Europe Sociale : un mythe ?

"L'homme, âgé de 34 ans et originaire d'un pays des Balkans non précisé, roulait depuis 18 heures sans pause au volant d'un camion immatriculé en Italie lorsqu'il a été arrêté sur une autoroute du canton du Tessin (sud de la Suisse).

Les policiers ont alors découvert qu'il avait parcouru plus d'un millier de kilomètres en 18 heures sans aucune pause. Le chauffeur s'est alors retranché dans sa cabine et a avalé les disques de son enregistreur de vitesse.

Il a été pris de douleurs à l'estomac et une ambulance a dû intervenir mais l'incident n'a pas de conséquences graves pour sa santé, a précisé la police du canton du Tessin. Son geste ne lui a cependant pas évité une sanction."


Lu ce matin sur le site Orange.fr qui appelle à deux réflexions de ma part :

1) Il y a, dans les communiqués de presse, les gens d'origine maghrébine, africaine, asiatique... et maintenant les originaires d'un pays des Balkans !
Il peut pas être, je sais pas moi, slovène ou croate, ou roumain ou Albanais ??? A-t-on jamais vu chez nous, un homme se faire arrêter et la presse dire "Un homme originaire d'un pays d'Europe de l'Ouest, et peut-être, allez savoir... breton... ou charentais... ou landais ??? Bon ça c'est pour l'anecdote, mais cela me défrise à chaque fois !

2) Un homme qui conduit 18 heures sans lâcher le volant et qui vient d'un pays où la législation du travail n'a rien à voir avec la nôtre ! Et là, nous ne sommes pas dans l'anecdote ! Payés moins chers, moins bien protégés, davantage exploités mais compétitifs, n'est-ce pas ???

C'est cela l'Europe de demain ? Le salaire de la peur ? Sur ce coup là, la chance était du côté de cet homme : il a tenu le coup ! S'il s'était endormi au volant, combien de victimes aurait-il pu faire, en dehors de lui ? Quand va-t-on se poser la question de l'Europe Sociale comme un devoir pour les politiques de la mettre en place afin d'imposer au moins un minimum les Droits de l'Homme ... dont on nous rebat les oreilles à tout bout de nez de dictateur ? La logique financière n'est-elle pas une forme beaucoup plus silencieuse et insidieuse de dictature, qui ne dit pas son nom ???

Je suis fatiguée tout à coup... Je n'ai pas conduit 18 heures, mais cela fera bientôt 55 ans que je vois ce monde là "évoluer" ! La dernière crise financière n'est-elle pas un intolérable "dépassement de vitesse autorisée"... qui n'a pas été sanctionné, alors que ce chauffeur lui n'échappera pas à la sanction !

Igen faradt vagyok ...

Malheureusement, le traité de Lisbonne entérine le fait que le droit social est du ressort des états (en dehors des conséquences des traités antérieurs déjà signés).

Nous ne pourrons donc pas avoir d'avancée sociale européenne que quand nous aurons changé de façon de piloter l'Union Européenne (jolie périphrase pour ne pas parler de constitution). Ce qui a pour conséquence de permettre le dumping social qui ruine les pays riches de l'Europe sans enrichir les moins riches.
Personne n'y gagne à part le monde financier.

Manu a écrit:

Malheureusement, le traité de Lisbonne entérine le fait que le droit social est du ressort des états

Je comprends cela, même si je ne suis pas d'accord, bien sûr.
Mais... sur un territoire autre que le sien, un travailleur d'un autre pays peut-il se comporter selon les lois de son propre pays?
Je ne sais pas si je me suis bien exprimée... Mais "je me comprends", comme disait l'autre...

Előd

Je me suis marrée hier, et j'ai pensé a vous tous...

Je regardais les infos et le journal de france 2. France 2 faisait un reportage hier soir sur le travail au noir en France, et les clandestins qui paient des impots mais qui restent sans papiers... enfin bref un gros mic mac...

Ils prenaient en exemple une couturiere d'origine chinoise, qui se fait payer 1euros 50 la piece qu'elle fait. Elle fait de la couture pour des grandes marques et chaines de pret a porter (et notament agrandissement des tailles, ou réductions...). Les journalistes allaient voir le gérant du magasin de la chaine qui semblait outré que ses vetements viennent d'une chaine de travail clandestin. "je ne comprends pas, nous payons une entreprise pour vérifier de la légalité de nos sous-traitants..."

Et la j'ai ri ! D'abord parce qu'on a l'air de croire qu'il y a que en Hongrie ou en Roumanie ou en Chine que l'on se fait exploiter. et en plus parce que le gars a un prix qui défie toute concurrence ne s'est pas dit que si le chemiser qu'il vend 40 euros il paie la couture 6 euros, il ne se dit pas qu'il y a un probleme ???

enfin, la boite qu'ils ont engagé pour vérifier que les sous-traitants qui reprennent les pieces, sont légales... soit il bleuffe, soit la boite est tres mauvaise !!!

on parle du probleme de l'immigration... Du fait que la France et l'europe n'ont pas les moyens de financer du social... Ils en ont surtout pas envie. Pourquoi on voit régulierement les chiffres des autres pays (la Grece, le Portugal, la Hongrie..) mais que l'on voit jamais le chiffre d'affaire que représente le marché noir en france ? Ce n'est pas le nombre d'immigrés qui défini le marché de travail au noir... C'est le fait que les pouvoir publics refusent d'agir en ce sens. Légaliser les sans papier, c'est supprimer de la main d'oeuvre pas cher en france pour faire marcher un commerce qui meme si on ne dit rien, doit quand meme etre suffisament lucratif et pas que pour les PME...

En fait tout est une histoire d1hypocrisie...

Erika, si le chauffeur de camion avait eu un accident, et tué des gens... On aurait hurlé au scandale, a cause des pays des balkans qui font travailler les gens a bas prix... On aurait jamais remis en cause le fait qu'il n'y aie pas de lois sociales... C'est ce que je trouve de plus triste. Non pas le fait qu'il y ait des inégalités, mais que le francais moyen n'en soit pas vraiment choqué.

Edifiant en effet...

Que peut-on dire après ça ? Et oui, tu as mille fois en ce qui concerne le fait que les gens en France ne soient pas choqués...

Ce qui m'effraie le plus en discutant avec les personnes que je peux rencontrer ici ou là... c'est que non seulement cela ne les choque pas, mais ils penseraient presque que c'est "normal"... que les pauvres doivent rester pauvres et que s'ils avaient "envie" de devenir riches, ils pourraient bien faire quelques efforts non ?

La misère est partout ! Elle éclate au visage des pays du tiers-monde, on la cache chez-nous... c'est tout !

La pauvreté est à l'origine de bien des maux de notre société... les pauvres sont plus nombreux que les riches et pourtant le système perdure... il y a bien un problème quelquepart ! Bien des gens que je connais regardent souvent en dessous d'eux, parlent d'assistanat alors que l'on devrait parler "d'assistance", ce qui n'est pas la même chose ! Mais les mêmes ne regardent jamais au dessus... peut-être rêvent-ils en secret faire partie, un jour, du petit lot de ceux qui ont le pouvoir et les moyens du pouvoir !

Dans une réunion à Clermont Ferrand, je me suis retrouvée parmi des gens faisant partie du peuple du bas... qui tenaient ce discours insupportable sur l'assistanat supposé à une population fragilisée, vulnérabilisée et précaire bien souvent... Le RSA à des gens qui ne "travaillent pas" disaient-ils c'est une honte... on devrait les faire bosser en contre partie de cet argent qu'on leur "donne" ! Qu'y a-t-il au fond de ce discours ? Le sentiment qu'il faudrait donner de la dignité aux gens titulaires de ces minimas sociaux ? Pas sûr... Je n'ai pas eu le temps d'approfondir avec eux !
Mais j'ai fait le rapprochement immédiatement avec quelque chose de bien plus terre à terre : le matin même nous étions venus de fort loin, sur une route enneigée et glissante. Dans l'autre sens, nous avons vu 2 accidents impliquant des véhicules qui avaient glissés... A chaque fois, il y avait police et pompiers, évidemment... Parle-t-on pour ces automobilistes accidentés d'assistance ou .... d'assistanat ? Si personne ne s'était arrêté et enquis de la santé de ces personnes, n'aurions-nous pas été coupables de "non-assisttance à personne en danger" ?
Les minimas sociaux ne sont-ils pas là pour faire comme ces pompiers et ces secours ?
En France, nous sommes les champions de la productivité qui augmente de 1.5 % par an régulièrement selon l'OCDE ! Le quota d'heures supplémentaires à explosé encore en 2009. Ces heures représentent l'équivalent de 402 000 emplois à temps complet ! Elles coûtent 3 milliards d'euros en exonérations de charges patronales ! (Canard Enchaîné du 10 mars 2010)