Le 29 octobre, un groupe d’environ 30 Roms, parmi lesquels des enfants, du lotissement de Decja vas, près du village d’Ambrus, dans la commune de Vancna Gorica, ont été évacués vers le centre de réfugiés de Postojna, une ancienne caserne, pour les protéger de la colère des autres villageois.
Cette décision a été prise apparemment à la suite d’un incident survenu une semaine plus tôt, au cours duquel un homme a été attaqué par les habitants du camp. Il a dû être hospitalisé et recevoir des soins d’urgence.
À la suite de cette attaque, le 23 octobre, les villageois se sont réunis et ont appelé à des actes violents contre les Roms. La police présente à la réunion, qui fut retransmise à la TV, n’est pas intervenue à ce moment.
À la suite de cette réunion, toute la communauté rom a quitté ses maisons et a fui dans les bois environnants. Elle a passé plusieurs nuits dans les bois, de crainte de représailles de la part des villageois qui les ont menacés d’actes violents, jusqu’à des menaces de mort.
Le 28 octobre, les Roms ont essayé de retourner chez eux sous la protection de la police. Mais environ 200 personnes se sont opposées au retour des Roms et, sous la menace de violence, ont exigé des autorités que la communauté rom sont relogée dans un endroit plus convenable « pour des raisons de sécurité et de défense de l’environnement ». Plusieurs de ces villageois ont déclaré : « les Roms ne reviendront jamais ici ». À cause des menaces et des dangers évidents de cette foule en colère, la police slovène a bloqué les accès au camp des Roms et des renforts de police ont été envoyés.
Le soir du 28 octobre, on arriva à un accord entre toutes les parties, selon lequel les Roms seraient temporairement installés dans le centre de réfugiés de Postojna. Dans ce centre, il y a l’eau courante et des sanitaires, mais pas d’eau chaude ni de chauffage. Mr Jurij Zaletel, responsable du secteur pour l’intégration des réfugiés et étrangers, a alors décidé que les Roms pourraient aller dans un centre de détention pour les étrangers, tout proche et actuellement fermé, deux à trois fois par semaine pour prendre une douche.
Le médiateur slovène pour les droits de la personne, Matjaz Hansek, a déclaré que le respect de la loi était dangereusement mis à mal « si une foule en colère qui profèrent des menaces de mort peut décider de l’endroit où chacun doit vivre ». Il a aussi mis en garde sur le fait que cela puisse servir de signal pour la répétition de tels actes à l’avenir.
ERRC et Amnesty International reconnaissent dans leur lettre que la police a protégé la communauté rom de ceux qui les menaçaient, que le relogement temporaire dans le centre de Postojna pouvait être une mesure légitime pour assurer leur sécurité, mais ces organisations sont préoccupées par le fait que la présence permanente de la communauté à Posjtona n’est plus souhaitable et n’est pas une réponse appropriée à la menace initiale. Les organisations observent aussi que ces limites imposées au droit à la vie privée et à un logement décent ne peuvent être que temporaires. Les actes de violence doivent faire l’objet d’une enquête approfondie.
De plus, il apparaît que la police n’a commencé à prendre vraiment au sérieux la gravité des menaces que le 28 octobre, soit plusieurs jours après le début des événements.
Dans la lettre envoyée au Premier ministre, les signataires expriment leur inquiétude devant la lenteur des autorités à prendre des mesures pour condamner et mener une enquête sur ces attaques à caractère raciste et faire comparaître les coupables devant la justice
Les signataires se disent préoccupés de projets pour reloger d’une manière permanente ces Roms dans d’autres lieux. Le Comité des Nations unies pour les droits sociaux, économiques et culturels stipule à l’article 11 de sa convention que les déplacements forcés sont incompatibles avec le respect de ces droits et que chacun doit avoir un minimum de sécurité quel que soit le mode de propriété de son lieu de résidence. Toute proposition de relogement doit se faire en consultation avec ceux qui vont être déplacés, ils doivent être avertis à l’avance, la procédure doit être en stricte conformité avec les lois internationales des droits de la personne. Aucune forme de discrimination, en particulier la discrimination raciale ne peut être tolérée quand il s’agit de déplacer des personnes de chez elles par la force.
Dans le cas présent, il apparaît qu’un grand nombre de ces droits fondamentaux de la protection de la personne ont été bafoués. La communauté est en grand danger d’être déplacée de force, ce qui est une violation flagrante des droits de la personne. Les solutions proposées n’ont pas été élaborées selon une véritable consultation avec la communauté et celle-ci n’a pas eut de possibilité de s’opposer à ces solutions devant un tribunal adéquat. De plus, en cédant devant l’attitude intolérante de la majorité, les autorités courent le risque de renforcer la discrimination raciale.
En conclusion, les signataires demandent instamment au Premier ministre Janez Jansa de prendre des mesures pour que les droits de cette communauté touchée par ces attaques soient respectés, qu’elle soit protégée comme l’exige le droit international.
European Rights Roma Center http://www.errc.org/
Traduit par Jacqueline Dérens
COURRIER DES BALKANS