérique du Nord.
«Eldorado» industriel
Ainsi, au moment où les ventes se tassent en Europe de l'Ouest, les plus grands noms du secteur ont décidé d'assembler leurs usines aux portes du marché jugé le plus prometteur, l'Europe centrale et orientale.
C'est le cas de PSA Peugeot-Citroën, qui ferme son usine de Ryton en Grande-Bretagne, interrompt sa croissance en France mais inaugurera demain son unité de production à Trnava, en Slovaquie. D'ici à 2010, 300000Peugeot 207 devraient sortir chaque année des chaînes de montage de Trnava, pour un investissement initial de 730 millions d'euros. En décembre 2005, le groupe français a décidé d'ajouter 357 millions de plus, soit près de 1,1 milliard d'euros au total, pour une nouvelle unité de production à Trnava, d'où sortiront 150000 autres véhicules d'ici à trois ans.
C'est un véritable «eldorado» industriel qui se profile pour la petite Slovaquie et sa capitale, Bratislava. Là même où Volkswagen, le premier, décida de s'implanter en 1991. En 2008, ce pays de 5,4 millions d'habitants devrait exporter 1,1 million de voitures. Un record qui fera de la Slovaquie le plus gros pays producteur de voitures par habitant au monde.
Salaires 85% plus bas qu'en Allemagne
Ce succès est dû à l'emplacement idéal du pays, entre Est et Ouest, mais aussi à la présence d'une main-d'œuvre ultra-qualifiée et bon marché. Volkswagen paie à ses ouvriers slovaques des salaires 85% inférieurs à ceux de ses employés allemands. Bratislava, en outre, a instauré la «flat tax», un taux d'imposition unique à 19% pour les revenus et les entreprises, ce qui favorise les investissements étrangers.
Mais la grande nouveauté, depuis trois ans, est l'arrivée massive des constructeurs asiatiques, qui ont «le vent en poupe au niveau mondial et affichent leur impatience à produire au plus proche des circuits de distribution», comme l'explique Yong-Hwan Kim, directeur des affaires internationales chez Kia Hyundai. La firme sud-coréenne a annoncé en 2005 une double implantation en Europe centrale: Zilina en Slovaquie pour Kia, et Novosice en République tchèque pour Hyundai, moyennant un investissement total de 2 milliards d'euros et près de 4000 emplois. Des implantations qui devraient permettre d'épargner des coûts croissants de transport et des tarifs douaniers prohibitifs. Pourquoi se priver? A l'heure actuelle, un ouvrier slovaque coûte encore cinq fois moins cher que son homologue sud-coréen.