Insurrection de Budapest (23 octobre 1956 - 4 novembre 1956) 1° des repères: 20 août 1949
La République populaire de Hongrie est proclamée
Monté en puissance, le Parti communiste proclame la République populaire de Hongrie. Au lendemain de l'armistice signée avec l'URSS, une réforme agraire fut mise en place en 1945 par un gouvernement provisoire, donnant aux petits propriétaires les territoires féodaux. En novembre 1945, des élections eurent lieu et portèrent justement le parti agrarien au sommet du pays. Une fois la République proclamée, Zoltan Tildy fut élu président. La Hongrie restait toutefois sous l’influence soviétique, qui soutenait les communistes, rassemblés sous Mátyás Rákosi. Dès 1947, le parti au pouvoir fut victime de conspiration, ce qui mena à la victoire, aux élections d’août, d’une coalition de gauche, à la tête de laquelle se trouvait le Parti communiste. Rákosi mènera alors une politique de coopération avec l’URSS, de nationalisation et de répression vis-à-vis des opposants, comme en témoignera l’arrestation du cardinal Mindszenty et du ministre László Rajk.
15 octobre 1949
Rajk est exécuté
Accusé d’être un titiste, László Rajk est exécuté après avoir subi diverses tortures. Arrêté par le stalinien Rákosi, secrétaire général du Parti communiste de Hongrie, Rajk avait été porté au poste de ministre des affaires étrangères, en 1948. Son exécution sera le témoignage de la volonté de Rákosi de supprimer toutes éventuelles oppositions à son pouvoir. Mais dans un contexte où la Hongrie tentera de se libérer, Rajk sera réhabilité, en mars 1956.
5 mars 1953
Mort de Staline
A 21h50, Joseph Vissarionovich Djougachvili meurt dans sa datcha des environs de Moscou, victime d'une hémorragie cérébrale. Il a 73 ans. Appelé Staline, "l'homme d'acier" en russe, il a dirigé la Russie durant plus de 20 ans. A sa mort, toutes les organisations communistes du monde orchestrent des manifestations de deuil conformes au culte de la personnalité que Staline avait instauré. La communauté internationale rend hommage au vainqueur de Stalingrad qui a libéré la Russie du nazisme durant la Seconde Guerre mondiale. Son "règne", symbolisé par des collectivisations massives et une période de répression sans précédent, aura des conséquences désastreuses sur la Russie et l'ensemble de ses dominions communistes.
2° chronologie rapide des événementsJuin 1953
Désaveu par le Kremlin du secrétaire général du Parti communiste et chef du gouvernement, Mátyás Rákosi. Dans le cadre du processus de "déstalinisation", la politique d'industrialisation de ce dernier est jugée excessive par Moscou.
4 juillet 1953
Investiture du nouveau chef du gouvernement Imre Nagy. Communiste modéré, ce dernier lance un programme économique moins strict, mais qui va trop loin dans la libéralisation (arrêt de la collectivisation de l’agriculture, libération des détenus politiques). Son gouvernement n'y survit pas.
Avril 1955
Imre Nagy est destitué et les partisans de la ligne dure, Mátyás Rákosi en tête, reviennent au pouvoir.
Février 1956
Le discours de Khroutchev, qui dénonce les crimes de Staline, lors du XXè Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS), déclenche une véritable onde de choc dans les pays du bloc soviétique. Les partisans de Nagy se sentent encouragés dans leur opposition.
Des intellectuels, des étudiants, des artistes, de jeunes communistes, de nombreux « révisionnistes » bannis du cercle du pouvoir par Staline, réunis dans le Cercle politique Petöfi, se regroupent autour de Imre Nagy. Le mouvement dépasse les cercles de l’intelligentsia et gagne en force. Les travailleurs se joignent aux étudiants. Les événements qui se déroulent en Pologne - grèves ouvrières de Poznań (juin 1956), réhabilitation de Wladislaw Gomulka - auront eu une incidence sur le mouvement de contestation. Le mécontentement populaire s’amplifie.
Juillet 1956
Mátyás Rákosi est contraint par les soviétiques à donner sa démission. Ernö Gerö, autre stalinien – un partisan de la ligne dure – lui succède.
L’opinion publique exige une déstalinisation réelle, le retour de « l’« homme providentiel », Imre Nagy, au poste de Premier ministre et le retrait de l’Armée rouge de Hongrie.
23 octobre 1956
La foule s’entasse devant le Parlement après avoir manifesté massivement.
Les coups de feu partis de l’édifice de la Radio déclenche irrémédiablement l’insurrection armée. Dans la nuit, les dirigeants du Parti rappellent Imre Nagy à la tête du gouvernement et demandent aux forces Soviétiques de rétablir l’ordre. Les insurgés s’attaquent aux chars soviétiques qui tentent en vain d’investir par la force les rues de la capitale.
28 octobre 1956
Sous la conduite d’Imre Nagy se met en place un gouvernement de coalition, qui demande le retrait des troupes soviétiques. Moscou répond favorablement à cette requête.
30 octobre 1956
Le nouveau gouvernement légal de Nagy va dans le sens de l’indépendance de la Hongrie - neutralité de la Hongrie et son retrait du Pacte de Varsovie. La Révolution semble alors avoir vaincu. Les anciens partis politiques réapparaissent et de nouveaux partis sont crées. Budapest vibre de ferveur démocratique et d’effervescence politique. Mais pour l’URSS, la situation est intolérable.
4 novembre 1956
Les forces soviétiques répriment le soulèvement avec une grande cruauté. Les combats durent jusqu'au 11 novembre et certaines poches de résistance tiennent encore quelques semaines de plus. Les puissances occidentales ne réagiront pas. Les Français et les Anglais sont alors empêtrés dans le conflit de Suez. Le soutien ne viendra pas non plus, ni de la Pologne, ni de Tito. La révolution anti-totalitaire se termine dans un bain de sang et de répression.
Juillet 1958
Transféré en Roumanie par les soviétiques, Nagy est sommairement jugé pour trahison et pendu.
29 janvier 1958
Imre Nagy est exécuté
Le chef du gouvernement de coalition hongrois est exécuté à Budapest. Lorsque les troupes soviétiques firent leur entrée dans la capitale, il put se réfugier à l’ambassade de Yougoslavie. Le sauf-conduit qu’il obtint le 22 novembre ne lui permit pas d’échapper à son arrestation. Déporté en Roumanie, il dut attendre son procès durant plus d’un an. L’annonce officielle de son exécution sera faite le 17 juin.
Le régime de Kadar ne s'atténuera qu'après plusieurs années. La démocratie ne sera restaurée, en Hongrie, qu'en 1989.
Source "Arte" Sur cette page des reflexions interessantes d'une historienne du CNRS sur "les tabous de l'histoire de la Hongrie" Pour écouter l'interview, il faut
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Une vidéo sur l'insurrection
ICI en anglais